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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ralentir... Apprendre à "regarder" au lieu de ne choisir que de "voir", apprendre à "écouter" au lieu de ne préférer qu'"entendre", apprendre à côtoyer le monde vivant, à vibrer en harmonie avec les vies au lieu de n'être que spectateur obligé de l'existence.
C'est en partie l'invite de ce texte ou plutôt son message en filigrane, la plume qu'il reste dans la main après l'envol de ces quelques pages.


"Un jour", c'est une rencontre, la communion de ces quelques heures partagées, la naissance d'une amitié entre deux hommes : l'un, Maurice Genevoix, tout en attention, qui écoute et retranscrit les mots de cette journée et ainsi nous les donne à lire, l'autre un homme intimidant au demeurant, qui cache une belle âme, de celles que la nature exalte, de celles qui savent la valeur des petites choses, de celles qui qui se trouvent récipiendaires de toutes les vies humaines, animales et végétales qui les entourent. Maurice Genevoix, habité éternellement des foudroiements de la Grande Guerre ne peut que souscrire aux mots de l'homme qui l'a sollicité pour cheminer à ses côtés, au long de cette journée.

Et c'est une suite de réflexions sages sur la vie, une intime conscience de la richesse des petites choses qui sont si habituelles qu'on choisirait plutôt de s'en détourner, un remerciement toujours murmuré dans le silence pour le cadeau d'une rencontre avec le cerf qui se pose au détour d'un bosquet, pour la traversée de la pinède qui embaume et montre ses promesses d'avenir, pour la permission d'admirer l'étang, poissonneux, généreux, miroir des présences qui l'entourent quand l'ombre monte, reflet du firmament scintillant dont il amplifie et enrichit la vision, élevant l'âme et l'esprit de celui qui s'attarde sur ses bords, pour la beauté et l'extrême diversité de la palette des couleurs des corolles et des plumages qui s'offrent aux yeux, aux croisements des sentes.

C'est aussi le constat des années qui s'écoulent, des choix, des drames et des bonheurs. Fernand D'Aubel, l'homme qui parle, n'est ni infaillible, ni parfait, et heureusement ainsi, il ne nous est que plus proche, un personnage dont on mendie un avis, un regard, une clef pour entrer au plus près du coeur de la nature.

Et quand surgira au détour du sentier la brusquerie d'une vision et l'évidence incontournable que les mentalités se modifient, que les enjeux de la société se tournent vers de nouveaux dieux, même si Fernand D'Aubel essaye de convaincre que tout va trop vite, trop loin et dans la mauvaise direction, le baume de la futaie traversée une dernière fois dans la pénombre, s'avérera la plus forte consolation qu'il puisse espérer.


"Un jour", passé à suivre, à s'enrichir, à ouvrir les yeux et laisser s'exprimer la sensibilité, un livre qui tient lieu de pas aux côtés des deux hommes, qui nous laisse la ferveur et le trésor de ces pages à relire souvent, ne serait-ce que pour apprendre à reconnaître la beauté du monde sauvage et la nécessité de le respecter, tout en méditant sur la force de vie qu'il peut nous insuffler et la vénération qui lui est due.
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Maurice Genevoix affiche quatre-vingt-six ans quand il publie « Un jour », un roman sans intrigue vraiment, où l'on voit vivre Fernand d'Aubel, « le double » de l'auteur… Mais là n'est pas le propos : il s'agit plus d'une ode à la vie, à la nature et à la simplicité d'être, à l'évidence de l'être pourrait-on dire...

Et puis Maurice Genevoix n'a pas son pareil pour décrire son Val de Loire adoré tel un envol de migrateurs au petit matin sur un plan d'eau brumeux… Cliché pourrait-on dire ? Oui, sous ma misérable prose…
Un ouvrage que d'aucuns ont qualifié de testamentaire… Sans doute vu l'âge de son auteur quand le texte est édité ; d'autant qu'on sent poindre comme une acceptation de la mort quand la vie fut aussi longue.
On est bien loin des romans sur la grande guerre ou l'auteur s'indignait de la mort, de la mort à vingt ans : « Je me rappelais les lentes larmes coulant sur le visage d'un mourant et son regard faisant passer en moi, dans tout mon être, la peine de mourir à vingt ans ».

