Un nouveau roman d'Elisabeth Georges mettant en scène son duo fétiche d'enquêteurs, l'aristocratique inspecteur Lynley et la rugueuse Barbara Havers, équipiers que tout oppose mais qu'une complémentarité amicale réunit pour traquer le crime, cela ne se refuse pas.
Depuis le premier opus de la série "
Enquête dans le brouillard" qui m'avait appris qu'un bon (très bon) roman policier se devait d'explorer la psychologie des personnages sans oublier de définir le contexte sociologique dans lequel ils évoluent, mon intérêt n'a jamais faibli.
Bien qu'américaine, Elisabeth Georges se révèle une très fine observatrice de la société britannique contemporaine à laquelle elle accorde toujours une place de premier plan dans ses intrigues, et au fil des années elle a témoigné des profonds changements qui ont affecté nos voisins d'outre-manche tout en nous permettant de développer une familiarité affective avec ses héros récurrents dont nous avons connu les drames intimes.
Ce dernier volume me parait quand même nettement moins bon que certains titres précédents et j'ai peu apprécié la psychologie "à coup de serpe" de certains personnages, notamment celui d'Isabel Ardery qui est présentée comme une "patronne" particulièrement obtuse ...Barbara ne se livre que bien peu et on aurait aimé quelques développements sur le traumatisme affectif qu'elle a connu précédemment. L'inspecteur Lynley quant à lui, il ne fait que passer... tant le roman reste centré sur la personne de Caroline Goldacre, suspectée du meurtre de son amie et employeur, l'écrivain féministe Clare Abbot.
Il est bien vrai que Caroline "crève l'écran"dans tous les sens du terme. Mère trop aimante dévastée par le suicide de son plus jeune fils, mère abusive aussi qui investit totalement le couple de son fils ainé, épouse trop exigeante qui finit par décourager le plus patient des maris...
Fascinante Caroline qui laisse sur le bord du chemin tous les autres et offre un splendide personnage de femme qui restera dans les annales.
Bien entendu, le roman se lit d'une traite et la pirouette finale, même si elle n'apparait pas totalement surprenante, clôt magistralement le récit.
C'est vrai que la profondeur littéraire à laquelle l'auteur nous avait habitués n'était pas vraiment au rendez-vous mais il n'en demeure pas moins qu'on a bien du mal à lâcher le livre une fois qu'on l'a entamé et après tout, n'est-ce pas ce que l'on demande à un polar ? de nous extraire totalement de la vie quotidienne pendant le temps de la lecture et de susciter notre curiosité insatiable ?