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sur 106 notes
J'aime l'écriture de Sylvie Germain mais la fin étrange de ce roman m'interpelle.
Métamorphose, anamorphose, paramorphose, téramorphose, hagiomorphose, patamorphose sont des termes cités dans Hors champ.
J'ai suivi Aurélien pendant une semaine, le dimanche il se réveille dans son canapé, un peu hagard, les voisins du haut ont fait la fête toute la nuit, une pendaison de crémaillère. le lundi il se rend au travail, il se fait bousculer dans la rue comme si les gens ne le voyaient pas, état qui ira en s'aggravant toute la semaine jusqu'à ce qu'il devienne invisible le samedi, dernier jour de l'histoire que conte Sylvie Germain.
Un roman qui pose beaucoup de questions sur la présence, les sentiments et le vécu.

Challenge Petits plaisirs - 196 pages
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Aurélien approche de la cinquantaine.
Bel homme, il a un bon métier, un amour dans sa vie.
Ce dimanche là, rien ne tourne rond, rien ne lui semble comme d'habitude.
Le lendemain, en allant au travail, les gens le bousculent comme s'ils ne le voyaient pas.
Et jusqu'au samedi suivant, ça va empirer.
Ses collègues semblent ne pas le voir, sa fiancée l'ignore comme s'il n'était pas là, un ami lui dit qu'il a l'air flou.
Chez sa mère il réalise que son personnage disparaît sur les photos de famille.
Il est carrément hors-champ.
Tout cela jusqu'au samedi où il disparaît complètement, évanouit dans la nature.

Quel livre étrange !
On se demande s'il s'agit d'un conte fantastique, d'une métaphore, ou d'autre chose encore.
Personnellement je l'ai pris pour une métaphore.
Mais plusieurs possibilités sont offertes.
Est-ce que, quand les autres ne nous voient plus on disparaît complètement ?
On peut penser à ce que devient un être qui n'est plus aimé.
Être regardé, entendu, senti c'est exister
On peut penser à un SDF que plus personne ne voit, comme s'il n'existait plus.
Exclu de la communauté, il disparaît petit à petit.
On peut penser aux personnages d'un roman, qui disparaissent une fois le livre fermé.
Bref, je pense que chaque lecteur mettra son ressenti sur la disparition progressive d'Aurélien.
Sylvie Germain ne nous donne pas les clés pour bien comprendre.
Mais comme à son ordinaire, elle nous enchante avec son écriture intelligente et poétique.
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Quel roman déstabilisant ! le genre de récit étrange qui transporte le lecteur dans un univers fantastique et angoissant, un livre qui trouble dès le premier chapitre, mais auquel on s'accroche désespérément, même si l'on en devine l'issue funeste.

En l'espace d'une semaine, une toute petite semaine, Aurélien, un homme séduisant, proche de la cinquantaine, sans histoire, employé d'une entreprise commerciale et menant somme toute une vie banale, va s'effacer aux yeux des autres. Dans la rue, d'abord, les passants le bousculent, comme s'ils ne l'avaient pas vu, l'autobus ne s'arrête pas à son signe, ses collègues ne l'attendent pas pour déjeuner et lui trouvent un visage flou, Clotilde, sa compagne semble l'oublier et même sa mère a du mal à le reconnaitre et à se souvenir de son existence.

Cauchemar ou réalité ? Dépression ou névrose ? Inadéquation à la société ? Mise à l'écart comme ces SDF anonymes auprès desquels les gens passent sans même les remarquer.
Du dimanche au samedi suivant, dans une atmosphère kafkaïenne, on assiste à l'effacement total d'Aurélien. Non seulement il devient progressivement transparent, perd sa voix, son ombre, ses affaires disparaissent, son téléphone ne sonne plus, aucun message ne lui parvient, les photos de lui s'effacent dans les cadres chez sa mère… Il n'existe plus ; il disparait même de la mémoire de ses proches.

Qu'est-ce qui nous fait vivre et avancer quotidiennement ? Existons-nous par le regard des autres ? Quelles traces laissons-nous de notre passage sur terre ?
Autant d'interrogations que nous propose l'autrice dans ce roman dérangeant. D'une d'écriture fluide et recherchée, mais non dénuée d'humour et de dérision, elle tient le lecteur en haleine jusqu'au bout l'entraînant dans l'effacement total de son personnage et en l'invitant à s'interroger sur le sens de la vie.