Un ouvrage poétique et serein…à la gloire de la nature et à l'évidence de l'être. Un texte comme celui de quelqu'un qui attend serein l'inéluctable.
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C'est lors d'une promenade que Maurice va arriver dans la propriété des Vieux-Gués et y faire une rencontre marquante avec d'Aubel. Quelques années plus tard, lorsqu'ils se retrouvent, d'Aubel va proposer à Maurice de passer toute une journée ensemble. Maurice va accepter.

Voilà un très beau roman qui constitue une véritable parenthèse littéraire. le tout reste très contemplatif, mais l'écriture de Maurice Genevoix est somptueuse et d'une grande élégance.

Je ressors conquise par les descriptions magnifiques de la nature et j'ai apprécié de suivre la journée de Maurice passée aux côtés de d'Aubel. Peu à peu, une relation de confiance va s'instaurer et d'Aubel va se dévoiler par petites touches à son interlocuteur.

C'est très touchant de suivre tout cela. J'ai retrouvé beaucoup d'émotions dans ce petit récit que j'ai trouvé sobre mais très authentique.

Je ressors conquise par la plume de l'auteur. le lecteur se retrouve en immersion dans cette nature que Maurice a su sublimer avec des descriptions et des mots tout en simplicité.

Un roman qui constitue une véritable parenthèse littéraire. Les descriptions de la nature sont très belles.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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La fréquentation de la nature, irrésistible et spontanée, sans objet autre qu'elle-même, ni sportif ni touristique, son besoin irrépressible et intime sont aujourd'hui largement méconnus de l'immense majorité d'entre nous, même de ceux qui l'aiment. La vie moderne, nos occupations toujours reliées à la collectivité humaine et au bâti, à l'urbanisé, nous empêchent de le savoir. Maurice Genevoix, parce qu'il était cet homme, parce qu'il avait cohabité avec la mort, avec la guerre, avec la chasse et les naissances qui étaient autrefois côtoyées par tous, connaissait la nature et les animaux. Il ne nous est plus donné de le vivre comme ces gens-là, de cette trempe-là. La plupart d'entre nous sommes devenus autre chose, des citadins reliés en même temps qu'isolés, de petites tribus familiales et amicales, professionnelles, culturelles éveillées à la beauté et à l'urgence de s'en rapprocher et de la respecter, mais notre campagne, nos côtes, nos montagnes sont les somptueux jardins d'un domaine supervisé, contenu, entre les mains de gestionnaires avisés qui n'en sont plus des familiers, qui ne "savent" plus. Cet auteur, ce livre, savent.
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Un des derniers textes de Maurice Genevoix, gigantesque auteur qui a célébré la natures, ses essences et ses bêtes, sans oublier l'homme qu'il a toujours placé au coeur de celle-ci. Ici, il partage avec un autre vieil homme leurs réflexions sur la vie, avec poésie et toujours cette grande place réservée pour la forêt, la Loire, l'humain, l'amitié et l'attente sereine de l'au-delà. C'est un livre lent à savourer doucement pour bien s'imprégner de tout l'enseignement extraordinaire de Maurice Genevoix.
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"Un jour" aura été ma porte d'entrée vers le merveilleux univers de Maurice Genevoix.
Est-ce la raison pour la quelle je lui trouve une intensité narrative encore plus puissante que dans le reste de son oeuvre ?
Je ne sais.
Livre merveilleux.! Merci..
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On ne peut pas parler d'auteurs du Loiret sans évoquer Maurice Genevoix. Habitant Châteauneuf-sur-Loire depuis trente ans, je me suis tout naturellement intéressée à cette grande figure de la littérature française et j'ai été associée à différentes productions culturelles autour de ce grand écrivain, académicien, entré au Panthéon le 11 novembre 2020 avec Ceux de 14 dont il a témoigné de l'engagement dans son recueil éponyme.

