Eternellement l’été

C'est la fin de l'été, au milieu de cette forêt, et toute la bourgade de Bad Heim, ou du moins ce qui n'ont pas encore fui, attend avec impatience que les pluies d'automne arrivent enfin. Comme depuis plusieurs années, un incendie fait rage de l'autre côté de la rivière, et las, les habitants ont fait leur ce quotidien d'alertes météo, de masques à gaz, de gris cendre et d'horizon rougeoyant. Ils attendent.

Iris, responsable d'un hôtel qui a vu des jours meilleurs, attend elle aussi que la pluie se mette à tomber. Il n'y a que ça a faire, et discuter avec la voisine Baby, et ramasser les poissons morts qui flottent à la surface de l'étang. Jusqu'au jour où Dora et sa fille débarquent de nulle part, cherchant un abri dans la fournaise. le mystère entoure cette femme et les raisons qui la poussent à se cacher, et une cohabitation discrète se met en place alors qu'est tenu à l'écart le raisonnable docteur Vargas, qui mène l'enquête et cherche à remettre la main sur sa famille.

Une sorte de capsule étouffante dans laquelle les militantes écologistes croiseront le chemin d'Iris et Baby, de Dora et sa fille - ces femmes, le temps d'un été, seront au même endroit au même moment, suspendues, jusqu'à ce que.

Un premier roman qui joue avec la tension, la chaleur abrutissante, l'absurdité de ne pas pouvoir quitter un monde en feu, l'idée que l'apocalypse peut surgir et s'installer presque durablement dans le quotidien, et qu'il est possible d'y faire étape, de trouver un refuge, ne serait-ce qu'un moment, auprès des personnes qui la peuplent.

Le roman nous emmène en Allemagne, à Bad Heim, dans une ancienne station thermale autrefois paisible où l'esprit et le corps sont censés se reposer. Cependant, en raison d'un été caniculaire interminable, la région est devenue une zone d'incendie et fait l'objet des unes des journaux nationaux. Soumise à une réglementation stricte depuis 6 mois, la vie des habitants est transformée : fini le petit potager, la chaleur est insupportable et le port du masque inévitable. On ne lève même plus la tête au survol d'un hélicoptère et des colonnes de voitures se forment tant les gens tentent de quitter la ville.

Le dernier ilot capable d'accueillir des hôtes est un petit hôtel familial actuellement tenu par Iris qui continue ainsi dans la lignée de ses grand-parents. Un jour d'octobre, elle accepte d'héberger une femme accompagnée de sa petite fille. Dorota est une belle femme très discrète au comportement étrange, aussi Iris essaie-t'elle de comprendre ce qui a poussé une mère à venir à Bad Heim – quel danger a-t-elle dû fuir si cette zone périlleuse lui semble être un refuge ?

L'autrice a réussi à lier une histoire de femmes et de mères avec, en toile de fond, le climat et ses extrêmes aux conséquences catastrophiques ; elle nous offre ainsi un roman empreint d'actualité et captivant sur les relations familiales dont les protagonistes perdent le contrôle de leur vie – un roman certes pas joyeux, mais sensible qui démontre (pour apporter une touche positive) la solidarité féminine. Il est de plus porté par une traduction très fluide, et nous offre une tension palpable, accentuée par la fumée et les troubles respiratoires ou le journal télévisé en continu. Par petites touches, on en apprend plus sur cette catastrophe naturelle et sur l'histoire de Dorota et on se demande qui se manifestera plus tôt : le feu ou le passé ?
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Texte poignant qui vous prend par les tripes. Un moment de lecture qui nous transporte dans un futur possible ou une science fiction ... le coeur souhaite l'un, la raison penche pour l'autre. Les personnages nous donnent à réfléchir sur nos comportements, nos positions, nos jugements du quotidien.
Ce roman est vraiment une très belle découverte!

Roman fabuleux. L'écriture est impactante
tout en étant légère et poétique, les personnages sont bien trouvés et font société. L'histoire fait allusion à
des enjeux capitaux tels que le réchauffement climatique, I'inclusion, le
féminisme, sans devenir pour autant un
documentaire pesant. Aucun jugement
n'est porté et ça fait du bien
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