Jusqu'ici je ne connaissais pas Sylvie Germain, quelle bonne idée de la part du Challenge Solidaire d'en avoir proposé la lecture cette année. Hors champ est un roman troublant, atypique mais très prenant, qui m'a vraiment interpellée.

#Challenge Solidaire 2023
#Challenge ABC 2023/2024
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Troublant ce livre de Sylvie Germain vers lequel je suis venu grâce au challenge solidaire. Un être ordinaire, vous, moi, que rien ne prédisposait à devenir ou plutôt à ne plus devenir. Un roman kafkaïen, absurde, l'auteure ne fournit pas d'explication, le propos n'est pas là, elle instille tout du long les changements qui arrive à son personnage. Petit à petit, son nouvel état apparaît et donc disparaît.
Sylvie Germain fait un parallèle entre l'homme dont elle forge le destin et les sans domicile fixe, ces gens qu'on croise mais qu'on ne remarque pas ou plus. Et elle nous pose cette question : Est-ce-que l'on n'existe qu'à travers le regard des autres ?
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Nous avons tous connus un grand moment de solitude quand vous avons voulu participer à une conversation de groupe et que personne n'a fait attention à nos paroles. Pire, aucun ne nous a entendus. Nous marchons au milieu du trottoir et quelqu'un nous bouscule et s'excuse en nous regardant bizarrement. Vous voyez où je veux en venir ? C'est le thème de cette histoire, la place d'un individu au sein de la société, sa place dans sa propre vie et surtout l'importance de l'autre, des autres. Aurélien va mettre une semaine pour disparaître de sa vie et de la vie de ses proches : collègues, amis, famille, et surtout ne laisser aucun souvenir. J'ai lu ce livre comme une histoire d'horreur, jour après jour, une angoisse permanente me serrait la poitrine. J'ai voulu raconté cette expérience à ma fille et j'ai réussi à lui transmettre mon angoisse. Bref, l'enfer c'est les autres mais nous avons besoin d'eux pour vivre. A lire mais si vous n'êtes pas déprimé !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Une semaine, une semaine suffit à effacer un homme. Une semaine ce n'est rien dans la vie d'un homme. Et la vie d'un homme sur la grande page du temps, quel espace remplit elle ?
Aurélien devient flou, indistinct, trouble au yeux des autres. Sylvie Germain maîtrise magnifiquement les sens dans ses écrits, c'est peut être pour cette raison qu'elle sait peu à peu si bien les atténuer, les diluer, les dissoudre. Hors champ, c'est une histoire de miroir, celui du jeu de nos reflets. Nous n'apparaissons que si nous nous projetons dans les autres.
Nous ne nous définissons que contre la paroi des autres. Comme si ce qu'elles nous renvoient de nous est ce qui nous donne nos contours, notre forme. « Je vis, j'existe, je suis aimé, j'aime, je vois, je sens, tu me touches » . Un incroyable sonar nous permet d'être vu, perçu, reçu par les autres. Qu'est ce qui enraye cette machine ? Qui n'a pas au moins une fois eu cette impression d'être hors champ, invisible, inaudible, comme absent des autres. Aurélien, dans ce conte à rebours, s'efface, tombe dans l'oubli. L'écriture de Sylvie Germain est pleine d'odeurs et de couleurs , de silence et de bruit. Qu'est ce qui s'accroche aux parois de notre mémoire ? Qu'est ce qui s'accroche à notre regard ? Qu'est ce qui nous rappelle aux autres pour ne pas nous perdre totalement ? Une vie comme une poignée de sable.
Astrid SHRIQUI GARAIN
Lien : http://www.youtube.com/watch..
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Moins poétique que d'autres de ses romans, Hors champ nous invite à réfléchir à la place que nous occupons dans la société. le personnage d'Aurélien prend peu à peu conscience qu'il s'efface : dans les yeux, les sens, la mémoire des autres. Terrible solitude que la sienne, lorsqu'il ne capte plus l'attention de celle qu'il aime, quand sa mère va jusqu'à l'ignorer, quand son chien même ne lui fait plus de joie. Il entre dans l'oubli, une sorte de mort progressive et consciente qui le confronte à sa finitude.
La réflexion que soulève ce récit m'interpelle. Qui sommes-nous, en effet, aux yeux des autres ? En retour, quelle attention apportons-nous à notre entourage ? Savons-nous donner de vrais regards, consacrer du "vrai" temps aux autres ? Ou bien sommes-nous dans ce flou constant des apparences sociales qui font qu'on joue à regarder l'autre plus qu'on ne le regarde vraiment ? Au fond ne sommes-nous pas des "personnages" qui vivent le temps d'une lecture, puis entrent dans l'oubli ? Autant de réflexions qui m'animent et me font apprécier Hors-champ.
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En une semaine le vie d'Aurélien bascule.
"Décidément les choses sont de mauvais poil aujourd'hui" observe Aurélien. C'est vrai, le disque dur de son ordinateur vient de lâcher, alors qu'il venait juste de terminer un travail long et difficile. Déjà, la veille, la tringle de la penderie avait cédé, la clenche de la porte des toilettes lui était restée dans la main...
Le lendemain, en se rendant au travail, il se fait bousculer par les piétons qui s'excusent en lui disant qu'ils ne l'avaient pas vu. Ses collègues le trouvent flou, terne, flapi. Que se passe-t-il ? Un malaise s'installe.
Et ce malaise va s'intensifier les jours suivants lorsqu'il s'apercevra qu'il n'a plus d'odeur, plus d'ombre, plus de visibilité auprès des autres. Sa compagne ne se soucie pas de sa présence. Même sa mère lui prête peu d'attention.
Plus personne ne le voit, ni ne l'entend....

