Jamais encore je n'avais traversé un moment aussi dur. La honte est un sentiment meurtrier. Maintenant je le savais.
On peut mourir de honte.
Et mourir était la seule chose qui me faisait envie.
Même l’alcool ne passait plus.
Ni faim ni soif.
Exclusivement nourri de peine, de douleur.
J'avais le front contre son cœur, je l'ai entendu s'affoler.
Une bête prise au piège.
Ce cœur que j'allais bientôt lui arracher.
Chacun de ses gestes me blessait, ses mains étaient des lames tranchantes qui fendaient mes chairs. Ses lèvres, des tisons qui brûlaient ma peau. Il serrait de plus en plus mes poignets, le moment approchait. Je me demandais ce qu’il attendait. Avait-il peur lui aussi ? Peur de ce qu’il allait commettre ?
Je n'avais plus le droit de l'aimer, elle rejetait mon amour ? Eh bien, j'allais la haïr. Elle me méprisait ? Elle méprisait cet amour fou que je brûlais de lui offrir ? Alors elle allait payer pour les tourments que j'endurais à cause d'elle… Une nouvelle obsession, vous avez raison. Mais à mes yeux, la seule façon de tirer un trait sur elle.
On idéalise toujours ce que l’on a plus ou ce que l’on ne peut pas avoir.
"... la frontière entre la haine et l'amour est parfois si mince qu'ils se mélangent pour n'être plus qu'une seule et même douleur." (p. 338)
J'avais juste oublié une chose, cependant… Oublié que la frontière entre la haine et l’amour est parfois si mince qu’ils se mélangent pour n’être plus qu’une seule et même douleur.
Je lui ai dit que je l’aimais.
Je ne mentais pas.
J’aimais deux femmes, d’un amour différent.
L’un était rassurant ; l’autre violent, effrayant.
L’un était vital ; l’autre létal.
J’aimais deux femmes.
L’une était une drogue douce ; l’autre une drogue dure.
L’une était ma vie.
L’autre serait ma mort.
Quand on entre dans une tanière, on s'attend forcément à y trouver un fauve.