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sur 145 notes
Le regard d' un intellectuel sur les affaires de justice est particulièrement intéressant pour qui veut les aborder autrement que par une vision purement juridique. En 1912, André Gide fut tiré au sort pour siéger en tant que juré à la Cour d' assises de Rouen. Ce fut pour lui l' occasion d' apprivoiser la justice d' une façon tout à fait différente.

"... à présent je sais par expérience que c' est une tout autre chose d' écouter rendre la justice, ou d' aider à la rendre soi-même. Quand on est parmi le public on peut y croire encore. Assis sur le banc des jurés, on se redit la parole du Christ : Ne jugez point."


Lui qui connaissait certainement quelques rudiments de la justice pour avoir eu un père professeur de droit romain, plonge dans la réalité même d' un sytème redoutable pour découvrir, non sans une certaine stupéfaction, la précarité des procès à lui soumis.

Le lecteur découvre à quel point certaines affaires où l' enjeu est important pour le justiciable font l' objet d' une procédure pour le moins sommaire : des défenses mal préparées ou quasi inexistantes, des jurés limités intellectuellement qui rendent justice avec leur coeur et non avec la raison, qui se laissent facilement influencer par les opinions extérieures notamment la presse, ou pire encore les a priori et préjugés de juges qui dès le début du procès cherchent à orienter et encadrer leur vision.

On se rend compte à quel point les principes fondamentaux qui doivent être observés lors un procès sont complètement baffoués notamment le droit à un procès équitable à armes égales, le droit à un juge impartial, le droit à avoir du temps pour préparer sa défense, le droit au principe du contradictoire, le droit à un jugement motivé...etc.

C' était un autre temps, après tout l' état de la justice n' est qu' un reflet de la société qu' elle traverse ...

Aujourd' hui les critiques qu' on peut opposer à la justice des hommes, nécessairement imparfaite, existent toujours. L' affaire d' Outreau plane toujours dans les esprits... Les médias et les associations humanitaires crient haro sur les conditions dégrandantes dans les prisons françaises; Treiber continue en fuite, le procès Clearstream démarre bientôt, la Scientologie ne risque plus la dissolution à cause d' une erreur de lecture d' un nouveau texte entré en vigueur, on annonce la suppression du juge d' instruction et la main mise de l' éxécutif sur le judiciaire...

Pourtant à lire ce texte fort intéressant, mais malheureusement trop court, on peut raisonnablement estimer qu' il y a eu de grandes évolutions, presque un siècle plus tard. J' ai à la fois la sensation qu' il est très actuel sur certains aspects, et puis qu' il a valeur de relique, comme si c' était un autre monde, et pas la France d' il y a à peine un siècle.
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Une manière de découvrir Gide. Dans la même veine je lirai bientôt La séquestrée de Poitiers.

Passionnant! Je vous le conseille!
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Livre très court car c'est un extrait de "souvenirs de voyages" d'André Gide mais qui n'en est pas moins intéressant.
En effet, André Gide insiste sur le fait qu' "écouter" rendre la justice est fort différent de "participer" à la rendre. On ne se rend vraiment compte du poids que cela représente que lorsque l'on est réellement juré.
De plus, il démontre que la justice peut parfois aboutir à des situations étranges. Par exemple, un accusé peut être acquitté alors qu'il a été reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés.
C'est dans un style vivant, illustré de cas précis que l'auteur fait réfléchir sur la justice (et ses travers) ainsi que le rôle de juré et de façon plus générale. En effet, ceux-ci bien souvent issus d'horizons très différents impliquent des niveaux de compréhensions et d'implications différents.
Gide conclu que c'est une terrible charge que d'avoir à décider du destin d'un autre être humain avec toutes les conséquences que la décision peut entraîner. Aussi donne t il quelques pistes de réflexions de réformes de la Justice.
Mais comme je l'ai annoncé en début d'avis, ce livre est bien trop court pour pouvoir mener une réflexion digne de l'ampleur de la tache!
Je vais donc me diriger vers un livre récent (janvier 2022) "En votre intime conviction" de Clémentine Thiebault pour voir comment est traité le sujet qui est de se mettre "7 jours dans la peau d'une jurée".

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Tel le croqueur d'audience, André Gide esquisse le portrait sommaire de quidams traduits aux Assises pour différents faits, des gens ordinaires dont la vie bascula jusqu'à l'irréparable.
Mais au final, seul compte la vérité judiciaire.
Chronique qui reflète un système judiciaire du début XXème dans lequel un jury non professionnel peu habitué au langage particulier des tribunaux décide de la culpabilité des accusés.

100 ans plus tard, se posait la question si le jury des Assises ne devrait pas être composé de professionnels. Tout un débat !
Maintenant, toute décision doit être motivée.

Verdict de la lecture ? Sans suite. Motif : autres priorités. Retour aux archives.

A noter, l'intérêt de l'appendice qui mérite de s'interroger déjà à l'époque où Gide écrivit ses souvenirs sur les fondements du rendu de la justice aux Assises.
D'où les 2 étoiles.