Mais j'estime n'avoir ni l'autorité ni la compétence pour parler de lui. Aussi, je donne la parole à Jacques Tassin qui a écrit de nombreux livres sur Genevoix et que je considère comme un spécialiste : « Genevoix, c'est l'élégance de style et la précision du verbe mises au service d'une ferveur de la vie. Une ferveur naturelle chez l'enfant qui grandit sur les bords d'une Loire sauvage et belle ; une ferveur renforcée au centuple par l'expérience de la guerre. Genevoix, c'est donc l'amour de la Vie magnifié par l'art. »

Un jour, un des derniers romans écrit par Maurice Genevoix alors âgé de 85 ans et qu'il présentait lui-même comme un ouvrage testamentaire, est paru en 1976 aux éditions le Seuil et vient d'être réédité aux éditions Plon.
L'intrigue de ce livre est très simple : c'est la rencontre entre deux hommes, l'auteur et un vieil homme, Fernand d'Aubel qu'on peut considérer comme son double car les deux hommes ont de nombreux points communs, que ce soit dans leurs caractères que dans leur rapport au vivant. Elle est le prétexte à un éloge de la nature, de l'authenticité, de la simplicité. Dans ce livre, tout est vrai et simple, les personnes dans leur pragmatisme naturel, loin de ces « gaillards intelligents dont la façon d'être intelligents nous ferait remercier le ciel de n'être qu'un simple d'esprit », la nature et les animaux qui l'habitent. On y fait des rencontres, elles aussi toutes simples, comme « deux papillons accouplés, deux bombyx. Chacun d'eux, les ailes étalées à plat, eût épousé les lignes d'un demi-cercle idéal. Ainsi unis, par les seules pointes de leurs abdomens mais les franges de leurs ailes se touchant bord à bord, leur couple apparaissait comme un joyau étrange, parfaitement rond, enrichi d'ocelles symétriques, couleur d'opale sur un fond brun lavé de vert… Quel joaillier eût imaginé composition plus admirablement vivante ? »

Ce livre est un hymne à la vie et à la nature où chacun a sa place et doit rester à sa place. Quand on l'ouvre, la plume de Maurice Genevoix nous entraîne et nous invite à observer, à entendre, à sentir, à mobiliser tous nos sens pour nous émerveiller devant l'harmonie de la nature qui nous entoure et qu'il faut préserver. Émerveillement, telle est la posture de l'auteur dans ce livre ; émerveillement mais aussi respect. Pas de revendications écologiques dans ce livre, mais une poésie sensible, un regard bienveillant et attentif. Et en le refermant, on se sent apaisé et heureux. On peut ensuite le reprendre n'importe où et s'imprégner de ces mots que seul un grand écrivain comme Maurice Genevoix a pu assembler pour en faire une véritable oeuvre d'art.

Page 19, il écrit : « le même silence. Un gland qui tombait d'un chêne, rebondissant de branche en branche, éveillait des échos sans fin. le trottinement d'une musaraigne, le sibilement imperceptible d'une cane dans la jonchère, tous ces chuchotis de la nuit rendaient encore plus saisissante l'absence de tout bruit humain… Les arbres mêmes me dépaysaient, relevaient d'essences inconnues. Hautains et sombres, ils dressaient maintenant côte à côte des troncs monumentaux, striés de longues cannelures qui déconcertaient le toucher… il y avait, au ras du sol, une sorte de forêt avortée, des vingtaines de pousses ligneuses, des cônes trapus, au sommet arrondi comme des moignons refermés. Rien n'eût pu affirmer davantage le sentiment de réalité autre qui m'avait progressivement envoûté. »

Un livre très beau, très fort qu'il faut absolument lire et relire, et dont on ne se lasse pas.
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