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EAN : 9782909535081
122 pages
L' Anabase (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
Théophile Gautier (1811-1872) fit la connaissance de Balzac vers 1835 et resta proche de lui jusqu'à ce que la mort vienne interrompre leur amitié. Les souvenirs que contient le Portrait nous présentent un Balzac intime et nous aident à mieux comprendre l'auteur de la Comédie humaine dans son activité d'écrivain.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Portrait de Balzac a été publié en 1858, après une vingtaine d'années de fréquentation entre les deux hommes. C'est un portrait chaleureux et vivant de l'homme et du créateur exceptionnel qui fut Balzac, un véritable forçat de travail. C'est aussi un portrait plein de douceur et d'admiration, tellement loin du portrait qu'en a fait Arthur de Gobineau, un autre contemporain De Balzac où l'on sent un mépris mâtiné de jalousie.
De l'enfance De Balzac on saura sa scolarité médiocre tout en découvrant son immense avidité pour la lecture et le savoir en général, a tel point qu'il a été touché par une sorte de « surchauffe cérébrale » qui nécessitera le repos dans le giron familial. A cette époque Balzac était considéré comme plutôt stupide car paraissant hébété. En fait, il était surdoué car capable de lire 7 ou 8 lignes d'un coup en appréciant le sens et en ayant une mémoire prodigieuse pour les lieux, les noms, les mots, les choses, les figures.

Ce don, qu'il va conserver et approfondir, explique la teneur de son oeuvre. Il saura donner la vie à une terre, à une maison, à un héritage, à un capital, à des héros et héroïnes dont les aventures se dévorent avec avidité. Mais il a introduit dans le roman des éléments nouveaux, et ceci ne plut pas à tout le monde : ses analyses psychologiques, la peinture détaillée des caractères, les descriptions d'une minutie maniaque, étaient regardées comme des longueurs fâcheuses, et le plus souvent on les sautait pour revenir à la fable. Bien plus tard on reconnut que le but de l'auteur n'était pas de tisser des intrigues plus ou moins bien ourdies, mais de peindre la société dans son ensemble du sommet à la base, avec son personnel et son mobilier, et l'on admira enfin l'immense variété de ses types (plus de 2000 personnages parfaitement campés dans la Comédie humaine !). Dès 1836 (année de la rencontre avec Gautier), Balzac avait déjà un plan pour sa Comédie et avait conscience de son génie.

Balzac était un bourreau de travail et menait une vie quasi monacale dans des logements pas toujours confortables mais qu'il décorait avec un goût certain pour le luxe ostentatoire. Il ne soignait pas du tout son aspect extérieur sauf pour parader dans les salons pendant sa période dandy. En général, il aimait travailler affublé d'un froc de franciscain avec une cordelette à la ceinture. Il se couchait vers 18 heures pour se lever vers minuit et écrire toute la nuit éclairé par un flambeau à 7 bougies en abusant du café. L'activité cérébrale était telle, qu'il dégageait de la vapeur au dessus de la tête et de son corps émanait un brouillard visible. Il raturait sans cesse ses feuilles. Parfois il passait la nuit à travailler une seule phrase qui était prise, reprise, tordue, pétrie, martelée, allongée, raccourcie, écrite de cent façons différentes et la forme parfaite ne se présentait qu'après l'épuisement des formes approximatives (bon exemple d'hypomanie) le matin le retrouvait brisé mais vainqueur.

Le matin il fallait courir à l'imprimerie porter les feuilles de la nuit, et c'était un tel grimoire d'apparence cabalistique que les typographes se le passaient de main en main, ne voulant pas faire chacun plus d'une heure De Balzac !

Malgré cette façon laborieuse de travailler, Balzac produisait énormément grâce à une volonté surhumaine servie par un tempérament d'athlète et une réclusion de moine. Pendant 2 à 3 mois de suite, lorsqu'il avait une oeuvre en train, il travaillait 16 à 18 heures par jour ne s'accordant que 6 heures d'un sommeil qui était lourd, fiévreux, convulsif.

Mais il ressortait toujours de ses cendres, tel le Sphynx, en arborant un chef-d'oeuvre au dessus de sa tête, riant de son rire tonitruant, s'applaudissant avec naïveté et s'accordant des éloges sans se soucier le moins du monde des articles et des réclames à l'endroit de ses livres. Jamais il ne courtisa les journalistes. Il livrait sa copie, touchait l'argent et s'enfuyait pour le distribuer aux créanciers.

Toute sa vie Balzac eut des idées fantasques et romanesques. Jamais réalistes. Son imagination enfiévrée lui faisait toucher la fortune avant même la réalisation du projet. Déçu d'une chimère, Balzac inventait illico une autre et repartait pour un voyage avec une naïveté d'enfant qui s'alliait à la sagacité la plus profonde et à l'esprit le plus retors.

Théophile Gautier insiste pour dire que personne en son temps ne comprit la modernité absolue du génie De Balzac car jusqu'à lui, personne n'a été moins classique, mais il a vu ses contemporains et les a peints avec ses mots en saisissant l'aspect, en comprenant les courants et y démêlant les individualités, dessinant les physionomies de tant d'êtres divers, montrant les motifs de leurs actions. A Honoré de Balzac, plaisait plus le caractère que le style et il préférait la physionomie à la beauté : dans ses portraits de femme, il ne manque jamais de mettre un signe, un pli, une ride, une plaque rose, un coin attendri et fatigué, une veine trop apparente, quelque détail indiquant les meurtrissures de la vie, trait qu'un poète eût à coup sûr supprimé.

Magnifique récit de la vie d'un homme qui a tout donné à la construction d'une oeuvre monumentale, une véritable cathédrale comportant des personnages si vivants qu'ils font partie de l'imaginaire de nous tous.

Théophile Gautier nous livre un portrait physique très vivant du Balzac qu'il rencontra en 1835; et ce qui le frappa avant tout, ce furent les yeux et le regard De Balzac.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le physique, les yeux et le regard de Balzac par Théophile Gautier en 1835: son col d’athlète ou de taureau, rond comme un tronçon de colonne, sans muscles apparents et d’une blancheur satinée qui contrastait avec le ton plus coloré de la face. Il présentait les signes d’une santé violente peu en harmonie avec les pâleurs et les verdeurs romantiques à la mode. Son pur sang tourangeau fouettait ses joues pleines d’une pourpre vivace et colorait chaudement ses bonnes lèvres épaisses et sinueuses, faciles au rire; de légères moustaches et une mouche en accentuaient les contours sans les cacher; le nez carré du bout, partagé en deux lobes, coupé de narines bien ouvertes; le front était beau, vaste, noble, sensiblement plus blanc que le masque, sans autre pli qu’un sillon perpendiculaire à la racine du nez; les protubérances de la mémoire des lieux formaient une saillie très prononcée au-dessus des arcades sourcilières; les cheveux abondants, longs, durs et noirs, se rebroussaient en arrière comme une crinière léonine. Quant aux yeux, il n’en exista jamais de pareils. Ils avaient une vie, une lumière, un magnétisme inconcevables. Malgré les veilles de chaque nuit, la sclérotique en était pure, limpide, bleuâtre, comme celle d’un enfant ou d’une vierge, et enchâssait deux diamants noirs qu’éclairaient par instants de riches reflets d’or: c’étaient des yeux à faire baisser la prunelle aux aigles, à lire à travers les murs et les poitrines, à foudroyer une bête fauve furieuse, des yeux de souverain, de voyant, de dompteur (d’illuminé par la grâce?…)
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Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
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