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4,12

sur 1326 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Des récits, fictifs ou réels, sur les camps de concentration et d'extermination de la Seconde Guerre Mondiale, j'en ai lu un certain nombre. Et, sans aucunement vouloir minimiser l'horreur que ce fût, chaque fois que je m'apprête à lire un nouveau texte, j'ai toujours une petite appréhension. La peur que le récit soit trop dégoulinant de sensibilité et me tire des larmes de force, me faisant culpabiliser si les larmes ne ruissellent pas à la fin de chaque phrase. Et a contrario, la crainte de finir par ne plus ressentir d'émotion quelconque à force de lire ce genre de récit, ou encore d'avoir l'impression de ne plus rien apprendre sur cette période. Alors oui je l'avoue, il m'arrive régulièrement de me demander si ce roman, ce film, ce documentaire sur ces atrocités n'est pas celui de trop, celui qui va me rebattre les oreilles, me ressasser des choses dont j'ai entendu parler maintes et maintes fois, celui qui va me tirer les larmes de force, me faisant culpabiliser si je n'ai pas le visage inondé de larmes à la fin de chaque phrase…
Et là, tu te dis que cette fille et folle, qu'elle est carrément sans coeur de seulement penser qu'on puisse en dire trop sur le génocide…

Et puis j'ai lu Kinderzimmer… et j'ai refermé le livre avec la forte conviction que le roman de trop n'était pas encore écrit, et que le jour où je saurai tout sur cette période n'est pas encore arrivé. Parce que bon sang quelle claque, ce roman !!



Kinderzimmer retrace le destin d'une jeune française déportée à Ravensbrück, un camp essentiellement destiné aux femmes. Mila est enceinte lorsqu'elle arrive au camp, mais décide de la cacher, car elle sait que pour elle ce serait la mort d'office pour elle et son futur bébé. Nous allons alors nous retrouver au coeur du camp de Ravensbrück, en compagnie des déportées mais aussi de ceux et celles qui vont diriger ce camp. Les surpeuplements des blocks, les appels à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, à obliger les prisonnières à rester des heures immobiles dans le froid glacial, les repas rationnés, les sélections, les maladies dues à une hygiène totalement absente… tout au long du roman, Valentine Goby nous narre les conditions inhumaines dans lesquelles étaient parquées les prisonnières. Les descriptions sont rudes, me provocant même à plusieurs reprises un dégoût, tellement les mots sont forts et nous renvoient à une image d'une précision remarquable. Alors, on se prend ses relents d'odeur en pleine face, on se figure ces femmes de plus en plus décharnées, moisissant dans leurs vêtements pleins de déjections, découvrant au petit matin leur voisine de paillasse morte pendant la nuit… Ou plus exactement, on essaie de se le figurer, en se demandant où se situent les limites d'une telle inhumanité. Ces descriptions sont sombres, cruelles.
Mais si la mort est omniprésente, ce roman c'est aussi et surtout une histoire de survie, une rage de vivre de chaque instant. Au milieu de ces conditions inimaginables, ce sont des femmes qui vont user de solidarité, de ruse, de trahison, de tromperie, dans un seul but : résister le plus longtemps possible. Croire que la liberté est pour bientôt. Et c'est dans ce contexte que Mila va évoluer, qu'elle va cacher sa grossesse jusqu'au dernier moment, et donner naissance à son fils dans des conditions plus que précaires. Alors, commence pour elle la lutte pour sa survie, mais surtout pour celle de son fils. Nous faisons connaissance avec la Kinderzimmer, cette chambre où sont entassés les enfants en bas âge. Aucun n'a plus de trois mois, car survivre sans soin, sans hygiène, sans un minimum est mission impossible… et ce, quand les bébés ne sont pas éliminés dès la naissance.
Au-delà de ce qu'elle vit, Mila est une fille émouvante tant par sa soif de combat et son désir de vivre, que par sa naïveté. Imaginez, une jeune fille de 20 ans, tombée enceinte un peu par accident, et qui ne comprend rien au fonctionnement de son propre corps… Et imaginez tout ça au camp de Ravensbrück… Et c'est peut-être cette innocence et cette naïveté qui vont l'aider à survivre et à y croire jusqu'au bout !
J'ai trouvé également les autres personnages très attachants ! Comment ne pas éprouver de la peine en quittant Teresa, qui sera d'une telle aide pour Mila ? Comment ne pas sourires en entendant Adèle rêver ? Comment ne pas éprouver rage quand l'une est sélectionnée ?

