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3,95

sur 647 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Difficile d'écrire un retour complet et bien argumenté sur un recueil ,de nouvelles lu il y a plusieurs semaines, et que je n'ai plus sous la main, ayant dû le rendre à la médiathèque. Mais comme il s'agit de l'une de mes auteures chouchous (Nicola, je te vois lever les yeux au ciel !), je ne pouvais pas faire totalement l'impasse. Je me contenterai donc d'un ressenti global, sans m'attarder sur chacune des huit histoires plus ou moins longues de ce volume.

Certaines de ces nouvelles étaient déjà parues dans la série "13 à table" dont Karine Giebel est une fidèle collaboratrice, ce qui est tout à son honneur. D'autres sont sorties ailleurs, mais n'ont eu que très peu de visibilité à l'époque, l'auteure n'ayant pas encore la notoriété requise pour que l'on s'intéresse à ses textes noirs, aux sujets tout sauf anodins.

Jugez plutôt : Dans "Aleyna", le premier texte, elle dénonce ces traditions qui perdurent encore, y compris en France, des mariages arrangés, ou plutôt forcés, entre des jeunes filles (parfois très jeunes) et des hommes qui "conviennent" au père de part leur statut social et économique. Et gare à la sentence si la fille n'est pas d'accord, ou "fréquente" un garçon non agréé par le pater familias ! Un texte éprouvant, mais nécessaire, l'un de mes préférés.

Dans "Aurore", il s'agit également d'une jeune fille de 18 ans, qui après une période de dépression croira qu'elle a trouvé l'amour au sein de son lycée. Mais elle le croira seulement... Aurore a un jeune frère, également lycéen, mais aussi affecté d'un surpoids et d'un bégaiement, autant dire que ce n'est pas la joie pour lui tous les jours. Mais il est très proche de sa soeur, et le jour où un drame se produit, la situation va dégénérer. On traite ici de harcèlement, de manipulation, et de désespoir au sein d'une famille qui ne communique pas beaucoup. La fin est hélas plausible...
Mention spéciale au petit clin d'oeil à Jeanne, l'héroïne de Terminus Elicius, qui apparaît dans cette nouvelle.

Le texte suivant, "Ce que les blessures laissent au fond des yeux" parle d'une situation qui existe, malheureusement, tant certaines personnes (des femmes, le plus souvent) sont désespérées et prêtes à tout pour offrir un toit et des conditions de vie à peu près décentes à leurs enfants. C'est l'histoire d'un propriétaire ignoble qui abuse de ses locataires fragiles à coup de chantages et de menaces. Dans leur malheur, Delphine, mère d'un ado qui ne soupçonne rien et a l'égoïsme de son âge, et Kilia, africaine en situation irrégulière, vont faire preuve de courage et de solidarité, s'unissant pour apporter de l'aide à une autre femme encore plus mal lotie qu'elles. de belles valeurs, même si avec Karine Giebel l'histoire ne peut pas bien finir...
Cette nouvelle est la plus longue, ce qui permet de mieux développer la psychologie des personnages, aspect qui compte beaucoup pour moi.

"J'ai appris le silence" traite d'une vengeance, celle d'un homme qui a passé une très longue période en prison, accusé d'un crime qu'il n'avait pas commis, et pour lequel il a fini par être innocenté et indemnisé. Mais l'argent ne remplace pas les années de silence et de non-vie. Ici la question est : la haine efface-t-elle ce qu'on est vraiment au fond de soi ? La fin est vraiment tordue, on ne peut s'empêcher de s'exclamer "Oh, non !" Excellent.

Puis vient "L'été se meurt", un texte trop court à mon goût, où l'idée fixe du personnage principal l'amène à un acte apparemment mûrement réfléchi, mais ça m'a laissée perplexe...

"L'homme en noir", ou comment notre psyché est capable de distordre complètement la réalité, au point de transformer notre vie (ou du moins celle du personnage principal) en quête incessante d'une vengeance liée à un traumatisme de l'enfance. Ici c'est la notion de culpabilité qu'a choisie l'auteure pour nous retourner la tête. Et ça fonctionne, même si ce n'est l'une de mes préférées.

