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sur 673 notes
Vadim a 12 ans et vit à Paris avec ses parents quand ces derniers prennent la décision de l'envoyer à Vallorcine, un village de la vallée de Chamonix. Il est asthmatique et l'air de la montagne lui fera le plus grand bien. En réalité, nous sommes en 1943 et Vadim Pavlovitch prend l'identité de Vincent Dorselles, afin de fuir l'ennemi. Vincent va alors découvrir la montagne au fil des saisons et se lier d'amitié avec ses habitants.
Ce récit contemplatif nous plonge au coeur de cette île haute et nous émerveille grâce à la plume poétique de Valentine Goby.
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La montagne serait-elle le creuset de notre conscience écologique ? C'est ce que je me suis dit cet été, en vacances dans le Queyras, lorsque notre guide de canyoning m'a assuré qu'ils ne manquaient pas d'eau alors que la France souffrait de chaleur et de sécheresse. "Parce que nous sommes à la source" me disait-il. Et c'est vrai que la montagne, aux paysages verdoyants à couper le souffle, au terme de routes sinueuses et encaissées, est un lieu matriciel, la pierre angulaire où se ressourcer. Si la mer nous inspire et la campagne nous nourrit, la montagne nous renouvelle. Elle offre un shoot de nature aux randonneurs, ces amoureux de l'effort patient et du silence échangé, à la recherche de hauteur et de profondeur, hors des excès de la civilisation matérialiste. le nouveau livre de Valentine Goby, récit initiatique d'un adolescent juif qui fuit les risques de la guerre dans un repli des hautes montagnes, est le roman-paysage parfait pour retrouver ces sensations de nouveau monde.
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Voici un nouveau livre de cette rentrée littéraire, qui était proposé par Lirtuel, « ma » bibliothèque virtuelle belge francophone gratuite – dont j'ai déjà tellement parlé que ceux qui me suivent vont finir par se lasser ! (clien d'oeil)
Le lire était dès lors une évidence : la couverture est magnifique (n'est-ce pas ?), le titre est intriguant, et l'éditeur figure parmi ceux que je considère comme une valeur sûre et que je suis depuis très longtemps, depuis que je lis des livres « d'adultes » en tout cas alors que j'étais encore ado, à l'époque où je fréquentais une petite bibliothèque (déjà !) de quartier avec mes parents.

Il ne se passe pourtant pas grand-chose dans ce livre : c'est un récit du quotidien, dans une vallée perdue et, au début de l'histoire, complètement isolée du reste du monde à cause de la saison hiver qui a tout recouvert avec menace d'avalanches. Nous sommes en 1942, et le jeune Parisien, Vincent, 12 ans, asthmatique, a été envoyé là-bas, à Vallorcine, dans ces montagnes qu'il n'a jamais vues (et puis, que sont des images dans un vieux livres, par rapport à la réalité d'une montagne que l'on découvre tout à coup ?) pour tenter de se soigner.

Dès les tout premiers mots, on comprend que ce livre va être un hommage émerveillé à la montagne au fil des saisons, et aux hommes et femmes rudes (mais de coeur) qui l'habitent, qui en vivent au jour le jour, entre travail, école pour les plus jeunes, et Église omniprésente mais apparemment bienveillante. le lecteur découvre ainsi, à travers les yeux de Vincent, un décor somptueux, que l'autrice évoque avec un grand art, dans un langage toujours très poétique mais non moins descriptif et réaliste, chargé d'une indicible émotion de toutes ces « premières fois » qui bouleversent notre petit Parisien… et tout autant le lecteur, pour peu qu'il soit au moins un peu sensible aux merveilles de la nature au fil des saisons. Les hommes et les femmes ne sont pas oubliés non plus, dans leurs tâches rudes qui les occupent inlassablement, du matin au soir, et ne leur laissent aucun de ces « loisirs » qui commencent à apparaître, notamment avec la venue des (rares) touristes qui viennent là l'été – pour autant, on ne ressent pas de sentiment d'injustice ou de révolte dans le chef des locaux, au mieux une vague incompréhension, pour eux qui vivent leur vie telle qu'elle est depuis toujours dans ce lieu peu accessible au reste du monde, gestes du quotidien et autres traditions que l'on se transmet de génération en génération, dès le plus jeune âge.

Le tout est d'une beauté renversante, même si certains passages m'ont fait osciller entre le sentiment que l'autrice en fait peut-être un peu trop, à chercher tant et tant de mots pour décrire l'indescriptible d'une montagne toujours changeante, toujours imprévisible, et une émotion qui serre tout à coup le coeur car, même si on ne connaît pas cette région en particulier, comme je disais plus haut, on pense à n'importe quelle autre montagne qui nous a marqué d'une « première fois » comme le petit Vincent, et on en est tout retourné !

