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4,12

sur 1318 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Devenir mère pour la première fois à Ravensbrück. Peut-on seulement imaginer ça ? Kinderzimmer est une descente aux enfers au camp de Ravensbrück sur les traces de Mila, une jeune résistante française déportée alors qu'elle est enceinte de quelques mois en 1944. Un récit basé sur des faits réels qui glace le sang.

Je ne connaissais pas l'existence des Kinderzimmer et ne savais pas que des bébés étaient nés à Ravensbrück. Je croyais que les futures mères étaient toutes assassinées dès leur arrivée ou qu'elles faisaient inévitablement des fausses couches vu leur malnutrition si leur grossesse était encore récente. Qu'elles soient capables (physiquement j'entends) de donner naissance dans un tel enfer n'est qu'une nouvelle preuve de cette incroyable force de (sur)vie que l'homme a.

Ces Kinderzimmer ne redorent en rien le blason des nazis. Au contraire. Ces Kinderzimmer étaient des mouroirs où on laissait dépérir à petit feu des bébés si affamés, si frigorifiés qu'ils ne pleuraient même pas et décédaient dans les 3 mois, la peau sur les os. Un crève-coeur de plus parmi la longue liste des ignominies relatées par Valentine Goby.

Le récit est fait avec une grande sobriété, sans pathos, avec une grande retenue. Mila semble comme anesthésiée par le froid, la souffrance, la peur. Valentine Goby se met à son diapason.

Bizarrement je sors de cette lecture marquée par les moments d'amour, d'amitié, de solidarité, de lumière dans ce camp où régnaient les ténèbres. Ce roman a su paradoxalement nourrir ma foi en l'humanité malgré ces pages noires.
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Roman lu en apnée, qui est à la fois suffoquant et impossible à poser tant Valentine Goby parvient à rendre Suzanne/Mila réelle. J'avais d'ailleurs parfois l'impression de lire un témoignage et non un roman.
Pour une première rencontre avec cette auteure, c'est, plus qu'un coup de coeur (impossible d'utiliser ce terme en lien avec une histoire se situant à Ravensbrück), un respect infini : tout en pudeur, elle parvient à créer un récit percutant, sans sensationnalisme, qui sert le devoir de mémoire tout en brillant d'intelligence et de sensibilité, avec une écriture forçant, là aussi, le respect.
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MAGNIFIQUE

L'écriture vous transporte. Des phrases en staccato qui donnent un récit bien rythmé. Et puis l'histoire aussi : celle d'une jeune femme déportée, Mila, qui se découvre enceinte à l'arrivée au camp. Comment réagir quand, coincée entre 4 barbelés, on comprend qu'on attend un enfant ? Ce sont ses doutes et ses interrogations face à une situation à laquelle elle n'était pas préparée. Comment survivre au froid quand on abrite un être en soi ? Comment donner le sein quand on se nourrit de miettes de pain ? Comment réussir à dormir la nuit quand on entend les derniers soupirs de ceux qui s'éteignent dans le noir ?

