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Il est des régions géographiquement malchanceuses car situées à des frontières stratégiques que seuls les généraux convoitent. Victor-Flandrin, issu d'une famille de bateliers depuis des générations, quitte le fleuve pour la terre après la mort de son père, rescapé de la guerre menée contre la Prusse, où il fut dévisagé par le sabre d'un uhlan.Victor-Flandrin Péniel fuit l'eau et la mine où il n'a plus d'avenir. Une longue marche le mène au hasard de ses pas dans la région de Sedan où il passera le reste de sa vie.

Et c'est cette vie que Sylvie Germain nous fait partager. Une vie rythmée par les épouses qui ne survivent pas aux grossesses, aux enfants tous jumeaux qui naissent et meurent. Quatre épouses se succéderont sur la Ferme-Haute pour 15 enfants mis au monde, un seul survivra.

Voilà encore un livre qui n'offre aucun répit, on voudrait arrêter de lire pour reprendre son souffle et se dire que le glauque n'est qu'imaginaire mais on continue à lire, fasciné par l'horrible, avide de savoir comment les personnages vont mener leur résilience.

L'auteure nous emmène dans les méandres de 60 ans d'une terre en proie aux occupants successifs, toujours annexée, dévastée. Une terre qui a payé son tribut du sang de ses enfants, une terre sans concession, rude, et cruelle mais où finalement, à chaque fois, la vie sait renaître après chaque malheur. Une terre nourrie de roses, nourrie de sang, nourrie de cendres puis de nuits. Une terre nourrie de passions, de violences, d'illusions et d'espoir. L'histoire d'une famille que L Histoire n'a pas épargnée, histoire pleine de réalités qui claquent si fort qu'elle nous assomme et nous emmène aux marges du fantastique.

Dire que j'ai aimé ce livre, OUI...dire que je l'ai fermé en poussant un profond soupir de soulagement, OUI. Soulagée d'avoir soutenu la lecture parfois difficile de certains passages, soulagée d'être arrivée, avec les personnages, au bout de cette histoire familiale tragique.

Mais, je trouve que l'on peut facilement se perdre dans l'anamnèse. La généalogie est dense, si bien qu'on peut vite ne plus savoir qui est le fils de qui si on ne maintient pas sa vigilance. Ce serait peut-être la seule remarque négative que je ferai au roman. Je remercie l'auteure d'avoir accéléré le rythme d'écriture lors de l'avant-dernier chapitre, il a été suffisamment dur ainsi, plus long aurait été rédhibitoire.

Qu'on ne se méprenne pas sur mes propos, il ne s'agit pas d'un roman du genre horreur, il s'agit d'un roman historique sans fioriture, émaillé d'incursions fantastiques que j'attribue aux légendes régionales. Il a suscité en moi les mêmes émotions et plaisirs de lecture ressentis avec "Le Livre de Dina" de Herbjorg Wassmo.

C'est un excellent roman.
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Nous sommes ici en présence d'un roman exceptionnel: le style, la force des situations, la montée en puissance et la répétition des drames, font que nous sommes accrochés à cette lecture, qui confirme la position aux plus hauts niveaux de l'auteure parmi les romanciers contemporains.
On peut toutefois être gênés par l'apport d'une dose de surnaturel, qui affaiblit le réalisme cru des situations. Gênés aussi par le fait qu'une bonne partie de la lignée de l'abondante famille Péniel - qui s'étend sur plusieurs décennies dans ce roman - est issue d'une relation incestueuse. Ce sont des choix de l'auteure, que nous respectons, mais nous pourrions imaginer le même récit sans ses deux caractéristiques encombrantes (?).
Cela ne remet pas en cause l'intérêt de ces lectures: Magnus, Jours de colère, et ce "Livre des nuits" qui les a précédés sont trois livres qui nous ont déroutés et comblés.
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Le Livre des Nuits/Sylvie Germain
Ce magnifique roman a tout de la légende avec ses aspects fantastiques issus des croyances campagnardes et des superstitions paysannes, mettant en scène des êtres simples broyés par le destin et l'histoire. L'action débute dans la seconde partie du XIX é siècle puis se poursuit durant la Première Guerre mondiale puis la Seconde.
L'histoire débute sur les calmes bords de l'Escaut à bord d'une péniche, aux confins de la terre et de l'eau. Une famille de bateliers, les Peniel, mène une vie fruste et tranquille
. La doyenne, c'est Vitalie, une femme rêveuse encline à la mélancolie, douce et silencieuse, la mère de Théodore-Faustin, puis la grand-mère de Honoré-Firmin et Hermine-Victoire.
Rapidement veuf de Noémie, Théodore-Faustin choisit pour seconde femme sa propre fille Hermine-Victoire, laquelle est suffisamment fière pour s'écrier tout haut :
« Je suis devenue la femme de mon père ! »
de leur union nait Victor-Flandrin qui donc était le frère de sa mère et fils de sa soeur !!
Victor-Flandrin est le personnage principal de cette saga. Après une vie d'errance dans les campagnes et les forêts après avoir quitté la péniche suite à la guerre de 1870, il acquiert la ferme des Terres Noires dans la Meuse. Il aime la terre.
Il se retrouve quatre fois veuf après avoir eu quinze enfants dont bon nombre de bessons, et la mère de 3 de ses enfants reste une inconnue. Rêve et réalité cohabitent souvent chez un même personnage ce qui induit des situations assez rocambolesques comme l ‘arrivée de trois enfants à la ferme, progéniture de Victor Flandrin peut-être lors d'un viol ou de plusieurs - il ne sait plus - mais dont la mère reste une réalité floue…
Et puis il y aura l'épisode de la guerre des tranchées, les loups, la passion, les destins brisés et la violence qui font de ce roman un livre impressionnant et passionnant.
De plus le style de Sylvie Germain est remarquable, teinté de poésie, de lyrisme et d'une grande sensibilité. le choix des mots et particulièrement soigné et judicieux pour évoquer l'atmosphère sombre, tragique et maudite qui règne tout au long du récit.
« La terre leur était éternel horizon, pays toujours glissant au ras de leurs regards, toujours fuyant au ras du ciel, toujours frôlant leurs coeurs sans jamais s'en saisir. La terre était mouvance de champs ouverts à l'infini, de forêts, de marais et de plaines rouis dans les laitances des brumes et des pluies… »

