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4,12

sur 1312 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel roman ! Quelle force ! Quel réalisme !
En écrivant Kinderzimmer, la chambre des enfants, Valentine Goby a réalisé quelque chose d'essentiel : traduire l'indicible, nous le faire partager afin de ne pas oublier, jamais !
Cela, Suzanne Langlois tente de le faire face à une classe de lycéens, garçons et filles de dix-huit ans. Témoigner, plus de cinquante fois elle a réussi à le faire, quand une fille avec un anneau rouge dans le sourcil droit lui demande si elle savait qu'elle était à Ravensbrück. Elle qui disait « nous marchions jusqu'au camp de Ravensbrück » est déstabilisée car elle ne savait rien en arrivant là-bas.
C'est alors que Valentine Goby commence à raconter l'histoire de Mila, déportée politique, arrêtée pour son rôle dans la Résistance. Elle est partie comme quatre cents autres femmes, de Romainville, avec sa valise, enceinte. Trois jours, quatre nuits en train jusqu'à la gare de Fürstenberg. Jean Ferrat l'a si bien fait ressentir dans Nuit et Brouillard.
J'ai déjà lu beaucoup de récits, de documents, vu des films mais jamais je n'avais plongé aussi prêt du quotidien de ces femmes, dans leur vie abominable du camp de concentration.
Valentine Goby, par l'intermédiaire de Mila, détaille tout, émaille son texte de mots, de phrases, d'ordres en allemand et je me demande, au fil des pages, comment des femmes ont pu exercer autant de violence, imposer tant de souffrances, provoquer la mort atroce de centaines de milliers d'autres femmes déportées depuis tous les pays d'Europe sous la botte nazie ? Pour les hommes, l'horreur a été aussi la règle.
Les sévices sont effroyables. Ils sont décrits au jour le jour et nous sommes à la mi-avril 1944 quand Suzanne Langlois (Mila) part pour l'Allemagne.
Si Mila est enceinte, elle n'en dit rien car elle ne voit pas d'autres femmes comme elle. Il faut travailler dur, vider les wagons remplis de tout ce que les Allemands ont pillé dans les pays occupés, d'autres tricotent, cousent des vêtements mais la faim et les maladies font des ravages. Comment peuvent-elles tenir debout, immobiles à n'importe quelle heure du jour et de la nuit pour les fameux Appells, alors que la température est nettement en dessous de zéro ?
Valentine Goby montre bien la solidarité qui se développe, même si personne n'hésite à voler une autre pour pouvoir survivre. Puis il y a les conditions sanitaires inimaginables et leurs conséquences, irréparables. Pourtant, il faut tenir et tenter de se souvenir. Pour cela, Mila se met à répéter les dates : « 15/16 juin 1944 : transfert Kommando Neubrandenburg – 15 à 30 juillet : Wera vingt-cinq coups de bâton – Novembre : transport noir Zwodan – Décembre : femmes d'Auschwitz partent pour Uckermark… » Mila réussit à ne pas oublier, même à noter ces atrocités qui prouvent l'existence de ces camps de la mort où des quantités de vies ont été sacrifiées dans d'immenses souffrances.
Je n'oublie pas les bébés qui meurent au bout de quelques jours pendant que Schwester Martha réserve le lait pour ses chatons. Mila a accouché dans les pires conditions mais elle réussit à s'occuper épisodiquement de James puis de Sacha-James que nous retrouverons plus tard.
De par le monde, les hommes et les femmes ont prouvé, hélas, qu'il n'y avait pas de limites à l'horreur et aux sévices exercés sur leurs semblables mais ce qui s'est passé au coeur de l'Europe au cours des années 1940 va au-delà de l'imaginable.
Je ne peux que rendre un vibrant hommage à Valentine Goby, déjà beaucoup appréciée avec Un paquebot dans les arbres et Murène, pour ce Kinderzimmer découvert un peu tardivement et saluer les personnes qu'elle remercie à la fin de l'ouvrage car elles lui ont apporté leurs témoignages afin qu'il soit impossible d'ignorer ce qu'elles ont dû endurer et se souvenir des victimes de la barbarie nazie.