Dommage pour l'ensemble, le sujet me paraissait intéressant.
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En 1912 André Gide a été appelé à être juré à la cour d'assises du tribunal de Rouen. Il décrit dans ses "souvenirs de la cour d'assises" les affaires auxquelles il a été amené à assister. André Gide y parle de ses impressions quand à cette position de juré qu'il a occupé et de son questionnement sur la justice , en effet "c'est tout autre chose d'écouter rendre la justice ou d'aider à la rendre soi même".
Le groupe de jurés dont il fait partie est majoritairement constitué de paysans, pour la plupart sans éducation. Et leur jugement n'est pas impartial, car déja dans la façon dont le président du jury présente l'affaire ou dans la façon dont se présente l'accusé , ils se font un jugement, avant même d'entendre les divers témoignages ou preuves.
André Gide parle aussi de la difficulté de rendre la justice avec pour seul moyen un "oui" ou un "non" pour répondre à une série de questions concernant l'affaire, ce qui amène souvent les jurés à des jugements illogiques où ils se sentent obligés de voter les circonstances aggravantes, tout en votant également les circonstances atténuantes pour minimiser la peine au niveau qu'ils croient juste, sans omettre la vérité.

Après tout la justice humaine est rendue par des hommes, et André Gide retransmet bien cette gêne qu'il ressent à rendre la justice pour d'autres hommes.
Une lecture rapide et éclairante qui nous fait nous poser des questions sur le fonctionnement et l'impartialité des procès de cours d'assises (André Gide y reconnait lui même cependant, que si le système n'est pas parfait, il est du moins le moins mauvais).
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Pendant toute une semaine, l'auteur nous présente les nombreux auxquels il assiste en tante que jurés. Son esprit d'analyse, le fait réfléchir sur l'institution judiciaire et l'implication des jurés dans le devenir des pauvres hères condamnés. C'est un regard sur le système judiciaire, du contexte sociétal et des conditions sociales de l'époque. C'est un roman daté mais qui pose la réflexions sur l'Etat de droit.
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Cet ouvrage est très intéressant d'un point de vu judiciaire. Il témoigne de l'évolution de la formation des jurés et démontre la conviction de ceux-ci par leur inculture. Ces différentes affaires dressent le portrait de criminels, délinquants qui dans certains cas peuvent susciter de l'empathie. Gide a une manière très singulière de critiquer la machine judiciaire à l'aune des jurés mais aussi du juge. de surcroît, on assiste vers la fin de l'ouvrage à l'avis de l'opinion publique en matière de crimes, délits. À savoir sanctionner les criminels et délinquants et faire abstraction de la fonction réparatrice de l'incarcération en réprouvant toute possibilité de réinsertion dans la société.
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Passionné par son expérience de juré à la cour d'assises, André Gide a pris de nombreuses notes, recueillies dans cet ouvrage. Il y observe le déroulement des procès, le rôle de chacun, et dénonce le manque d'information des jurés, la subjectivité du président, des condamnations fondées sur la personnalité plutôt que sur les faits, ou encore la santé pénale, qui semble destinée à broyer plutôt qu'à amender.
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André GideSouvenirs de la cour d'assises – 128 pages
Je viens de finir Les Faux Monnayeurs que j'ai adoré par sa modernité. Là, Gide nous plonge dans les arcanes de la cour d'assises constituée de gens de peu face à des jurés qui n'en peuvent mais…c'est un court récit, intéressant par la vision d'un intellectuel sur le fonctionnement de notre justice. Et où on se rend compte que fors la procédure, pas grand-chose n'a changé dans notre justice française : passer énormément de temps sur des choses déjà connues, se plaindre du manque de moyens ensuite, faire témoigner et retémoigner des victimes (sans se soucier aucunement de leur état psychique) alors qu'une instruction a eu lieu, taper sur les plus démunis sans distinction (l'exemple du jury qui a voulu punir le receleur et acquitter les voleurs est évidemment tout à fait possible aujourd'hui, le magistrat refusant d'avaliser le jugement car « si il n'y a pas de vol, il ne peut pas y avoir de recel », là où le jury voulait punir le tentateur et acquitter les victimes responsables du vol)…bref, à faire lire par tous les futurs magistrats, cela les changera des Codes !
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Assez déçu du livre en surface. Les histoires sont trop centrées sur la description des personnages, désignés par des noms qui nous font perdre le fil. On ne perçoit pas le message que veut faire passer l'auteur avant qu'il donne son point de vue lors de l'appendice. Les histoires tiennent certes debout, mais on n'y trouve aucun réel intérêt.
On retiendra alors que l'habit fait le moine lors du procès.
Je donne la note de 2.5/5 pour ce roman incomplet et avec un manque d'intérêt certain.
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Gide relate plusieurs procès lors desquels il a été membre du jury. Un témoignage édifiant sur la relativité de la justice.
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