Vu le nombre impressionnant de personnages apparaissant dans ce roman dont la vie s'étend sur environ cinq générations, il est prudent de prendre note de la généalogie au fur et à mesure de leur entrée en scène.
En résumé, un livre bouleversant et émouvant, dans lequel malgré les tragédies qui frappe l'homme, l'espoir n'est pas un vain mot.
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Le Livre du Mois Août 2022
Univers si particulier de Sylvie Germain, si envoûtant...
A la lecture de ce livre, nous sommes immergés dans le monde de la famille Péniel.
Victor-Flandrin, le dernier fils de Théodore-Faustin connaîtra un destin singulier. Bien jeune à la mort de son père, il vivra et survivra, bravant l'âpreté de la vie. Cette vie qu'il aura longue et fructueuse, côtoyant la mort dévastatrice et cette guerre toujours sous-jacente.
Magnifique roman oscillant entre réel et fantastique. On le quitte à regret.
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J'ai été touché par l'étrange histoire de Victor-Flandrin Péniel, fils de batelier, quittant la péniche pour partir à la découverte du vaste monde et dont les amours tragiques sont ici relatées. Ce récit, tout emprunt de réalisme magique, s'inscrit dans une tradition ancrée dans les brumes et le crachin du Nord.
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* " le Livre des Nuits " de Sylvie Germain est un livre de cris et de cendres, une histoire maudite et sans fin, un éternel retour du même.
L'écriture est aussi belle que le propos est dur, sombre, mortifère.
Éros et Thanatos se disputent chaque page.
La violence est omniprésente.
Même les roses sont dangereuses.

* Ne vous fiez pas à la beauté de la langue, à la mélopée du conte - qui vous envoûte et vous emmène : il n'est ici que crimes et châtiments... et quand, parfois, la lumière jaillit, ce n'est que pour mieux donner naissance à une éclipse totale.

* Propos bien sibyllins, me direz-vous... de quoi parle donc ton Livre des Nuits ?
De l'épopée d'une famille française entre 1869 et 1945.
Entre guerres, traumatismes et amours, entre mariages et violences, entre folies meurtrières et naissances, entre désirs et déchirures.
Six nuits pour nous emmener aux frontières de l'Histoire et du fantastique, aux frontières de la rage de vivre et de détruire, aux frontières de l'ancestral et du mystique.