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Pour avoir rendu quelques services à la Résistance, Mila, de son vrai nom Suzanne, après avoir été dénoncée, a été arrêtée, emprisonnée puis déportée en Allemagne. Au printemps 1944, elles sont 400 femmes comme Mila parties de Romainville qui arrivent épuisées devant l'entrée du camp de Ravensbrück qui compte plus de quarante mille femmes. Mais voilà, dans ce lieu où la mort règne, Mila est enceinte et veut que sa grossesse reste invisible et dans sa tête les questions se bousculent, ignorante de son propre corps. Après la mort de Lisette, la cousine de Mila, Teresa va se rapprocher d'elle et sera là pour lui insuffler le devoir de tenir et partagera maintenant avec elle le double fardeau.
Lors de la naissance de l'enfant, elle découvrira alors, à l'infirmerie, la Kinderzimmer, la chambre des enfants.
Avec ce roman, Valentine Goby révèle une parfaite connaissance de l'époque et nous dévoile l'existence de cette Kinderzimmer qui a vraiment existé et dans laquelle la grande résistante Marie-Jo Chombart de Lauwe, a oeuvré tant qu'elle a pu pour sauver les vies de ces bébés de la mort et à qui cet ouvrage est dédié.
Valentine Goby a rédigé là, un livre remarquable écrit au présent qui nous plonge véritablement dans cet enfer concentrationnaire et ceci sans pathos malgré l'horreur décrite avec précision. Rien ne nous est épargné de la faim, du froid, de la promiscuité, du supplice de l'Appell qui peut durer des heures et où les déportées doivent se tenir immobiles dans le froid glacial, telles des stèles, de la peur de la maladie et de devoir aller au Revier, l'infirmerie véritable antichambre de la mort.
Pour ce qui est de la Kinderzimmer, ce n'est qu'en septembre 1944 que les nazis décidèrent de la créer. Jusque-là, les déportées enceintes étaient obligées d'avorter, même tardivement.
Néanmoins l'espérance de vie des nourrissons était très limitée, elle tournait autour de trois mois et très rapidement les bébés déclinaient et mouraient. L'auteure s'attache à montrer le courage, la solidarité et l'ingéniosité dont vont faire preuve les compagnes de Mila pour garder cet enfant en vie, enfant qui, pour elles toutes est un ultime espoir dans cet enfer.
Seulement trois enfants français nés à Ravensbrück ont survécu.
Avec cette fiction romanesque, Valentine Goby porte à notre connaissance un aspect peu connu de la vie des camps, à savoir la naissance de bébés dans les camps de concentration. À la fin du bouquin, elle n'omet pas de parler de la joie lors du retour de retrouver certains proches mais surtout de la communication presque impossible à établir. « Ils disent qu'ils ont eu peur pour elle. … En fait, ils ont peur d'elle . Ce qu'elle a vu, entendu, ils ne veulent pas le voir, pas l'entendre ». « Elle sait qu'elle va porter Ravensbrück comme elle a porté son enfant : seule et en secret ».
C'est un livre qui se lit avec douleur, c'est une lecture éprouvante et qui secoue mais une lecture ô combien nécessaire pour ne pas oublier et éviter que l'homme ne retombe dans ce complet avilissement !
Je suis restée sidérée, tétanisée devant cette cruauté monstrueuse perpétrée par des hommes et des femmes, envers leurs semblables. Peut-on, d'ailleurs, encore dénommer ainsi ces bourreaux, véritables barbares? Mais je suis également restée ébahie et quasi incrédule devant le courage, l ‘énergie, l'audace souvent dont ont du faire preuve ces femmes pour supporter ces conditions inqualifiables.
L'écriture est brillante, juste, sobre et terriblement percutante et impressionnante.
Kinderzimmer prouve déjà tout le talent littéraire de Valentine Goby que j'avais déjà eu le plaisir de découvrir avec Un paquebot dans les arbres et Murène.

