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EAN : 9782343197586
220 pages
Editions L'Harmattan (13/03/2020)
3/5   1 notes
Résumé :
C'était septembre est un roman polyphonique au contenu à la fois historique et intime. L'impression hésitante est que l'auteure nous raconte ici sa vie, mais le récit, beaucoup plus subtil, privilégie une invention à portée symbolique, politique et féministe. La narratrice depuis son enfance est passionnément attachée à une mystérieuse grand-mère paternelle qui emprunte certains de ses traits et de son histoire à la grand-mère maternelle de l'auteure ; c'est là une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On progresse de manière quelque peu chaotique dans "C'était septembre", porté par le flux des pensées et des souvenirs d'une narratrice au départ peu attachante.

Frankie vit dans un petit appartement londonien avec son chien pour seule compagnie. Un jeune amant lui rend parfois visite. Elle exerce même son métier en solitaire, dessinant sur commandes des costumes pour le théâtre. Ce qu'elle nous livre d'elle et de sa vie d'adulte l'est de manière morcelée, et comme s'il s'agissait de détails sans importance, presque contrariants. Ainsi ses deux brefs mariages, ou sa parentalité. Sa relation avec sa fille, pour laquelle elle a été peu présente, est d'ailleurs alourdie d'une distance parfois tendue. Elle-même se décrit comme une femme intolérante et peu portée vers l'amour, inapte à élever des enfants ou à partager sa vie avec quelqu'un.


Tout le propos du roman vise à comprendre la raison de cette sécheresse en plongeant dans les racines du traumatisme qui a fait d'elle une sexagénaire seule et aigrie, que l'on devine plombée d'une détresse ancienne, fondatrice. le récit débute d'ailleurs avec l'évocation de ses insomnies, des nuits blanches au cours desquelles elle revit son passé. Elle se sent parvenue à un moment charnière de son existence, souffre de sa solitude, se sent éloigné de ses amis d'enfance et de sa famille, en manque de liens et d'unité. le temps est venu pour elle de réintégrer le monde des vivants, en se réconciliant avec son passé et avec les lieux où elle a vécu.

C'est peu à peu que l'on appréhende le gouffre qui l'habite, au gré de la reconstitution du puzzle qu'elle construit sans réelle logique chronologique, dont la pièce centrale est la figure d'une grand-mère paternelle dont elle ne fit jamais le deuil.

Nous découvrons son enfance au Paraguay, entourée de ses parents, son frère et de cette baba tant aimée. le père, médecin, était un homme taciturne et mélancolique, manifestant envers sa mère un obscur et permanent ressentiment. Son épouse, effacée, s'oubliant dans le soin des enfants et la tenue de la maison, était soumise à ses ordres. C'est d'ailleurs la décision de ce père intransigeant, d'emménager aux Etats-Unis, en laissant sa mère au Paraguay, qui dévasta la narratrice.

Cet arrachement à celle dont elle était si proche, et qu'elle ne revit jamais, la laissa comme orpheline, sans racine et sans foyer. Un sentiment rendu d'autant plus douloureux par la part de mystère entourant sa baba, un terrible secret subodoré mais jamais éclairci, lié à l'exil de sa grand-mère depuis la lointaine Lituanie devenue hostile aux juifs, et à tout ce qu'elle dût laisser derrière elle en fuyant, avec son fils encore bébé dissimulé sous ses couches de vêtements. C'est donc en quête d'un fantôme mais aussi d'une énigme hermétiquement protégée par un infranchissable silence que part Frankie, qui l'amènera peut-être dans des territoires lointains, inconnus, où elle pourra se rapprocher d'un passé qui l'obsède, dont la dimension obscure la torture.

C'est ainsi le récit d'un réveil pour celle dont les émotions étaient anesthésiées depuis toutes ces années, qui s'était interdit de recréer avec quiconque un lien aussi fort que celui qui l'attachait à sa grand-mère, qui avait figé sa personnalité autour de la seule chose qui paradoxalement la faisait se sentir vivante : la douleur de cette perte remontant à plusieurs décennies.

"C'était septembre" évoque avec profondeur et sensibilité la dévastation que peut provoquer la nostalgie, les vides laissés par l'intransmis et la dispersion des existences, la difficulté à se construire autour des secrets de l'histoire familiale, la rupture avec de jeunes générations qui refusent de se sentir concernés par les étrangers que furent leurs ascendants et par un Holocauste qui les terrorisent.

C'est un roman qui s'apprivoise doucement, nous pénétrant presque à notre insu, avec son rythme parfois lancinant, l'apparente anarchie de sa chronologie, et la voix de plus en plus prégnante de cette narratrice à laquelle on finit par s'attacher irrémédiablement.


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