"L'intérieur", encore un texte qui fait référence à une situation trop souvent vécue par les femmes, le harcèlement au travail par un supérieur sans scrupules. Là ça se passe dans un musée, et le titre fait référence à celui d'une peinture aussi appelée "Le viol", de Degas (hé oui, il n'a pas peint que de charmantes danseuses). Virginie a aussi des enfants à élever, comme Delphine dans l'une des histoires précédentes, et comme elle, cède aux pressions et au chantage, à l'emploi cette fois. Comment faire pour sortir de cette situation ? Il n'y a pas de "bonne" solution, mais l'auteure en a trouvé une quand même. Une solution que je n'ai pas trop aimée...

Et enfin, une belle histoire d'amour pour conclure, avec "Le printemps de Juliette". Enfin "belle", c'est relatif, parce que la Juliette en question ne profitera pas de ce printemps qu'elle appréciait tant. Mais au moins aura-t-elle connu quarante belles années avec son cher et tendre époux. C'est court, beau et triste.

Evidemment j'ai fait tout le contraire de ce que j'avais annoncé, mais vous connaissez cet adage qui s'applique très bien dans mon cas : chassez le naturel, il revient au galop !
Bref, de ces huit nouvelles, j'en ai adoré deux, la première et la troisième, parce qu'elles traitent de sujets qui me tiennent à coeur et qu'elles sont suffisamment développées pour qu'on puisse éprouver des sentiments à l'égard des personnages, qu'on les haïsse ou qu'on ait envie de les protéger.

Quatre autres m'ont séduites par leur traitement de thèmes hélas très actuels, des violences qu'on inflige aux femmes ou à ceux qui sont différents, les abus de pouvoir si fréquents encore et qu'on souhaiterait parfois résoudre "à la Giebel" ! La dernière par sa douceur malgré le sujet douloureux, un final un peu apaisant quand même.

Et enfin deux qui m'ont un peu frustrées, l'une par sa brièveté, et l'autre par sa conclusion brutale et frustrante à mes yeux.
Mais je continuerai à suivre assidûment les actualités de l'auteure, une des rares dont j'apprécie presqu'autant les nouvelles que les romans.






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Je n'aime pas tellement les nouvelles, mais des nouvelles de Karine Giebel... Je savais que je ne serais pas déçue. du suspens, des twists imprévisibles, de la noirceur à foison, une plume sublime, je n'ai rien à redire.
Petite préférence pour l'été se meurt.
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Les nouvelles de Karine Giebel sont noires et engagées mais trop terrifiantes pour moi. C'est la première fois que je lis cette autrice française et je ne suis pas certaine d'y retourner même si ses talents de conteuse sont indéniables et les sujets traités importants. Il faut dire que "D'ombre et de silence", recueil de huit textes plus sombres les uns que les autres, n'est pas du tout mon genre de lecture, je l'ai lu dans le cadre du Challenge Solidaire qui me permet de sortir de mes habitudes.

Karine Giebel dénonce surtout les violences faites aux femmes et la folie meurtrière des hommes ce qui revient au même mais pas du même point de vue.
Viols et harcèlements, désespoirs, suicides et vengeances par la mort sont cauchemardesques. Cela m'a parfois fait penser au Silence des agneaux que je trouve insoutenable.
Ce qui est terrible, ce sont ces femmes démunies, victimes impuissantes de sévices sexuels dont Karine Giebel force le trait pour choquer. Cela n'empêche pas qu'elle s'appuie sur des faits réels. Mais la nouvelle la plus réaliste pour moi reste la première, intitulée "Aleyna", qui dénonce le meurtre de femmes qui refusent le mariage forcé en toute impunité pour la famille meurtrière.
C'est ce côté engagé et le rappelle des statistiques de ces homicides qui sont importants pour une prise de conscience qui peut aider à faire cesser ces horreurs.