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En refermant ce roman, je me suis rendu compte qu'un sentiment inhabituel m'avait envahie. Mal à l'aise. Je me sentais très mal à l'aise. L'avais-je aimé ? Je n'avais pas pu le reposer. Les pages m'avaient absorbée, elles avaient défilé tellement vite que la dernière page arrivée, j'étais déstabilisée. Déja ? Mais l'ai-je aimé ? Je suis incapable de répondre à cette question. Parce que j'ai le sentiment que dire que je l'ai aimé va à l'encontre de cette histoire. Comment peux-ton aimer le malheur humain ? La déchéance ? Comment peut-on aimer Ravensbrück ?

Suzanne, dite Mila, est arrêtée en 1944 avec tout son réseau de résistance et est envoyée au camp de Ravensbrück. Elle n'est pas seule. En plus de ses compagnes d'infortune, elle porte en elle l'impossible dans un camp. Un enfant.

La lente descente aux enfers, l'incompréhension, cette langue qui nous échappe et qui ponctue le récit, la faim, la saleté, la maladie, la mort qui se rapproche, inexorable, celle qui nous guette tous, prête à fondre sur nous comme un vautour sur sa proie.

Les coups, l’humiliation, l'épuisement, le désespoir... Mila veut survivre, ultime réflexe de vie. Les femmes veulent survivre : la libération est proche. Les rumeurs courent dans le camp. Bientôt, dans pas longtemps, il faut tenir.

Et au milieu de tout cela, la Kinderzimmer, cette nurserie qui accueille des enfants qui deviennent bien trop tôt des vieillards. Cette nurserie appel à la vie, mais ode à la mort. Cette nurserie qui donne une raison de se battre, pour eux, pour ces nouveaux nés, pour James, le fils de Mila. Cette nurserie qui donne un sens à leur vie.

Au camp, l'espoir ne tient qu'à d'infimes choses : les repas, la musique, la neige, les rencontres qui vous aident à tenir, la solidarité entre prisonnières.

En lisant les premières pages, les difficultés de Mila à comprendre cette langue, à apprendre les codes du camp, j'ai été ébranlée. Le présent de narration avait un côté dérangeant. Point de distance entre le récit et mon présent. Point de distance entre les personnages et moi. Le récit de Mila devenait mon présent. Il devenait mien. J'ai tremblé devant l'inhumanité des gardiennes qui préféraient nourrir les rats que les nouveaux nés, devant les sévices que devaient endurer les prisonnières, et comme toutes ces femmes, je me suis raccrochée à la vie. À Mila d'abord, puis à son petit James. L'âcreté de l’écriture m'a happée, m'a transportée, et m'a poussée à faire défiler les pages sans pouvoir m'arrêter. L'intimité de ce présent m'a donné honte, j'étais presque devenue une voyeuse en observant cette mère qui n'a plus de lait et qui presse son sein sec. Je ne me reconnaissais pas. Comme elles ne se reconnaissaient plus.

Ai-je aimé ce roman ? Je ne sais toujours pas. Mais une chose est sûre, il a laissé une empreinte indélébile en moi. Pour moi un roman magistral.

