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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
4 étoiles pour la qualité de la littérature, des descriptions très organiques. Jean Giono aime les métaphores, les odeurs, le toucher.
Les odeurs sont épaisses et coulent comme des rivières, les mitrailleuses ont des griffes et des crocs qui dévorent les ventres mous.
Il y a quelque chose de très charnel dans ce roman. Les femmes, les ventres charnus ou béants, la terre, les plaies, les moutons, la boue fraîche contre les visages. Caresses ou agressions, le toucher est omniprésent.
On ne voit pas la guerre, on ne voit pas les Cévennes, juste des détails, à la loupe. Cet homme qui halète dans un trou d'obus ; cette femme qui fauche les blés sous le soleil écrasant. La transpiration, glacée ou brûlante, sur leurs fronts.

Comme toujours avec Jean Giono, c'est très beau, très organique (c'est le mot), poignant.

Une étoile en moins pour
- la forme : un détail d'écriture qui m'a laissée perplexe : une variation entre présent et passé de manière aléatoire
- le fond : je n'ai pas très bien compris la fin.

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J'ai été saisie par la plume de Giono, si crue dans ses descriptions macabres, et "sentimentales" (la femme qui trompe son mari parti en guerre...). Je ne sais que penser de ce livre, honnêtement. Je recommande tout de même pour votre curiosité, mais je précise qu'il reste sombre et réaliste. C'est aussi un peu difficile à rentrer dans le scénario quand on n'est pas un lecteur averti.
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Un texte magistral pour qui veut comprendre la Première Guerre Mondiale dans ses arrière-champs. le conflit est présenté comme mettant en péril l'humanité en général, jusqu'aux alpages isolés où les bergers, soudain, ne sont plus assez nombreux pour garder les moutons. Les scènes sur le front alternent avec celles au village, au hameau. de temps en temps une image forte, voire insoutenable. Je retrouve aussi le sens aigu de l'érotisme chez Giono avec ces femmes seules, Julia, Madeleine, que la solitude travaille et qui semblent, d'un désir à l'autre, n'être qu'un prolongement de la nature. Il sera difficile de trouver un roman plus puissant.
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De meurtrissures en atrocités, voilà ce que raconte ce livre qui décrit avec des mots simples, la Grande guerre : la douleur innommable des soldats confrontés à la faim, à la soif, au froid, celle du troupeau des caprins, tout en parallèle, qui doit quitter l'alpage faute de bergers appelés à combattre, la douleur aussi forte des civils, celle des paysans restés au pays, qui doivent affronter la perte d'un être cher, la folie qui frappe , qui gagne peu à peu les plus sensés.
C'est fort, c'est vrai, un témoignage d'un romancier qui a vécu cet enfer.
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Un roman typique de l'auteur, poétique, mettant en scène des personnages bien trempés, originaux et ancrés dans la terre et la vie. J'ai néanmoins trouvé certains passages difficiles à lire, car ce récit traite sans détour d'un sujet pénible : la Première Guerre. On y suit le parcours des hommes et des femmes aussi bien au front qu'à l'arrière. Encore un beau livre, puissant et touchant.
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Le roman de Jean Giono sur la Première Guerre Mondiale, tout au long de laquelle il est resté mobilisé, participant à toutes les batailles les plus meurtrières et en revenant forcené de pacifisme. Son oeuvre n'en parlera quasiment pas en dehors de cela.

A la différence de la plupart des autres grands romans qui traitent de ce conflit Giono ne se concentre pas uniquement sur le quotidien des soldats mais décrit autant la réalité des souffrances au front que celles des familles restées à l'arrière, femmes, vieux et enfants. Il bascule ainsi continuellement des uns aux autres dans un jeu de miroirs, par des courtes et nombreuses scènes successives qui tissent une histoire du conflit vu des hommes.

Un texte fort dont l'approche peut cependant être rendue assez difficile au départ par le style de langue utilisé, auquel il faut s'acclimater.
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Dés la scène d'introduction, Jean Giono prend position avec la métaphore du grand troupeau et de son bélier ensanglanté. Faire le choix de la guerre, c'est gâcher la vie.

On alterne ensuite entre les paragraphes qui mettent en scène les personnages principaux Olivier et Joseph, paysans mobilisés et celles et ceux qui espèrent leur retour à l'arrière, femmes et père.

On suit ces soldats d'infanterie, principalement avant ou après les combats. Sur les routes, à la recherche d'un abri de fortune, de nouvelles forces, de camarades. L'homme veille le copain qui agonise, voit tomber celui qui est fauché par la mitraille, retrouve les morts défigurés dans la boue ou les tripes à l'air.

L'histoire oppose les situations en périphérie du champ de bataille et la vie paysanne de l'arrière où les femmes assumeront seules le travail des champs. Par petites touches, l'auteur évoque également les profiteurs de la guerre, la désertion, la perte de conviction dans le discours patriotique et les gueules cassées.