Challenge Solidaire 2023
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Karine Giebel a le don de me conforter dans l'idée que l'enfer existe bien… il se trouve sur terre.
Avec sa plume alerte et efficace, elle nous tient en haleine sans que l'on ait l'idée d'imaginer une fin heureuse. C'est ça Karine Giebel, c'est sa marque de fabrique ! Pour autant les histoires sont plus que vraisemblables, elle doit puiser son inspiration dans les faits divers sordides, proches de nous mais qu'on ne voit pas forcément.
Elle aborde des faits de société qui dérangent : les coutumes religieuses, le harcèlement scolaire, les marchands de sommeil, l'esclavagisme sexuel… etc.
Que ce soit Aleyna, Aurore, Delphine ou Virginie… toutes ont des destins tragiques.
Ce genre de lecture m'ébranle profondément et je sors de là avec beaucoup moins de bons sentiments par rapport à la nature humaine.
J'avoue que je n'enchaînerais pas avec un autre livre du même auteur, j'ai besoin de reprendre mon souffle avec une lecture plus légère.
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Le livre «D'ombre et de silence » de Karine Giebel est un recueil de huit nouvelles. Cela se laisse lire, de manière rapide car les textes sont courts mais je préfère largement ses romans. Les histoires sont variées ainsi que ses personnages. Il y a toujours ce petit quelque chose de dérangeant sur les dysfonctionnements de la nature humaine qui s'invite dans votre esprit encore un peu après avoir lu la dernière page du recueil…
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C'est le premier livre de nouvelles que je lis de cet écrivain.
Mes sentiments sont assez partagés.
Les nouvelles sont certes bien écrites avec beaucoup de suspens mais elles restent bien sûres assez succintes en raison de leur taille. Néanmoins, cela reste un bon livre "bien noir" comme sait le fait Karine Giebel.
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Karine Giebel maîtrise tout autant l'art du pavé que vous ne pouvez plus lâcher jusqu'à en connaître le dénouement que l'art de la nouvelle courte où quelques pages suffisent à vous donner le frisson, à vous laisser sonné, décontenancé, déboussolé, désorienté, choqué, bref à vous laisser en proie à de multiples émotions !
Les mots sont justes, poignants, ils vous prennent aux tripes. Les histoires de ses personnages défilent ne vous laissant pas indifférents. Et à chaque fois je ne peux m'empêcher de penser que certains parmi nous vivent ces horreurs, que certains parmi nous sont des victimes et que certains parmi nous sont les bourreaux. Comment l'être humain peut-il être si torturé, si monstrueux ?

Je découvre le style Giebel livre après livre, je ne m'en lasse pas, les émotions sont fortes si bien que j'en redemande encore et encore.
N'hésitez pas une seconde à vous plonger dans cet univers qui vous attrapera aux tripes vous aussi, que ce soit ce livre de nouvelles ou un autre.
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Il n'est jamais aisé de faire une présentation d'un recueil de nouvelles au risque d'en dévoiler trop, ou d'en léser certaines.

Ici, 8 nouvelles, dont 2 ont aussi été publiées dans des "13 à table", toutes sombres, émouvantes, angoissantes, parfois intolérables.
Il y est beaucoup question de femmes, des difficultés qu'elles peuvent rencontrer au quotidien, de leurs douleurs qu'elles ne veulent souvent pas partager.
Il va être question de viol, de harcèlement, d'abus de pouvoir.
Mais aussi de suicide de jeune, de religion, de torture ou de vengeance.

Il n'est pas toujours besoin de longues histoires pour nous transporter dans une lecture captivante.
Karine Giebel excelle dans cet exercice.
Un voyage éprouvant qui nous emmène dans une ambiance angoissante au travers des histoires courtes aux fins inattendues, qui marquent indéniablement le lecteur.

L'écriture est rythmée, les nouvelles sont finement travaillées, le suspense toujours présent.

Impossible d'en faire un classement, ces 8 nouvelles m'ont toutes transportées et marquées, chacune à leur niveau.
Elles sont toutes prenantes et nous amènent chaque fois à nous poser moults questions et analyses sur les personnages, sur les faits et leurs causes.
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Huit nouvelles qui font appel à certains de nos sentiments : la peur, la colère, l'amour.
Parfois, j'ai voulu crier « tire-toi, vite !».
A d'autres moments, je faisais mien « oeil pou oeil, dent pour dent ».
Chaque histoire est un monde en soi.
Première lecture de cette auteure pour moi et c'est une très bonne découverte.
J'ai aimé le ton et la forme. Les nouvelles sont très bien construites pour un genre difficile à maîtriser. Et là, j'ai l'agréable sensation de la nouvelle bien faite.
Ma préférée «  L'homme en noir ».
@lireetlivres
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Le dernier livre de Karine Giebel avant de les avoir tous lu... Vivement le prochain parce que je les ai tous adoré!
Celui-ci est un recueil de nouvelles. Il commence par l'histoire d'Aleyna, une jeune Turque que ses parents et ses frères vont marier de force.
Une histoire coup de point encore une fois...mais qui permet de ne pas oublier la souffrance de ces femmes qui n'ont d'autres choix que la résignation ou la mort.
Les autres nouvelles sont excellentes, à la hauteur de ce que Karine Giebel nous offre dans tous ses écrits. J'ai à chaque fois l'impression qu'elle y laisse ses tripes.
Une réussite, même si ce n'est pas son meilleur recueil.
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