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Mila prisonnière politique est déportée à Ravensbruck, comme des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, loin de toute humanité. Enceinte, Mila doit survivre pour l'enfant, pour témoigner, pour ces compagnes disparues.
Valentine Goby met des mots sur l'insoutenable, elle n'omet rien, ces femmes sont d'une humanité déchirante, là ou tout n'est que tristesse et désolation.
Le roman de Valentine Goby est un texte fort, éprouvant, d'une terrifiante cruauté, l'atroce souffrance du manque de tout ou l'espoir a déserté ces endroits maudits. Aucun mot ne peut décrire cette ignominie.
Tout faire pour ne jamais oublier ce que furent les camps de concentration, l'inimaginable vécu à Ravensbruck ou ailleurs. La littérature doit aussi servir à cela. le livre de Valentine Goby en est un bouleversant et indispensable récit.
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Refermer Kinderzimmer de Valentine Goby et se dire: Je n'aime pas.
Je n'aime pas l'horreur que décrivent les mots de l'auteur malgré leur prudente et délicate retenue.
Je n'aime pas les images que ces mots ont imprimées dans mon cerveau.
Je n'aime pas constater l'accélération de mon rythme cardiaque à la lecture de ces mots.
Je n'aime pas la larme au coin de l'oeil venue par ces mots.
Et pourtant
J'aime ces femmes. J'aime leur histoire.
J'aime leur courage révélé, leur volonté, leur force d'âme quand la force physique n'existe plus.
J'aime leur solidité malgré leur anéantissement, leur solidarité malgré l'adversité. Leur héroïsme, oui j'aime.
Et surtout
Je ne veux pas oublier ces femmes. Je veux continuer de porter leur mémoire parce que c'est aussi la mienne. Je veux aussi retenir leur histoire parce qu'elle demeure, malgré l'horreur ou l'héroïsme encore tellement trop contemporaine.
Merci Valentine Goby.
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Voilà quelques jours que j'ai clos la lecture de ce livre et il est toujours tellement présent en moi, que je n'arrive pas à passer sereinement à un autre, que je ne me résous pas à écrire cette critique, qui ne pourra être que désuète par rapport au sentiment laissé, car quoi dire et que dire de plus ?
Comment écrire ici « j'ai adoré ce livre », « c'est un livre sublime, magnifique », « l'écriture est superbe, tendue dans un équilibre fragile », « l'auteure a fait un travail d'écriture formidable »... alors que l'essentiel du propos n'est qu'horreur et douleur ?
(Non, je n'oublie pas ce pari de vie, Sacha-James et Mila...)

Alors parler du fossé entre le récit institué comme vecteur de mémoire et le vécu. de cette distance au fil du temps, mise par Suzanne, entre les faits qu'elle raconte et les émotions éprouvées : protection toute naturelle et humaine, qui va voler en éclats.
Et replonger avec Kinderzimmer, dans sa terreur et sa souffrance, livrée ici en flot, en jet, comme un trop plein déversé dans l'urgence, parole gardée pour soi à la sortie des camps, où l'on ne pouvait dire, faute de volonté d'entendre.

Penser à ces soixante dix dernières années, au présent et au futur qui nous attend et se demander si nous ne scandons pas tous, le « plus jamais ça ! », les yeux bandés...
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Kinderzimmer... ou la preuve qu'il y a souvent dans l'horreur des raffinements qu'on n'imaginait pas, et dans l'être humain des ressources insoupçonnées de courage, de solidarité et d'optimisme pour y faire face.

Sans pouvoir l'appréhender complètement, on connait tous la monstruosité des camps de concentration nazis. Là, c'en est un aspect particulier qui nous est raconté : celui des femmes enceintes à leur arrivée et de leurs bébés nés là-bas.

C'est une réalité historique, aux statistiques poignantes : sur 500 nourrissons nés à Ravensbrück, seuls 40 ont survécu. Valentine Goby part de cette réalité historique, sur laquelle elle semble s'être énormément documentée, et en fait le roman de Mila, une toute jeune résistante française internée avec un secret dans son ventre.

Avec elle, on vit Ravensbrück, camp de concentration dans lequel sont parquées, triment et survivent (ou meurent) 40 000 femmes, détenues politiques le plus souvent. Et la tragique Kinderzimmer où les nourrissons meurent quasi-ineroxablement vers 3 mois, faute de nourriture, d'hygiène et de soins, malgré les efforts de quelques unes...

