Lu dans le cadre de la Rentrée littéraire 2018 17ème Prix FNAC
Julia Glass nous conte l'histoire de Morty Lear, célébrité dans le monde du livre jeunesse.
Pour cela, elle a construit son histoire en forme de labyrinthe.
Oui Morty ou Mort et autres petits noms qu'il se donnait lui-même tels : mortadelle, Mortopoulos, Mortissimo, Mordred le mécontent) cachait ses blessures sous un humour bien trempé.
Qui était-il en réalité ? Car après sa mort accidentelle, son assistante depuis quarante ans, Tomasina peut se poser la question. Elle va devoir gérer son patrimoine artistique ainsi que son image.
Un lien s'était noué entre Morty et Nick Greene qui doit l'incarner dans un biopic qui n'est pas remis en question par la mort accidentelle de l'auteur.
A travers sa correspondance, ses échanges courriels, quel homme va apparaître ? Sûrement pas celui décrit dans la presse.
Il va falloir fouiller dans ses archives, dans tout ce qu'il laisse derrière lui.
De façon plus universelle, où se trouve la réalité d'une personne ? Plus la personne est célèbre plus la réalité est loin de l'image...
Morty avait à coeur un projet : « mettre aux enchères mes collections et, si nécessaire, de vendre et de disperser aux quatre coins mes oeuvres afin de financer la Fondation Mort Lear et la structure d'aide sociale...que j'aimerai l'appeler la Maison d'Ivo... »
La description de la cérémonie commémorative est jouissive, l'auteur arrive à nous faire entrer dans ce bal des faux-culs qui va se révéler être un point stratégique.
Chacun des protagonistes : Tomasina et Nick mais aussi Dani frère et modèle à son insu du personnage d'Ivo qui a fait la célébrité de Mort Lear, mais aussi Merry galeriste, vont voir leur vie bouleversée par cette disparition.
Ce qui est totalement ingénieux de la part de
Julia Glass, c'est que le final du livre place le lecteur dans la même situation que les protagonistes, comme si tous nous jouions au « jeu de la vérité » avec ses embarras, ses confusions, ses hontes parfois le trouble toujours.
Un roman étonnant, avec des personnages très bien incarnés, qui nous montre combien l'âme humaine, si elle est conscience et éveil, se bâtit de multiples façons avec le matériau que chacun peut avoir à sa portée, ce qui en fait la variété et la richesse.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 30 juin 2018