Ce qui m'a manqué ?
Pas grand chose. J'aurais peut-être souhaité encore plus de proximité avec Mila pour ne pas avoir le sentiment de rester simple spectateur de cette horreur. Les mots en allemands ainsi que l'alternance Il-Je-Tu m'ont aussi un peu désorientée au début. Mais ça importe peu face au reste qui vous éblouit.
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Trois mois, c'est l'espérance de vie d'un nourrisson dans un camp de concentration. Un laps de temps suffisant pour que la mort se saisisse du bébé, le fasse ressembler à un vieillard prématuré, le visage fripé, le corps rongé par les rats et fin comme une feuille de papier. Mila a vingt ans lorsqu'elle est arrêtée. Accusée d'appartenir à un réseau de résistants et de transmettre des messages codés, elle est déportée au camp de Ravensbrück. Être enceinte dans un camp de concentration, où chaque faiblesse est scrutée, c'est la mort assurée. Mila se tait. Elle fait comme toutes les femmes. Elle résiste, le dos droit, les muscles atrophiés, le visage dénué d'expression. Rien ne trahit son état. Elle se fait violence, observe, retient, enregistre tout ce qu'elle voit. C'est pour après. Quand on viendra les libérer, alors il faudra parler. Dire ce qu'elles ont vu. La poudre blanche administrée aux détenues. Somnifère, vraiment ? du poison, vraisemblablement. La preuve, les vêtements des femmes reviennent, délestés des corps qui les remplissaient. Eux sont brûlés. Dans cet enfer, Mila porte son enfant. Son ventre est son espace de liberté, le seul endroit que les allemands n'ont pas annexé. Cet enfant lui appartient, c'est son pied de nez à l'ennemi. Sa manière à elle de résister. Elle évolue dans un microcosme où la plus petite once d'humanité a déserté, où la Kinderzimmer, la « chambre d'enfant », fait office de sas de transition du ventre des mères au cimetière. Un rai de lumière dans un océan de ténèbres, un lieu insolite où les espoirs se cristallisent, où les femmes se relaient pour donner leur lait, mères allaitantes dont les nourrissons n'ont pas résisté aux morsures du froid et des rats, ainsi qu'au rationnement strict du lait. Un bébé mort c'est une brique de lait distribuée. Encore faut-il qu'il ne soit pas confisqué pour nourrir les chats. Kinderzimmer est un roman vertigineux. L'écriture de Valentine Goby éblouit, épousant merveilleusement le destin de ces femmes qui luttent avec férocité pour leur survie et celle de leur enfant.
Lien : http://www.booksnjoy.com/kin..
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C'est un petit bijou que nous livre Valentine Goby. Pas toujours facile à déchiffrer, tant l'écriture est dense et le sujet difficile, mais d'une justesse incroyable. Parfois, les mots sont crus lorsqu'il faut décrire la déchéance dans laquelle vivent les prisonnières mais comment exprimer l'horreur autrement ?!

J'ai aimé le personnage de Mila, son ignorance face à ce qui l'attend, que ce soit dans le camp ou dans son rôle de mère. Elle est touchante dans sa détresse, mais également, dans le fol espoir qui l'anime par moment.

J'ai aussi apprécié les liens qui se nouent entre ces femmes : l'entraide dont elles font preuve quand elles le peuvent mais aussi, l'égoïsme nécessaire à la survie. Valentine Goby ne triche pas en essayant d'embellir les choses, ce qui rend son roman d'autant plus juste.

Encore une fois, on découvre dans son roman toute l'horreur qui a pu naître de la folie nazie : le paradoxe de ces soldats qui peuvent se montrer immondes avec leurs victimes et qui, quelques secondes plus tard, s'extasient devant un petit oiseau. Et au milieu de cet enfer, la kinderzimmer, où la vie se bat inlassablement contre la mort et où l'espoir est permis, ne serait-ce que l'espace de quelques heures.

Une très belle lecture donc qui demande malgré tout de s'y investir pleinement. Je ne peux que vous la conseiller !
Lien : http://www.maghily.be/2016/0..
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Un roman grave, bouleversant, magistral.
L'écriture est précise, ciselée, pointue et apporte tellement de réalisme aux descriptions des conditions de vie dans le camp, la maladie, la faim, le manque d'hygiène, l'horreur du camp, la cruauté, la mort …
Un témoignage implacable.
Cette histoire m'a saisie, touchée de part le sujet qu'il traite, et de part son style.
Lien : http://seriallectrice.blogsp..
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1944, Ravensbrück et ses quarante mille femmes.
Parmi elles, Mila et sa cousine Lisette.
Comment survivre dans cet enfer.
Essayer d'abord de comprendre les aboiements en allemand qui ponctuent les journées.
Tenir en mangeant les rations minimes octroyées.
Obéir et travailler sinon ce sont les coups de fouet.
Essayer de prendre un peu de repos à deux sur une paillasse de 65 cm de large.
Se réchauffer quand l'hiver arrive.
Et ne pas penser que l'on est enceinte, le cacher car ça peut nuire.
Mais accoucher quand même et laisser son bébé dans la "Kinderzimmer" où d'autres nourrissons survivent deux à trois mois.
Comment les nourrir, comment avoir du lait alors qu'on est squelettique...


Comment parler d'un énième livre sur les camps de concentration.

Comment ne pas être submergée par l'émotion de cette lecture.

Essayer de voir ce qui est particulier à ce livre, peut-être le fait que ce soit centré uniquement sur des femmes et que la tendresse, la solidarité, la proximité physique apportent peut-être plus de réconfort que dans un milieu masculin (les "cadeaux" offerts après la naissance du bébé...).

Être frappée par le début du livre, quand Mila, très longtemps après, raconte son histoire à des lycéens et qu'une lycéenne lui demande "Mais alors vous ne saviez pas où vous alliez ? Vous ne saviez rien de Ravensbrück. ?..".