Cela dit, ce livre ne serait qu'une description, certes magnifique, d'un cadre majestueux, s'il n'y avait aussi une histoire sous-jacente dans l'histoire, presque toujours en filigrane, mais tellement toujours présente et qui nous dit à chaque page tournée : « n'oublions jamais ! ».
C'est que Vincent s'appelle en réalité Vadim. de père russe émigré en France et de tradition juive, et malgré une mère française athée, il est bel et bien étiqueté « juif » dans ce monde de 1942 occupé par l'Allemagne nazie. Or, tandis que sa famille, refusant de porter l'étoile jaune, s'est dispersée pour échapper aux rafles de plus en plus nombreuses, Vallorcine est un refuge pour notre jeune héros. Mais pour combien de temps ? Au début de l'histoire, Vallorcine est mollement occupée par les soldats italiens, les ennemis certes, mais surtout les voisins et compagnons de toujours, avec qui les locaux partagent tant et tant de traditions, un patois même, et cette rude vie de montagne qui n'a pas de frontières ; ils n'en restent pas moins une menace, mais voilée et bien loin des réalités que Vadim-Vincent aurait affrontées à Paris. Hélas, la guerre reste présente, toujours, jusqu'à un dénouement attendu, qu'on devinait en partie, mais auquel on ne voulait pas croire…

J'ai ainsi terminé ce livre terriblement poétique avec émotion, hommage à ce décor somptueux qu'est une montagne toujours changeante, toujours imprévisible, au fil des jours et des saisons, avec ses habitants rudes mais au grand coeur qui se transmettent leurs gestes du quotidien de génération en génération dès le plus jeune âge. Il touche ainsi le lecteur au plus profond de ses propres souvenirs émerveillés. Mais c'est aussi un décor planté avec finesse dans la réalité de 1942, avec la présence en filigrane de la guerre, entre drame et absurdité, qui nous dit « n'oublions jamais » !
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Valentine Goby et une jolie couverture rose pour un sujet terrible qui est tout sauf rose : un enfant avec des ascendants de confession hébraïque que sa famille avec l'aide d'une autre, envoie se réfugier à la montagne pour le bon air et l'isolement hivernal. Et voici un petit bonhomme sous un autre nom que le sien Vadim, qui découvre un autre univers, bien loin de celui de Paris, occupé par l'armée nazie et la prolifération des étoiles jaunes.
L'auteure nous décrit avec délicatesse les lieux, les gens, la neige, les montagnes, les premiers émois, la flore, les saisons qui passent, les rites qui les accompagnent. Elle est belle "l'île haute", à l'abri de la violence et des persécutions, des déportations et ils sont courageux, ce qui permettent la mise à l'abri. Nul n'est une île, c'est vrai, nous sommes ensemble, mais séparés, vivants et morts (notre esprit, notre souvenir), mais j'ai retrouvé dans ce nouveau roman, ce qui fait l'élégance, l'âpreté parfois, la beauté des mots qu'agence Valentine Goby. Et j'ai enfin compris le rose de la couverture : Vadim pense en couleurs. Il m'a fait penser avec cette particularité à Daniel Tammet, auteur qui a des troubles du spectre de l'autisme, et qui dit qu'il est né un jour bleu.
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Un roman qui m'a de suite embarqué ! J'ai gravi la montagne en hiver au côté de Vadim/Vincent, ressenti son émerveillement face à cette étendue blanche, apprécié ce refuge, cette île haute qui paraît inatteignable, même par les soubresauts de la guerre... Car le danger est pourtant bien là, en pleine Seconde Guerre mondiale, les havres de paix ne sont que provisoires. Mais Vincent préfère ne pas y penser, laisser ça dans un coin de sa tête, il est tellement happé par le paysage et les couleurs qu'il essaie de transcrire sur le papier à l'aide de ses crayons.
Roman d'apprentissage pour ce jeune garçon qui semble avoir tout à apprendre. Valentine Goby nous embarque au fil des saisons et du quotidien de la vie en montagne, son écriture est faite de mille couleurs d'odeurs, de sensations, on est à la fois dans la rudesse et la beauté des paysages et les images sont là, qui tourbillonnent dans notre tête de lecteur, enivrantes comme la montagne. Une belle réussite !
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« le brouillard tient le paysage dans un crépuscule de blanc. » Dans le reflet d'une neige délicate et compacte, pesante et aérienne. En apesanteur, entre nuages et poudre. Dans le mystère d'un décor sans cesse dérobé à la vue, où mille variations d'un même motif se confondent ; chacune gommant l'autre, dans la dissolution du passé, dans l'effacement d'une histoire. Ici, chaque flocon qui se dépose finement est la métamorphose d'une vérité qui se dévoile imperceptiblement ; la neige enveloppant le langage dans la douceur de l'euphémisme et la délicatesse de l'évocation. Ici, le paysage est la métaphore poétique d'un plus grand péril, quand sa blancheur immaculée évoque une toile vierge. Une image d'anéantissement, que vient fendre une montagne en un sombre présage. Dont l'apparition a la force des initiations à un nouveau monde, qui envahit l'intérieur du corps et de l'âme, qui s'empare des sens pour l'irruption d'une nouvelle vérité ; d'une nouvelle identité quand les reliefs se font membranes enserrant les plus lourds secrets. Où il est facile d'être un autre. Mais les flocons éthérés portent en eux la dualité même de la réalité qu'ils recouvrent, quand le tapis de neige ouaté devient sinistre, quand le refuge devient enceinte ; resserrant l'espace, enserrant les êtres, obstruant l'horizon. Comme une allégorie de l'enfermement ; dont cette variation extrinsèque répond à celle intime d'une maladie enserrant les poumons. En un sombre présage d'une menace pour l'humanité.
Et soudain, la neige fond. Libérant les couleurs cachées de syllabes, des sons et des mots, qui, ordonnent le monde et lui confèrent sa réalité. Dévoilant de nouveaux mondes qui coexistent, d'un langage qui fait le réel quand celui-ci s'impose à la rhétorique.
Révélant la langue plus concrète, l'écriture plus évocatrice, la pensée plus intellectualisée d'une autrice dont le propos, prodigieusement suggéré par chacun des flocons de neige, apparaît au grand jour.
Et avec lui, le chemin, libéré des glaces, d'un sublime roman initiatique qui mènera vers la vérité intérieure de la connaissance de soi.

