Dans ce roman, l'auteur déchire le voile sur Charles Lutwidg Dodgson, alias
Lewis Carroll – auteur glorifié d'
Alice au Pays des Merveilles et vous fait passer de l'autre côté du miroir pour découvrir l'envers noir et crade de
Lewis Carroll et du livre culte.
Le pitch en deux mots :
Alice Price, étudiante anglaise et DJ de la scène underground goûte à une drogue inconnue lors d'une free party.
Commence alors pour elle un très, très, mauvais trip!!!
L'esprit d'Alice se dissocie de son corps et se retrouve projeté dans un monde parallèle, à la poursuite d'un lapin blanc, sous acide et carrément flippant. Elle atterrit dans l'univers de
Lewis Carroll et d'
Alice au Pays des Merveilles mais en version glauque et répugnante.
Pas de merveilles dans ces bas-fonds (qui sont à l'image de l'esprit tordu de
Lewis Carroll) mais un monde dur et cruel nommé Wonderland, copie décadente et ultra-violente du conte originel.
Tout le talent de l'auteur se déploie dans ce roman gigogne car Alice Pride et le lecteur virevoltent entre deux mondes se superposant selon les chapitres :
Le premier monde est réel et passé : c'est celui de
Lewis Caroll, l'auteur du conte culte, évoluant entre 1850/1860. Dans ce monde de l'époque victorienne, l'héroïne, Alice Pride, est le témoin impuissant et invisible des actes de pédophilie de
Lewis Carroll sur ses amies-enfants, et notamment sur la petite Alice Liddell, âgée d'une dizaine d'années (qui sera plus tard l'enfant ayant inspiré le personnage d'
Alice au Pays des Merveilles).
Le second monde est Wonderland, copie décadente et ultra-violente du conte originel, noircie par l'esprit tordu de
Lewis Carroll. Alice Pride s'y perd et tente par tout moyen d'en sortir. Alice y retrouve le lapin blanc sous acide, la chenille sous opium, le chat du Cheshire version psychopathe ainsi que le chapelier fou et le lièvre de mars en mode défonce. Dans cet univers déformé, on tue, on pourchasse, on décapite par pur plaisir ou simple envie.
Alice Pride va devoir faire face aux mille dangers de Wonderland pour sauver sa peau et en ressortir coûte que coûte...
Mon avis :
Bein j'ai adoré tout simplement ce roman que je qualifie d'incroyable et d'inclassable et ce, pour plusieurs raisons qui sont les suivantes:
Le sujet choisi, la construction du roman avec les deux mondes réel et fantasmé, le ton percutant de l'auteur et les « tiroirs » qu'il ouvre par ci par là.
Je m'explique :
Sur le sujet choisi :
Ghislain Gilberti fracasse avec intelligence et brio le mythe Carroll de l'époque victorienne. Chapeau ! L'analyse de l'auteur est très documentée et révèle un pédophile, toxicomane, introverti maladif qui ne peut prendre son pied qu'avec des fillettes.
J'avais lu quelques articles sur le monde pas bien reluisant de Disney qui incrustait parfois des messages subliminaux à connotation sexuelle dans des dessins animés, mais je ne connaissais pas du tout
Lewis Carroll et ses perversions.
Ghislain Gilberti fait éclater le tabou et le montre dans toute sa noirceur. Un certain nombre de planches photographiques sont d'ailleurs annexées en fin de livre afin d'appuyer ce récit…
J'en suis ressortie écoeurée sur les abus décrits mais aussi lucide sur le personnage.
Ensuite, le fait d'avoir développé dans un roman un double univers réel et parallèle effrayant et un même fil directeur est aussi assez dingue et inédit. le lecteur s'en prend plein les yeux, et la construction est parfaite.
L'ensemble est servi par un ton percutant. La plume de
Ghislain Gilberti est conforme à ce que j'avais découvert dans
Dynamique du Chaos, c'est-à-dire : cash, sans artifice et sans compromis, donnant un vrai souffle au roman.
Et enfin, enfin, il y a les petits « tiroirs » ouverts^^… Non seulement, Gilberti maîtrise son récit avec intelligence mais il ouvre ce que j'appelle des « tiroirs », en d'autres termes des sujets de réflexion plus profonds, comme l'abêtissement des esprits, la manipulation des masses avec des allégories bien senties, notamment avec « la course au pessimiste » qui vous glace d'effroi et en utilisant à bon escient de jolis références littéraires.
Bref, vous l'avez compris : je suis une nouvelle convertie au gilbertisme et je ne peux que vous conseiller cette lecture, ne serait-ce que pour vous faire une opinion sur le mythe Carroll.