Si l'histoire en elle-même prend déjà aux tripes, la plume de Valentine Goby est tout autant saisissante, et surtout s'accorde parfaitement au récit. Au début, j'ai eu du mal avec ces phrases hachées, courtes, parfois sans verbe. Comme s'il manquait quelque chose. Je n'étais pas à l'aise. Et puis, j'ai pris mes marques au fur et à mesure, j'ai mieux compris, et je me suis approprié ce style. Et une fois passées mes premières appréhensions, j'ai totalement adhéré. En effet, l'auteure utilise souvent des phrases courtes, presque comme des listes, assénant un sentiment d'urgence… l'urgence de vivre, de ne pas se faire prendre, de survivre. Mais elle sait aussi, avec un style plus lent nous faire ressentir cette latence du temps qui ne passe pas, ou encore de ces longues heures à attendre sans bouger, dans le froid, la neige, la pluie…

En conclusion, Kinderzimmer est roman douloureux, sur une des périodes les plus sombres de l'Histoire. C'est un récit qui personnellement m'a été très instructif, car je l'avoue, je ne savais pratiquement rien de ces Kinderzimmer. Je savais que ça existait, mais c'est tout. Mais si le roman est fort, pour autant, il ne verse pas dans la sensiblerie forcée, et ne se veut pas moralisateur. C'est une fiction qui se base sur des faits réels, qui raconte, et ce seul récit se suffit à lui-même.

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Après avoir pu découvrir, avec un malaise certain devant l'horreur et l'innommable de cette époque, les textes de Primo Lévi, Jorge Semprun, Elie Wiesel, Art Spiegelman ou Martin Gray mais aussi l'avoir vécu à Auschwitz, ce nouveau récit par les échos que m'en fait la blogosphère ne pouvait que susciter ma volonté de le découvrir à mon tour.
Je retrouve ici le style spécifique de Valentine Goby ; des phrases fortes, lapidaires, un style hâchés qui plaît ou non mais qui marque. L'histoire ou les histoires, c'est autour de Mila que nous le suivons, jeune femme naîve arrêtée et déportée alors qu'elle est enceinte, sans vraiment comprendre ni son état ni l'enfer vers lequel elle allait entrer.
Toujours sous forme de traits vifs, d'images et de descriptions incisives, Valentine Goby nous transporte dans un monde où tout n'est que violence, désespérance mais espoirs aussi, celui de l'enfant à naître et pour lequel il faut survivre, celui d'une solidarité entre femmes pourtant réduites à de simples numéros tatoués et à une fin inéluctable à court et très court termes, compassion, soutien, débrouillardise entre elles et vers les plus faibles.
Puis il y a cet oasis incongru, enfer un peu moins dur, celui de la nurserie où tout manque, où la mortalité est une constante et où comble du sacrifice, des femmes ayant perdu leur bébé, offre leur lait aux autres nourrissons pour essayer de sauver ceux des autres, pour quelques heures, quelques jours et peut- être jusqu'à la délivrance du camp en cette année 1944 où les allemands connaissent le début de la chute.
Forte cette image où des femmes laminées, malades vont tenter de se sauver les unes avec les autres, par le partage des biens restants, des médicaments, de la nourriture et tout simplement de la chaleur corporelle pour entretenir l'espoir.
Vous l'aurez compris, ce livre est un coup de poing, un coup de coeur, désespérant quant à la nature humaine mais paradoxalement un témoignage indispensable et entretient tout de même un semblant d'espoir dans une petite part de l'humanité, de notre humanité.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Une fois de plus, Suzanne vient témoigner devant des lycéens. Résistante et déportée, il faut leur raconter les quatre jours de wagon à bestiaux, l'arrivée, la marche dans la nuit, jusqu'à Ravensbruck. Une jeune fille l'interrompt, comment saviez-vous que vous alliez à Ravensbruck ?
Suzanne doit alors se replonger au plus près des sensations immédiates, quotidiennes, celles de Mila, enceinte depuis peu, marchant dans l'obscurité, épaule contre épaule, jusqu'au baraquement de quarantaine, où les corps et les parasites grouillent, où faire ses besoins relève de l'exploit.
Ne pas dire, laisser deviner la grossesse. Tenir. Se nourrir de peu. Tenir. Voir crever une amie. Tenir.
Jusqu'à ce que. L'enfant que l'on croyait mort, a l'intérieur. Qu'il naisse.
Kinderzimmer, c'est un vécu au plus proche des sensations, terribles, crues, innommables. Au plus près de la peau desquamée, des cheveux rasés, de la dysenterie, des morts d'épuisement, de froid. Au plus près de la solidarité de ces femmes.
Et l'espoir, cultiver l'espoir, la beauté d'un lac, d'une fleur entrevus.
Valentine Goby excelle a nous faire ressentir l'abjection comme l'espérance, éclaire l'existence de ces Kinderzimmers méconnus, mouroirs pour la plupart des bébés qui y naîtront. Lieux de l'expression d'une humanité aléatoire et parfois surprenante.