« L'île haute » est le récit brillant d'une découverte fondatrice. Vadim, parisien asthmatique, est hébergé dans les Alpes. Sa rencontre avec la montagne porte la souveraineté d'une nouvelle naissance ; à la nature, aux autres et à soi. Par une écriture poétique et atmosphérique, Valentine Goby évoque des paysages recélant une vérité cachée ; qu'elle révèlera en questionnant le réel, l'art et le langage de manière prodigieuse.
Un roman brillant.

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Voici un roman qui nous entraine à hauteur d'enfant à la découverte des Alpes, dans l'émerveillement des premières fois, des premiers émois. Vadim fuit Paris, son air impossible à respirer pour un asthmatique et son époque, mauvaise pour celui qui a des ascendances juives.
C'est un livre à déguster pour la joliesse de sa langue, la poésie de ses images et le goût des mots qui roulent sous la langue. Il est éclairé par la gouaille d'une fille-oiseau, Moinette au coeur élargi, la tendresse d'une mère de substitution et la générosité de tout un village.
L'autrice réussit à nous montrer que, même au milieu de la tourmente, les enfants, rois de l'instant et de la découverte, se créent une île sur laquelle jouer, l'île haute.
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C'est un article dans la revue du Club Alpin Français qui a attiré mon attention sur cette autrice.
Visiblement elle est passionnée de montagne, et cela se ressent dans ses descriptions très réalistes des paysages et des ambiances.
Au début du livre le style m'a paru un peu basique, mais petit à petit l'écriture s'affine et l'intrigue se met en place.
Il est bon de se rappeler que des gens ont protégé d'autres gens (des enfants) pendant une période très sombre de notre histoire, sans rien leur demander.
Qui a sauvé une vie, a sauvé l'humanité toute entière...
Puissent tous les politiciens actuels en Israël et en Palestine s'en rappeler et ouvrir enfin la voie à une paix durable !
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Sur un quai de gare, où une religieuse le confie à un homme qu'il ne connait pas, ou un peu plus tard en parlant à sa mère au téléphone, Vadim Pavlevitch devient Vincent Dorselles, jeune garçon asthmatique envoyé à la montagne pour profiter du bon air.

La période, on la cerne vite, 1943, les Allemands sillonnent Paris, menaçants.
Mais ici, face aux Aiguilles Rouges, Vincent va vivre trois saisons aux couleurs aussi resplendissantes que nouvelles à ses yeux de parisien.

Avec L'île haute, je découvrais l'écriture de Valentine Goby et ce fut un vrai bonheur.
Les descriptions sont somptueuses ; le paysage, blanc, vert ou jaune, s'est déroulé sous mes yeux pendant des pages, un pur enchantement.
Ces merveilles de la nature prennent d'ailleurs le pas sur le contexte historique difficile et à l'instar de Vincent, je suis restée fascinée par toute cette beauté, par la métamorphose de la nature selon les saisons.

Cependant, la dernière partie replace les évènements dans leur contexte et offre une belle montée en puissance et en émotions. Les dernières pages (qui influencent toujours fortement mon ressenti) sont splendides.
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Le début est prometteur, on comprend que la vie de Vadim, à moins que ce ne soit Vincent, va être bouleversée, on comprend assez rapidement pourquoi, reste le comment. A partir de là, l'écriture s'étire, brouillonne, comme le temps sans doute, mais j'ai fini par rapidement m'ennuyer, je n'ai pas su ou pu m'adapter à la découverte du nouveau monde et à l'éveil des sens de ce bonhomme d'une douzaine d'années. Contrairement à la Mathilde d'Un Paquebot dans les arbres, le Vadim/Vincent de L'île haute m'a laissé sur ma faim et pourtant j'ai l'impression qu'il aurait suffi de presque rien pour que ça fonctionne. Je suis passée à côté.
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