Non elle ne savait rien, elle ne pouvait pas imaginer, et d'ailleurs comment aurait-elle pu imaginer l'inimaginable.

Et comment en parler au retour quand son père lui dit "Nous aussi à Paris on a eu faim et froid".

Et comment le dire à son fils une fois grand.

Et même après avoir lu beaucoup de livres sur le sujet, il faut lire ce roman qui est aussi le récit de témoignages recueillis par l'auteur, et le faire lire pour que jamais on n'oublie !
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C'est vrai, on en a lu des tas, des livres sur les camps. Vraiment. On en a fait des films, on les a visité, on a entendu des récits à droite à gauche. Et pourtant?

Et pourtant ce livre est un incontournable. Au contraire des dizaines de livres qu'on a tous lu, il aborde des côtés de la vie dans les camps dont on parle rarement. Et même si l'écriture est particulière, elle est forte, elle vous percute, et en quelque page à peine vous vous sentez dedans. Vous vous dites "et si c'était moi?". Personnellement j'ai été conquise dès le début, dès le moment où elle a abordé le vocabulaire. Parce que c'est vrai ça, quand ils débarquaient dans un camp à l'autre bout de l'Allemagne, avec des tas de nationalités différentes, non seulement elles ne comprennaient pas ce qu'il se passait, mais en plus, la langue était différente!

Et cette histoire d'enfant. Comme si en fait toute ma vie j'avais occulté le fait que bien sûr, certaines déportées étaient enceintes, et qu'est ce qu'on en faisait de ces enfants?

Alors oui, des livres on en a lu, des films on en a vu, on a même entendu les témoignages de ceux qui voulaient bien raconté. Mais ce versant là, ce livre, il apporte encore tellement de chose et tellement d'explications sur L Histoire...
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Que dire après cette lecture... A lire absolument ? Oui.
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Encore un livre sur la déportation seriez vous tenté de dire…oui mais un livre indispensable…
Une jeune fille Mila est déportée pour raisons politiques : elle a été arrêtée pour faits de résistance par la Gestapo et déportée avec sa cousine Lisette vers le camp de Ravensbruck, camp réservé aux femmes… Conditions de survie terribles : appels par tout temps, en toutes saisons à 3 h30 du matin, faim, poux, dysenterie et typhus, lutte pour une place, pour un brin de chaleur sur ces châlits …et ces règles qui du fait des privations, disparaissent progressivement pour la majorité des déportées…
Mais pour Mila, ses règles ont disparu dès son arrivée … est elle enceinte? Elle ne le sait pas…..elle ne grossit pas, elle ne sent rien en elle…et puis un jour un accouchement rapide : "La femme dit elle perd les eaux, la petite accouche. Perdre les os. Des os vont franchir son col. Elle tient son ventre, terrorisée, à Teresa qui la soutient elle demande quels os et respire par saccades entre les contactions de l'abdomen. Quelque chose se passe et qui ne concerne pas sa volonté, de l'eau, des os"….et un bébé fripé tout menu, devient nouveau pensionnaire d'un camp de mort et on lui affecte le même numéro que sa mère
Un regard sur un aspect méconnu des camps: qu'advenait il des femmes enceintes lors de leur déportation et de leurs bébés, des bébés naissants dans ces camps faits pour tuer
Et le livre devient encore plus terrible, plus dérangeant, plus ignoble…La vie de ces bébés eux aussi soumise à la faim, à la proximité, à la saleté, les langes souillés…. une espérance de vie de quelques mois au plus….Lutte de la maman pour elle-même et pour allaiter ce bébé malgré sa propre faim, ce bébé qui lui est confié quelques heures par jour….des mamans impuissantes, confrontées à la mort qui rode autour d'elles et sur le berceau de leurs enfants …Quand cette mort arrive tristesse bien sur mais aussi une certaine forme de passivité….une mort parmi tant d'autres… un mieux être pour ces bébés. Mais des bébés qui donnent à ces mamans une lueur d'espoir une envie supplémentaire de voir le lendemain, de lutter
Mais comment des hommes peuvent-ils être aussi ignobles, comment peut-on infliger de telles souffrances à des bébés…très dérangeant
Et Mila témoigne : " Il faut des historiens pour rendre compte des événements ; des témoins imparfaits qui déclinent l'expérience particulière ; des romanciers pour inventer ce qui a disparu à jamais : l'instant présent"
Un livre à lire, des phrases courtes et percutantes…Une belle découverte
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