Époustouflant de justesse.
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Quel roman! Quelle histoire, quelle effroyable histoire, quels personnages, quelle force ces femmes dégagent!
Âmes sensibles s'abstenir.
Ce livre est difficile à lire, à encaisser. L'histoire de Mila arrivant enceinte au camp de Ravensbruck. Porte-t-elle la vie ou plutôt la mort? Ce petit être la menera-t-elle à la mort précipitamment ou la sauvera-t-elle de cet enfer ? J'ai ressenti beaucoup de douleur à la lecture de certains passages, de colère parfois. Mais aussi de la lumière, celle de ces femmes qui se sont battues pour leur vie, pour celle de leur enfant, pour un peu de dignité. Un livre à lire pour toute personne intéressée par la seconde guerre mondiale.
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Kinderzimmer est un coup de poing, prend aux tripes, noir et addictif , on suit Suzanne, Mila et on sombre avec elle au coeur de cet enfer des camps nazis et comment décrire un quotidien si inhumain ? Ces amitiés qui se nouent dans cet enfer , fil d'humanité au delà du temps et pour lesquelles on espère que la lueur sera au bout du chemin.
Se rappeler, écrire et se souvenir pour témoigner , Pour ne pas oublier, ne jamais oublier.


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Bouleversant, poignant, inoubliable.
Un roman que j'ai dévoré, impossible de le lâcher avant la dernière page.
Je n'oublierai pas de sitôt Mila et sa cousine Lisette déportées à Ravensbruck en avril 1944 alors que Mila, 20 ans, est enceinte.
L'horreur absolue de la vie dans le camp mais aussi la force incroyable de ces femme, l'énergie qui les porte afin de rester debout, afin de garder intacte le peu de dignité qui leur reste.
Une écriture puissante, j'en suis sortie assommée!
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« Elle dit mi-avril 1944, nous partons pour l'Allemagne. On y est. Ce qui a précédé, la Résistance, l'arrestation, Fresnes, n'est au fond qu'un prélude. »
Voici comment Suzanne Langlois démarre le récit de sa déportation devant une classe de lycéens. Forcément, la vie s'arrête. le silence se fait dans les rangs. L'immobilité gagnent ces garçons et ces filles. Nous plongeons avec elle dans le passé, nous découvrons le présent de Mila qui marche jusqu'au camp de Ravensbrück. Mila n'a que 20 ans, elle part faire son devoir. Mila est enceinte mais elle ne sait pas si elle porte une vie ou sa propre condamnation…
Valentine Goby nous livre un témoignage glaçant sur la vie des camps, le quotidien de ses femmes fait de travaux forcés, maltraitance, brimades, coups, malnutrition, froid, mort, puanteur…
Un roman poignant dans lequel nous découvrons la vie des camps, l'ignorance du sort qui attend ses femmes, la peur quotidienne qui les tiraille et la formidable entraide qui leur permet de survivre, d'espérer, de rêver à l'après… le froid est leur ennemi, l'Appell leur hantise, l'hypothèse du gaz leur motivation pour tenir…mais, la raison de vivre de Mila est surtout la Kinderzimmer : une pièce dédiée aux nourrissons, un faible point de lumière dans ses ténèbres.
Un récit difficile mais nécessaire pour que l'on n'oublie pas le pire dont est capable l'Homme ; pour ne jamais le reproduire…
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"Mettre au monde, c'est mettre à mort."

