J'ai généralement du mal à aimer les combats à leur juste valeur dans les livres de fantasy. Je suis du genre à préférer les longues promenades dans les décors inventés par les auteurs, les discussions au coin du feu, avec un choppe de bière en main.
Autant dire que
David Gemmell fait office d'exception, et ce livre plus que tout autre que j'ai pu lire de lui ; l'on commence certes avec la découverte des premiers personnages et leur cheminement pour arriver à Dros Delnoch : la forteresse qui ne doit pas tomber, dernier bastion de l'empire drenaï, qui tomberait inéluctablement avec elle, mais une bonne partie du livre se concentre tout de même sur les jours de bataille, où les guerriers en sous nombre flagrant devront tenir les sept murs de la forteresse le plus longtemps possible.
La première moitié est très agréable à lire, les personnages deviennent très vite attachants, et on connait leurs raisons de se trouver sur les murs de la forteresse pour ceux qui y sont déjà, ou leurs raisons de s'y rendre le plus vite possible, en espérant arriver avant le début de la bataille, pour ceux encore en chemin.
Car oui, l'une des forces de
David Gemmell c'est aussi la pluralité de points de vue. Si on ne peut pas connaître la vie de chaque soldat sur le champ de bataille, nous avons tout de même un grand éventail d'histoires, d'hommes (et de femmes, même si bien moins présentes) ayant chacun de nombreuses lignes, et dont les destins se rejoignent tous au même endroit. Les envahisseurs de la forteresse aussi ont le droit à plusieurs figures, même si bien moins nombreuses et développées ; on en arrive tout de même à les apprécier, malgré la tourmente dans laquelle ils plongent nos protagonistes.
Les combats sont impressionnants de clarté, et les nuits de repos, avec les introspections des personnages, leurs discussions entre eux, la manière dont ils essayent de penser au lendemain afin de gratter le moindre avantage sur leurs adversaires imbattables est prenante, et chaque coup minime à l'armée adverse est satisfaisant.
Malgré tout les défenseurs affrontent une vraie vague d'envahisseurs, et la défaite n'est qu'une question de temps, surtout que les faibles atouts que les héros drenaïs avaient dans leurs manche s'amenuisent très vite.
Et il s'agit pour moi du point noir du livre, la conclusion finale qui doit s'écrire sur les cinquante dernières pages. Là où toutes les petites victoires des premiers jours, voire des premières semaines étaient gérées à la perfection, où l'on connaissait bien à l'avance ce qui pourrait ralentir les envahisseurs nadirs (la présence enivrante de Druss et ses talents de combattant, l'arrivée des trente et de Rek le nouveau comte, la présence des bandits recrutés par Druss sur le chemin...), les derniers évènements, bien que pas réellement sortis de nulle part, déçoivent par leur arrivée bien trop opportune alors que tout semblait vraiment perdu.
Le premier point noir étant pour moi que, si les hommes de la montagne nous avaient étés présenté par l'intermédiaire de Rek et de sa magnanimité, rien ne laissait présager que leur chef déciderait d'emmener une majorité de ses guerriers en état de se battre défendre une forteresse qu'ils avaient toujours souhaité avoir entre leurs mains. L'on peut arguer que les Sathulis, lesdits hommes des montagnes ne résisteraient pas bien longtemps si la forteresse Drenaïs tombait, il n'empêche qu'il y a pour moi un trop grande vide entre leur première apparition et et leur arrivée à la forteresse, rien ne nous est raconté de ce qu'ils font entre temps. Alors qu'aucun destin d'un autre personnage n'est jamais délaissé aussi longtemps, celui d'un peuple, d'une armée toute entière est délaissé pendant toute la durée de la bataille.
Le second est que l'on sait que les trente sont une force importante de la défense, de la citadelle, autant par leur aptitudes au combat, que par leurs aptitudes magiques, ils n'avaient pas besoin d'un nouveau pouvoir qu'ils utilisent au dernier moment . Ces dernières n'avaient pas de grande démonstration de force, mais on les avait vu repousser les attaques du chaman adverse afin de protéger la cité, même si c'est Rek qui l'avait définitivement mis hors d'état de nuire, ils voyaient l'avenir, et possédaient certains secrets, comme l'armure qu'ils ont offert au nouveau compte. Je ne pense pas que les faire revenir d'entre les morts, avec Druss d'autant plus, était une bonne idée, pour deux points.
Premièrement le chaman des nadirs, Nosta Khan, semble un petit peu bien trop faible après une telle démonstration de puissance de la part des trente, cela démonte un petit peu l'esprit du roman qui était de montrer que les Nadirs n'étaient pas les méchants de l'histoire.
De plus, après tant de discussions des défenseurs sur la mort, et sur leur volonté de se battre ou non, le livre se finit avec trop d'interactions entre les défunts et les vivants, la mort semble encore moins terrible, et toute l'histoire que l'on vient de lire perd un petit peu trop d'importance.
Le livre étant tout de même extrêmement plaisant à lire, même si les dernières pages déçoivent quelque peu, et détonnent trop avec les 400 premières