Sylvie Germain ne nous offre pas ici une gentille petite saga d'entre trois guerres.
Elle ouvrage un conte cruel, où la beauté de la langue rend l'horreur ( presqu' ) audible... comme dans la grande tradition orale des contes et légendes.
"Le Livre des Nuits" est un livre des ténèbres, et de ces ténèbres naît quelque chose qui s'approche du sublime - quelque chose d'illimité, qui nous parle d'infini... qui nous dépasse... au-delà des incestes et des mutilations, au-delà des éléments surnaturels qui rythment la vie des personnages.
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Germain Sylvie
Le livre des nuits
J'ai été surprise tout d'abord par l'écriture de l'auteure, recherchée, merveilleuse, en lisant on voit les endroits, les personnages, on sent les odeurs et on entend les cris.
L'histoire se passe d'abord sur une péniche du temps jadis tirée sur les canaux par des chevaux, l'épouse a eu plusieurs enfants mais n'ont pas criés et sont morts, mais le dernier lui crie terriblement et le patron sait que ce sera quelqu'un, qu'il vivra lui.
Puis le père est mort à la barre de la péniche et son fils depuis longtemps regardait une jeune fille sur une autre péniche. Il se décida et demanda sa main à son père.
Ils se marièrent eurent deux enfants, mais il du partir à la guerre et il fut blessé et honoré ; quand il rentra, sa femme n'avait pas encore accouché depuis le temps que cela durait et dès son retour, elle accouche mais d'un enfant comme une statue de sel qui se brisa sur le sol.
Sa fille quant à elle se considérait comme la femme de son père, chose bizarre, mais elle aussi eu des enfants.
Puis des enfants vont naître, parfois des mal-aimés, des adoptés, des non voulu etc…
C'est presque une saga dans les profondeurs des plaines du Nord de la France, aux terres noires.
C'est un très joli roman surtout comme je l'ai dit l'écriture est magnifique et vous transporte à travers toutes cette histoire de famille.

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"Le livre des nuits" où comment mettre de la beauté et de la tendresse dans un récit glauque et désespéré.
Un récit où la cruauté, la folie, la mort, la guerre, la souffrance ne laisse aucun répit aux protagonistes.
Un récit aux allures de contes mêlant fantasmagorie, réalité et histoire. Une langue imagée et poétique qui parfois atténue , parfois exarcebe la douleur, le désespoir et la folie du monde et des hommes, qui prend aux tripes et touche au coeur.
Un roman peu commun, qui ne plaira pas à tous, mais qu'à titre personnel, j'ai adoré.
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Une bacchanale de personnages aux multiples visages. Sylvie Germain décrit notre Humanité, avec un style riche, nourri de symboles et de connotations. Un texte qui évoque la guerre, ses tourments, sa violence, ses conséquences et ses destins détruits. En filigrane, ce livre traite de la propension de chacun à se tourner indifféremment vers sa part d'ombre ou vers sa bonté.
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Lire le livre des nuits c'est ne pas avoir peur de se plonger dans un récit dense et riche tant au niveau des personnages que de l'écriture. Non, l'histoire n'est pas simple, elle court sur plusieurs générations de Péniel de 1860 à 1945. Les dates ne sont d'ailleurs jamais mentionnées, les déductions se basant sur les éléments historiques.
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Ce récit est divisé en six nuits durant lesquelles Sylvie Germain joue avec les mots nous plongeant ainsi dans un univers onirique, mystique et poétique. Une conteuse qui peut nous perdre parfois dans les dédales de son imagination mais qui m'aura tout de même convaincue. Oui, il faut s'accrocher et il faut se l'avouer l'hisoire n'est pas franchement gaie. Mort, violence, guerres, sang, malédictions. Et ce chiffre 7 qui revient inlassablement. Mes camarades de lecture me l'ont fait remarquer et après je ne voyais plus que ça 😂. En parcourant la biographie de l'auteure, je découvre qu'elle a fait des études de philosophie avec un mémoire sur la notion d'ascèse dans la mystique chrétienne. Est-ce pour cela cette répétition du chiffre 7? Sa connotation religieuse? La religion est également présente sous d'autres formes avec Victor-Flandrin qui s'interroge sur l'existence de Dieu par exemple ou avec deux de ses filles qui partent au couvent.
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Je vais terminer en vous parlant brièvement de Victor-Flandrin justement, personnage principal de ce roman. Il est né d'un inceste. Nous l'apprenons rapidement. Ses parents et grand-parents sont des gens d'eau-douce. D'ailleurs, ne soyez pas surpris par le déroulement rapide de cette première nuit, la Nuit de l'eau, nous comprenons par la suite pourquoi cette accélération chronologique.
Surnommé, Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, Victor-Flandrin qui porte à son cou les larmes de son père, s'établira dans une ferme, La Ferme-Haute, dans la Meuse. Il aura de nombreuses femmes et engendrera pas moins de quinze enfants. Une descendance qui ne sera pas épargnée par les drames et la violence. Il me restera en mémoire la Nuit des Cendres ... Les Nazis, les camps...
Mais toutes les parties où les guerres sont racontées sont d'un réalisme assourdissant...
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Il existe une suite à cette saga Péniel, « Nuit d'Ambre » que je lirai à coup sûr mais pas tout de suite 😂.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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