Est-ce un roman, un conte, une parabole ? Difficile à dire. Peut-être les trois.
C'est un récit court, mais intense, sur le poids d'un individu dans la société. Dans quelle mesure sommes-nous important pour les autres ? Survit-on dans la mémoire des autres ?
J'ai lu d'autres livres de Sylvie Germain (L'inaperçu ; le monde sans vous) qui parlent de l'absence, de l'effacement, mais ici l'effacement est porté à l'extrême.
Son héros ne connaît pas son père biologique. Il est le fruit d'une rencontre éphémère. Son beau-père est un homme de spectacle. Son beau-frère est cloitré dans un monde parallèle depuis son agression. Sa naissance, sa famille déjà sont empreintes d'irréalité.
Ensuite le déroulement de cette semaine n'est qu'un compte à rebours. Il perd peu à peu tout ce qui fait une identité aux yeux des autres : l'odeur, la vue, la voix. Il devient "une buée d'homme".

Sylvie Germain n'a jamais aussi bien revendiqué le "goût des autres". Et son écriture est belle et prenante.
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inquiétant, surprenant. Aurélien disparaît progressivement, et rapidement (sur à peine une semaine), sans rien pouvoir y faire. On est dans le fantastique et l'ordinaire à la fois, et on n'a aucune explication, rien qui permette de comprendre, il s'efface juste, son apparence perd consistance, contre son gré. A côté de lui, le monde est normal, continue sa route... J'apprécie beaucoup le contre-pied qu'a pris Sylvie Germain en choisissant un homme avec une vie très socio-normée. Notre société ayant toujours tandance à chercher un coupable, n'a pas de prise ici : Aurélien travaille, déjeune avec ses collègues, il habite en ville, a une compagne, une mère, il est bien intégré, satisfait de sa vie, en marge sur rien. Et aucun déclencheur ne semble évident, tout était normal, jusqu'à ce que sa visibilité, et elle seule, ne le soit plus. J'aime aussi le choix de ne pas le faire disparaître complètement en une fois soudaine, mais progressivement, dans l'indifférence générale. Avec tout ça, le relief que prend sa disparition est décuplé, et d'autant plus inexplicable. Pourquoi ? Depuis quand ? Est-il le seul ? Que faire ? Pourquoi les autres ne perçoivent pas le problème ? Aucune question n'a de réponse, on est dans la narration pure, de quelque chose de totalement incompréhensible. Déroutant. le tout sous la plume à la fois fluide et précise de Sylvie Germain. A chacune et chacun d'y voir - ou pas - une fable sur l'indifférence du monde moderne, sur ce qui fait nos liens, etc.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Aurélien est un homme ordinaire : il a un appartement, un travail, une copine, une famille, des amis de travail.
Rien ne le prédestinait à être petit à petit rayé du champ visuel de son entourage.

En une semaine seulement, il perd son identité et donc sa raison d'être.
Le roman est narré à la troisième personne.
Que lui arrive-t-il ? Pourquoi ? Quel effet cela fait-t-il de tomber dans l'oubli ?
Il se rend compte qu'il est aussi invisible que les SDF que l'on croise sans baisser la tête. Il est hors champ.
Ce roman montre que l'indifférence et la solitude peuvent mener au désespoir.

J'ai enchaîné les chapitres, avec l'envie constante de connaître le dénouement de cette histoire.
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