Le sanglant épisode des procès pour sorcellerie de Salem, Massachusetts ont fait couler beaucoup d'encore et fertilisé les imaginations de plusieurs écrivains.
Dans cette version, Thomas Gilbert propose une fiction dans laquelle il imagine l'ambiance dans ce village puritain avant que l'impensable n'arrive.
Le travail de recherche et de restitution est très intéressant. Sous sa plume et de façon graduelle et très bien pensée, les personnages qui se disent pieux ou défenseurs des faibles deviennent des monstres déchaînés s'en prenant en meute à des personnages plus faibles qu'eux.
Dans une ambiance très sombre, oppressante et glauque, d'une manière bien plus crue qu'
Henry Miller, Thomas Gilbert met en scène l'hystérie et le déferlement de haine contre celui qui paraît étranger ou celles qui ne se conforment pas aux injonctions devenus des substituts du Malin.
Dès les premières scènes où l'on voit la culpabilisation que subissent les petites filles quand elles deviennent "femme", le malaise s'installe chez le lecteur et ne fait que croitre. J'ai trouvé très bien fait la description graphique et scénaristiques des répressions (dogmatiques) exercées par la communauté pour évincer toute activité qui pourrait procurer de la joie - et dans lesquelles le Seigneur n'est pas convié.
Quant aux scènes du procès à proprement parler, elles nous montrent dans des couleurs très crues et avec des visages cruels, la destruction de vies de manière arbitraire. Tout ça à cause de superstitions et calomnies.
Les partis pris de l'auteur nous amènent à nous positionner et réfléchir à toutes ces petites choses "anodines" qui ont fait les procès de Salem. C'est glaçant, tant on voit que finalement, il n'y a pas que les extrémistes religieux qui brandissent la "honte" à tout bout de champ aux visages de ceux qui tentent de s'opposer ou vivre différemment qui sont responsable du drame.
Je sais bien que certains lecteurs (ados entre autre) ont été gênés voire même choqués par la noirceur des planches ainsi que par les scènes de violence (contre les animaux notamment), pour ma part je trouve qu'elles servent le récit et le propos du scénariste. Pas de folklore "horreur", pas de filtre, pas de sous-entendus.
Cette bande dessinée me marquera encore longtemps je pense.