Comment appréhender sereinement une grossesse lorsque la procréation est un sujet tabou? Comment accepter une grossesse et envisager une maternité lorsqu'on est arrêtée et déportée à Ravensbrück? Comment espérer donner la vie alors que la mort est omniprésente?

Kinderzimmer de Valentine Goby retrace la trajectoire bouleversante d'une jeune résistante française qui, en 1944, est déportée enceinte à Ravensbrück et dont l'enfant sera placé dans la Kinderzimmer, la chambre des enfants.

Ravensbrück. Un camp de déportés politiques où sont entassées comme du bétail des dizaines de milliers de femmes de toutes nationalités. C'est le travail forcé. Jusqu'à la mort. C'est la faim, abjecte. le froid, glacial. C'est le manque d'hygiène et la saleté, les maladies. Les rats. C'est la violence. Les insultes, les coups. Et c'est la mort.

Et dans cet enfer se trouvent des enfants. Et des nourrissons. Entassés eux aussi par dizaines dans une chambre spéciale, sans chaleur, sans lait, sans couches et sans soins.

Kinderzimmer est une plongée vertigineuse dans l'inconnu, l'inquiétude, l'incompréhensible. En 210 pages percutantes, Valentine Goby s'attache à dire l'indicible. Les phrases sont courtes, incisives. Pour dire la barbarie. Mais pour dire l'espoir aussi. Et l'amour. Malgré tout.

Cette lecture, extrêmement dure et éprouvante, a mis mes nerfs à rude épreuve et j'ai frôlé l'abandon, plusieurs fois. Mais soudain, un tournant. Une étincelle. C'est la prise de conscience, le refus de se soumettre et les ressources insoupçonnées. La solidarité. La générosité. le courage et la furieuse envie de survivre. Et l'amour. Immense.

Kinderzimmer. Un roman inoubliable. Un roman magistral.
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Valentine Goby réussit à faire incarner à Mila cette dualité extrême entre la vie et la mort, son combat quotidien pour survivre. Son écriture magistrale, nous entraîne avec rythme dans cette histoire que nous pensons ne connaître que trop bien et pourtant derrière la voix de Mila, c'est la voix de ces femmes que nous pouvons entendre, leur solidarité, leur bravoure mais aussi leur découragement et leur fol espoir aussi de voir cet enfer cesser. Nous sommes plongés dans ce quotidien, au milieu de ces femmes héroïques, l'une qui cherche à garder sa fierté, l'autre qui ne veut céder à cette gueule béante prête à l'engloutir, ce camp qui dévore les identités et l'humanité. Il s'agit au coeur de ces pages poignantes de découvrir un incommensurable instinct de survie, plus fort que l'ennemi et l'enfermement, où il faut tenir, encore et toujours, car "tu perds seulement quand tu abandonnes".
Lien : http://lire-ecouter-voir.com..
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Récit bouleversant d'une déportée politique, enceinte, à Ravensbrück. Par delà l'horreur, la solidarité des femmes pour tenter de survivre, l'espoir de faire vivre les enfants nés au camp, de faire mentir ceux qui disent que tout est perdu d'avance, de tenir, retenir, pour témoigner. Valentine Goby a recueilli les témoignages des deux enfants,d'une puéricultrice et de mères qui ont survécu. Elle raconte les gestes, les pensées, le soutien mutuel qui ont permis à certaines de dépasser l'horreur pour dire, raconter. Après d'autres lectures sur les camps, celui-ci est un chant de résistantes qui, malgré le désespoir, résonne avant tout d'une grande humanité.
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