Voici un nouveau livre de cette rentrée littéraire, qui était proposé par Lirtuel, « ma » bibliothèque virtuelle belge francophone gratuite – dont j'ai déjà tellement parlé que ceux qui me suivent vont finir par se lasser ! (clien d'oeil)
Le lire était dès lors une évidence : la couverture est magnifique (n'est-ce pas ?), le titre est intriguant, et l'éditeur figure parmi ceux que je considère comme une valeur sûre et que je suis depuis très longtemps, depuis que je lis des livres « d'adultes » en tout cas alors que j'étais encore ado, à l'époque où je fréquentais une petite bibliothèque (déjà !) de quartier avec mes parents.
Il ne se passe pourtant pas grand-chose dans ce livre : c'est un récit du quotidien, dans une vallée perdue et, au début de l'histoire, complètement isolée du reste du monde à cause de la saison hiver qui a tout recouvert avec menace d'avalanches. Nous sommes en 1942, et le jeune Parisien, Vincent, 12 ans, asthmatique, a été envoyé là-bas, à Vallorcine, dans ces montagnes qu'il n'a jamais vues (et puis, que sont des images dans un vieux livres, par rapport à la réalité d'une montagne que l'on découvre tout à coup ?) pour tenter de se soigner.
Dès les tout premiers mots, on comprend que ce livre va être un hommage émerveillé à la montagne au fil des saisons, et aux hommes et femmes rudes (mais de coeur) qui l'habitent, qui en vivent au jour le jour, entre travail, école pour les plus jeunes, et Église omniprésente mais apparemment bienveillante. le lecteur découvre ainsi, à travers les yeux de Vincent, un décor somptueux, que l'autrice évoque avec un grand art, dans un langage toujours très poétique mais non moins descriptif et réaliste, chargé d'une indicible émotion de toutes ces « premières fois » qui bouleversent notre petit Parisien… et tout autant le lecteur, pour peu qu'il soit au moins un peu sensible aux merveilles de la nature au fil des saisons. Les hommes et les femmes ne sont pas oubliés non plus, dans leurs tâches rudes qui les occupent inlassablement, du matin au soir, et ne leur laissent aucun de ces « loisirs » qui commencent à apparaître, notamment avec la venue des (rares) touristes qui viennent là l'été – pour autant, on ne ressent pas de sentiment d'injustice ou de révolte dans le chef des locaux, au mieux une vague incompréhension, pour eux qui vivent leur vie telle qu'elle est depuis toujours dans ce lieu peu accessible au reste du monde, gestes du quotidien et autres traditions que l'on se transmet de génération en génération, dès le plus jeune âge.
Le tout est d'une beauté renversante, même si certains passages m'ont fait osciller entre le sentiment que l'autrice en fait peut-être un peu trop, à chercher tant et tant de mots pour décrire l'indescriptible d'une montagne toujours changeante, toujours imprévisible, et une émotion qui serre tout à coup le coeur car, même si on ne connaît pas cette région en particulier, comme je disais plus haut, on pense à n'importe quelle autre montagne qui nous a marqué d'une « première fois » comme le petit Vincent, et on en est tout retourné !
Cela dit, ce livre ne serait qu'une description, certes magnifique, d'un cadre majestueux, s'il n'y avait aussi une histoire sous-jacente dans l'histoire, presque toujours en filigrane, mais tellement toujours présente et qui nous dit à chaque page tournée : « n'oublions jamais ! ».
C'est que Vincent s'appelle en réalité Vadim. de père russe émigré en France et de tradition juive, et malgré une mère française athée, il est bel et bien étiqueté « juif » dans ce monde de 1942 occupé par l'Allemagne nazie. Or, tandis que sa famille, refusant de porter l'étoile jaune, s'est dispersée pour échapper aux rafles de plus en plus nombreuses, Vallorcine est un refuge pour notre jeune héros. Mais pour combien de temps ? Au début de l'histoire, Vallorcine est mollement occupée par les soldats italiens, les ennemis certes, mais surtout les voisins et compagnons de toujours, avec qui les locaux partagent tant et tant de traditions, un patois même, et cette rude vie de montagne qui n'a pas de frontières ; ils n'en restent pas moins une menace, mais voilée et bien loin des réalités que Vadim-Vincent aurait affrontées à Paris. Hélas, la guerre reste présente, toujours, jusqu'à un dénouement attendu, qu'on devinait en partie, mais auquel on ne voulait pas croire…
J'ai ainsi terminé ce livre terriblement poétique avec émotion, hommage à ce décor somptueux qu'est une montagne toujours changeante, toujours imprévisible, au fil des jours et des saisons, avec ses habitants rudes mais au grand coeur qui se transmettent leurs gestes du quotidien de génération en génération dès le plus jeune âge. Il touche ainsi le lecteur au plus profond de ses propres souvenirs émerveillés. Mais c'est aussi un décor planté avec finesse dans la réalité de 1942, avec la présence en filigrane de la guerre, entre drame et absurdité, qui nous dit « n'oublions jamais » !
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C'est un article dans la revue du Club Alpin Français qui a attiré mon attention sur cette autrice.
Visiblement elle est passionnée de montagne, et cela se ressent dans ses descriptions très réalistes des paysages et des ambiances.
Au début du livre le style m'a paru un peu basique, mais petit à petit l'écriture s'affine et l'intrigue se met en place.
Il est bon de se rappeler que des gens ont protégé d'autres gens (des enfants) pendant une période très sombre de notre histoire, sans rien leur demander.
Qui a sauvé une vie, a sauvé l'humanité toute entière...
Puissent tous les politiciens actuels en Israël et en Palestine s'en rappeler et ouvrir enfin la voie à une paix durable !
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