Mon commentaire trop factuel ne rend pas justice à ce livre qui n'est qu'émotion : émotion devant la cruauté, émotion devant la tendresse ou la solidarité, émotion devant la vie qui triomphe parfois. Emotion devant un livre beau et fort.
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Quelle claque ! Vraiment, même si je connaissais les grandes lignes (à savoir les événements dramatiques qui se sont déroulés durant la Seconde Guerre mondiale) et que, par conséquent, je ne pouvais pas m'attendre à quelque chose de joyeux, j'avoue que j'ai quand même été bouleversée par ce magnifique roman. Je l'ai commencé en connaissance de cause, donc de mon plein gré (c'est d'ailleurs moi qui ai demandé à mon mari de me l'offrir pour Noël) mais il n'empêche que je me suis quand même pris une sacrée claque au fur et à mesure que j'avançais dans cette lecture. Vous comprendrez peut-être maintenant pourquoi je ne l'ai pas lu d'une seule traite, faisant quelques pauses avec la lecture de bandes-dessinées et je pense d'ailleurs que je vais refaire la même chose, histoire de me remettre un peu.

Pourquoi ai-je été à ce point là émue ? Tout simplement parce que s'il est vraie que cette histoire-là est romancée, l'auteure, Valentine Goby, n'invente cependant rien en ce qui concerne la trame historique du roman. Eh oui, ces abominations se sont réellement déroulées et il y a de cela à peine soixante-dix ans. La cruauté humaine est sans bornes et le lecteur en trouve ici une illustration (cependant, il lui suffit de regarder les informations et de voir ce qui se passe par exemple en Centre Afrique ou dans d'autres pays du monde toujours en guerre à l'heure actuelle).
Dans ce superbe ouvrage (je m'en veux un peu d'utiliser cet adjectif qualificatif pour désigner cet ouvrage alors qu'il est rempli de cruauté et de violence, mais bon, veuillez m'en excuser, malgré l'histoire (Histoire), il n'en reste pas moins qu'il est admirablement bien écrit, ce qui le rend encore plus émouvant qu'il ne l'est déjà), l'histoire d'une femme, Suzanne Langlois mais, à travers elle, de temps d'autres...Suzanne, qui se fera appeler Mila a été arrêté en janvier 1944 à Romainville avec sa cousine Lisette et déportée au camp de Ravensbrück, en Allemagne. Opposante au régime politique, elle rencontre là-bas d'autres femmes comme elles et celle qui va devenir comme une soeur pour elle, une jeune polonaise prénommée Térésa. Dans le "Block" 35 comme dans les autres d'ailleurs, pas de distinction entre les nationalités mais au contaire un esprit d'entraide et de soutien entre chacune de ces femmes incroyables avec un seul mot au bout des lèvres : survivre. Ces femmes ne pensent pas encore à la fin de la guerre mais se préoccupent simplement d'être encore en vie le lendemain matin. Aussi, lorsque Mila se rend compte que le bébé qu'elle porte en elle est sur le point d'arriver, toutes ces femmes l'entraident à supporter cette épreuve. C'est là que Mila, le jeune française va découvrir la Kinderzimmer...

Je ne compte pas vous raconter toute l'histoire, rassurez-vous mais sachez seulement que ce livre est unique en son genre (j'ai lu plusieurs romans sur a Seconde Guerre mondiale mais aucun qui nous racontait toutes les difficultés qu'une femme pouvait rencontrer en pareilles circonstances, comme celles qui étaient sur le point d'accoucher ou, au contraire, comment faisaient celles qui avaient encore leurs règles par exemple), très bien écrit et très émouvant (un peu trop par moments et c'est la raison pour laquelle, comme je vous le disais au début de cette critique, je ne l'ai pas lu d'une traite). A découvrir à condition que vous ayez un moral d'acier lorsque vous entrez dans cette lecture car, soyez sûrs d'une chose, vous n'en sortirez pas indemnes ! Un roman qui laisse des traces !
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Ravensbrück. Un nom, des images. Des hommes, des femmes, des corps. La mort.