L'écrivain ne glorifie ni les soldats ni les faits d'armes, il se contente de représenter des hommes dans des situations contraignantes et qui font face à la souffrance, celle de la terre aussi, et à la mort.

Dans ce roman où tous les sens du lecteur sont aux aguets, Jean Giono prend avec force le parti de la vie avec son écriture poétique pleine d'une puissance charnelle et parfois sensuelle. C'est d'ailleurs la vie qui gagne encore à la fin.
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Histoire d'un autre temps, d'un autre monde : celui de la Grande Guerre. le roman est composé d'une forme morcelée, comme si un obus venait d'exploser aux oreilles du lecteur : à l'entame de chaque nouveau chapitre, nous voilà parachuté au milieu du chaos des tranchées ou de la campagne désolée des hommes partis au front. Derrière eux, femmes, enfants et vieillards souffrent de cet abandon, leur poignant désarroi renforce la valeur inestimable des temps de paix.
A travers des scènes de la vie quotidienne des paysans, le long de la Durance, Jean Giono rend compte avec grâce du rythme et des habitudes villageoises en évoquant le travail de la terre et le soin porté aux bêtes. Celles-ci font échos aux hommes partis en colonne sur les sentiers, tel un grand troupeau, sacrifiés les uns après les autres sur le champ de bataille. Bêtes et hommes s'assimilent : nés de la terre, ils la hument, la mordent, en ressentent au fond d'eux la saveur, avant d'y retourner.
L'écriture de Giono est joliment imagée, puissante et évocatrice, mais aussi riche en figure de style, particulièrement en métaphore, animalisation et personnifications : « Au-dessous du trou, on entendait passer la mitrailleuse. Elle griffait la tout autour avec ses ongles de fer. On entendait le déclic de ses grandes pattes, puis ce tressaillement de tout son corps, quand elle se secouait puis elle sautait comme un oiseau, grattait son corps métallique, puis la terre fumait sous ses griffes. » Hommes, animaux, objets finissent par se fondre et se confondre en ces temps incertains.
Magnifique ouvrage qui laisse un sentiment nostalgique par rapport à un temps révolu dans les campagnes, et une profonde compassion pour tous nos ancêtres qui ont soufferts de la folie des hommes.
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Chez Giono tout est mêlé, organique, sensations, dans des phrases qui sont de la poésie audacieuse en prose. C'est ce qui m'a plus dans le Chant du Monde, Que ma Joie Demeure ou Un roi Sans Divertissement. Ici ça m'a un peu agacé, cette façon qu'il a de décrire les paysages par des images systématiquement surprenantes, des mots que l'on n'attend pas et qui pourtant collent assez bien.. C'est le côté systématique qui m'a un peu gêné (mais ça vient peut-être de mon humeur du moment). Même la façon dont les personnages parlent - sans dire les choses précisément souvent - est étrange. Ceci étant dit cette manière de mélanger humains, animaux, nature est quand même une idée forte - peut-être même géniale - pour parler de ce bouleversement horrible, ce cataclysme, aussi bien dans les campagnes du sud-est (la région habituelle où Giono campe ses récits) que sur les champs de bataille de la boucherie de 14. Car c'est bien de cela dont il parle : tout est boucherie, sens dessus-dessous, apocalypse : le monde n'a plus de sens, la vie n'a plus de valeur. Plus personne n'y comprend rien. Les hommes deviennent fous, parlent tout seul avant de se faire déchiquetés. Pierre-Jakez Hélias a dit que la guerre de 14 avait provoqué la fin de la société paysanne bretonne et brittophone (en tuant tant d'hommes, en détruisant les familles, en provoquant l'exil..). Giono dépeint cela aussi pour sa région, mais très différemment. J'ai lu plusieurs des livres "classiques" sur la guerre de 14 et je ne crois pas que quelqu'un d'autre - même pas Céline dans le Voyage au Bout de la Nuit - ait trempé autant sa plume dans le sang, la cervelle et la boue que ne le fait Giono. Ce qu'il écrit et les mots qu'il jette est hallucinant et colle sans doute de près à la perception des hommes arrachés à leur vie, à leur pays, par ce bourbier sanguinaire, cette "folie meurtrière" (selon l'expression consacrée). C'est donc un des livres les plus forts sur la guerre de 14 mais je préfère le Giono panthéiste qui chante les beautés malgré le traumatisme que sa plongé dans l'Horreur a provoqué en lui.
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. Giono a été durablement marqué par son expérience de la guerre de 14 et cela dictera ses engagements pacifistes radicaux. Pour exprimer son rejet absolu , il alterne dans son roman les horreurs des tranchées et les souffrances de l'arrière , dans les fermes de Haute Provence où les femmes esseulées doivent pallier à l'absence des hommes . Ce texte , à mon avis l'un des grands sur 14-18 est injustement ignoré , certes la violence de son indignation bouscule un peu les codes de la bonne littérature mais comment faire autrement ?

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