Barne Mustii est un petit employé de bureau humain ordinaire, malmené par son supérieur gobelin. Mais bon, qui ne l'est pas de nos jours ? Il faut bien accepter les choses pour gagner de quoi vivre non ? Un jour cependant, c'est une pique de trop qui poussera Barne à prendre contact avec un syndicat pour envisager une plainte pour harcèlement. Terrible erreur, puisqu'en plus d'être un repaire de gauchistes, la cellule syndicale se servira de son cas pour tenter de mettre la main sur une arme légendaire capable de renverser le pouvoir en place.
L'histoire se passe donc dans un univers d'urban fantasy, copieusement arrosé par des références politiques modernes (et plutôt françaises). Toutefois, si les nombreux clins d'oeil sont facilement identifiables, le monde possède sa propre cohérence, et on a droit à des explications historiques qui expliquent les trajectoires des peuples orques, humains, nains, elfes… qui expliquent la situation actuelle. Pas la peine de lire Libération tous les matins pour comprendre l'intrigue.
Car on l'aura également compris : il vaut mieux ne pas être totalement allergique aux thèses progressistes de gauche avant de commencer la lecture. On parlera de syndicats, de non-binarité, de lutte de classes, de fascisme, et des effets dévastateurs du capitalisme sur l'environnement et les libertés individuelles.
L'intrigue semble fortement s'inspirer des jeux de rôle : déjà par l'équipe se met en place, avec un magicien capable de lancer des sorts puissants, une fée spécialisée dans le soin, un humain multi-tâche, … On oscille ensuite entre « quêtes intermédiaires » où les personnages sont beaucoup dans l'action, entrecoupées d'intermèdes où ils développent plutôt leurs relations sociales. Simple, mais efficace.
La quatrième de couverture m'avait intrigué, et le livre correspond exactement à mes espoirs. L'auteur a réussi à éviter l'écueil de la caricature trop outrancière (tant qu'on n'est pas bien ancré à droite en tout cas, sinon j'imagine qu'on lèvera les yeux au ciel plus d'une fois devant les passages qui parlent de grand soir et d'asservissement au grand patronat) et des clins d'oeil trop appuyés : on ne peut ne rien connaître à l'actualité politique française et passer un bon moment avec ce livre. J'aurais apprécié que l'auteur aille encore un cran plus loin et propose un monde sans aucune référence contemporaine directe, un peu à la
Pratchett et son Disque-monde… mais quand on a dit ça, c'est mettre la barre vraiment très haut !