Avec le recul et tout ce que nous en savons, peut-on imaginer quelque chose de pire que l'horreur des camps de concentration ?

Oui. S'imaginer dans la peau de Mila. Être une femme qui se découvre enceinte alors qu'elle arrive dans cet endroit. Nier cette grossesse. Ce n'est pas possible.

Impossible de donner la vie dans un lieu qui pue la mort. L'odeur de la mort. L'odeur des corps. Les maladies. La putréfaction. Les plaies. le pus. La promiscuité. le quotidien. Non, ce n'est pas possible.

Et pourtant la vie s'accroche. Comme un acte de résistance, on s'accroche à ce secret, à cette vie qui va arriver et qui arrive contre toute logique.

Un roman fort, puissant, bouleversant. Une écriture au présent portée par un besoin de vérité.

« Pourvu qu'on se souvienne. »


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Nommer l'innommable, dire l'indicible, se souvenir des visages, des noms et des dates pour raconter l'horreur au présent...

Sur les pas de Suzanne, dite Mila, arrêtée en 1944 avec son réseau de résistance, Valentine Goby nous fait vivre l'enfer des camps au féminin, la mort lente et sûre à Ravensbrück, par la faim, le froid, la maladie, l'épuisement au travail, les coups, le désespoir... En même temps qu'elle apprend les codes absurdes du camp et son vocabulaire inconnu hurlé en allemand, Mila fait face au mystère de la maternité dans son corps qui s'apprête à donner la vie pour la première fois.
Elle va découvrir qu'au milieu de cette logique de destruction se trouve une aberration : la Kinderzimmer, la chambre des enfants, une nurserie de fortune destinée aux bébés nés dans le camp. Des nourrissons minuscules, aux traits de vieillards, séchés par la faim et dévorés de vermine, dont l'espérance de vie ne dépasse pas trois mois, mais une raison de vivre pour les femmes qui les ont mis au monde.

Au camp, l'espoir se rattache à de petites choses, au souvenir des repas d'antan, à la musique (Mila codait les messages du réseau sur des portées), à un rayon de soleil sur la neige, à la chance, aux rencontres, comme celle de Teresa, la Polonaise qui prend soin de Mila. Alors que chacune doit sauver sa peau, volant s'il le faut les vêtements des mortes de la nuit, une solidarité s'organise pour protéger les plus faibles, ou obtenir du charbon pour chauffer la pièce des enfants.
Dans un style audacieux, rythmé, l'auteur arrive à faire passer ce que ces femmes ont conservé de tendresse et d'humour. J'ai retrouvé l'humanité d'Eric-Emmanuel Schmitt dans sa nouvelle "Le plus beau livre du monde" ou celle du personnage d'Elizabeth McKenna dans "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates". Valentine Goby ose même un parallèle entre la vie dans le camp et la vie d'avant en expliquant qu'il est possible de garder son libre-arbitre, de choisir de vivre ou de mourir. « Vivre c'est ne pas devancer la mort, à Ravensbrück comme ailleurs. » Vivre c'est commencer par conserver sa dignité, donc l'espoir, par des gestes aussi simples que se brosser les dents (la brosse à dents étant le seul objet personnel laissé aux prisonnières), rincer sa robe, tuer les poux et se peigner avec les doigts…

Je ne crois pas que l'on puisse "aimer" un tel roman, ce n'est pas le mot. Mais je n'ai pas pu m'en détacher, il m'a happée comme un piège à loups. Dédié à la puéricultrice de Ravensbrück et aux enfants des camps, "Kinderzimmer" est non seulement une formidable performance d'écriture, mais aussi un rappel essentiel au devoir de mémoire.

-- Kinderzimmer a remporté le prix "Libraires en Seine" 2014 --
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