AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782900768396
174 pages
Le de Bleu (20/03/2000)
4.12/5   4 notes
Résumé :


" Godeau fait tenir en 8 ou 10 lignes ineffables ce que les analystes chevronnés de L'Express ou de L'Observateur ou du Monde n'atteignent, et pas toujours, qu'en 3 ou 4 colonnes... S'il avait été grand reporter, il serait mondialement connu... " Georges Mounin (La Quinzaine Littéraire).

Votre vie m'intéresse n'est pas seulement le détournement malicieux d'un slogan publicitaire connu. Ce titre traduit très exactement le projet - pour... >Voir plus
Que lire après Votre vie m'intéresseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
N°15 – Août 1986.
VOTRE VIE M'INTERESSEGeorges-Léon GODEAU – le Dé Bleu.

L'univers d'un poète est tout entier contenu dans ses mots et il rend compte de sa vision des choses d'une manière qui lui est propre, qui est unique. Léon-Georges Godeau possède cette qualité rare d'émouvoir en quelques phrases et de dire les choses et les gens aussi simplement qu'ils sont. Il fait sûrement sienne cette pensée de Victor Ségalen « Voir le monde et l'ayant vu dire sa vision ».
Son écriture est de plain-pied avec les gens de toute condition, dans leur quotidien, leurs joies, leurs peines, leur travail. Il en est le témoin privilégié, s'identifie à eux parce qu'il a su promener son regard attentif sur le monde qui l'entoure et montrer à son lecteur ce qu'il a lui-même perçu sans pour autant y prêter attention. N'avoue-t-il pas lui-même « Mon peuple, je suis bien avec » ? (« une gamine », « les petits voyous »).

Poète, Il n'en n'a pas été un homme de labeur, en contact constant avec d'autres hommes différents de lui mais qui lui ressemblent simplement parce qu'ils portent en eux la marque de la condition humaine. Ces paysans, ces ouvriers, ces bureaucrates, il les a côtoyés chaque jour de sa vie , mais ils sont aussi ses voisins, ses familiers (« Le nain », « Le rôdeur », « Le boueur », « Louise », « La meilleure secrétaire »).

Tel un artisan méticuleux, il procède par petites touches pleines de vie, pleine de cette vérité qu'on voudrait cacher mais que sa sensibilité sait déceler. Il sait aussi décrire avec minutie les frayeurs intimes et puériles qui sont les siennes et par conséquent les nôtres (« Le causse »). Quand il parle de jeunes-filles ou des femmes, le style fait une grande place au non-dit, comme une délicatesse qu'il nous invite à saisir (« La fille du mareyeur », « Les femmes »). Qu'on ne s'y trompe pas, l'économie engendre l'harmonie et les mots sonnent agréablement à l'oreille car l'écriture est stricte, dépouillée, claire, pleine de senteurs et d'images. Cette « matière-émotion » comme aurait dit Char, je la retrouve dans ses dessins à la plume plus que dans sa peinture et cette exigence, je le rencontre en lui-même quand il déclare que malgré les nombreux recueils publiés, dont un chez Gallimard, et malgré une notoriété qui s'étend jusqu'au Japon et en URSS où il est traduit , seuls quelques dizaines de texte trouvent grâce à se yeux. N'avoue-t-il pas « Rien n'est important sauf quelques vrais textes qui resteront après le grand remue-ménage » ? Ce n'est pas la moindre qualité de cette anthologie que d'offrir au lecteur l'occasion de connaître Godeau à travers 25 années d'écriture.

S'il n'a jamais été donné une définition de la poésie, celle qu'il fait sienne résume bien les choses « Les poèmes s'inventent au bord du monde, un pied sur la terre l'autre das le vide ». Ce que je retiens de ce livre c'est que son auteur a vu le monde, l'a mis dans ses yeux pour le remettre dans les nôtres. Il l'a fait simplement en nous invitant à nous arrêter. Tant pis pour ceux qui sont pressés !

©Hervé GAUTIER – Août 1986 - http://hervegautier.e-monsite.com
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
POINT CRITIQUE

Quand la poésie vous tombe en pleine rue, si sûre qu’il suffirait d’écrire à perdre haleine, ne cherchez pas un crayon, un papier, un mur pour s’appuyer, le monde est là, méfiant et prêt à rire. Il veut plutôt que vous marchiez avec lui, il a des choses à dire, il s’agite, il jacasse, arrache une à une les plumes du bel oiseau que vous teniez encore tout à l’heure et qui, vous le sentez bien, s’échappe. Vous vous insurgez. Dans une ruelle, sans crier gare, vous filez, courez pour grimper quatre à quatre l’escalier du haut bâtiment au sommet duquel vous avez un coin. Là, enfin, vous pouvez quelque chose. Vous le faites tout de suite, le plus parfaitement possible. Au bout d’un moment, parfois dans la soirée si vous manquez d’air, vous arrivez à réunir les fils. C’est une brève histoire, compacte, bien à vous. Trois fois vous la relisez et vous pensez aux amis lointains qui partageront les premiers la bonne nouvelle.
Avouez, vous avez eu peur et vous aviez raison, tant il est vrai qu’il est risqué de franchir cinq cents mètres de foule avec un enfant en train de naître surtout quand il est beau.
Commenter  J’apprécie          50
LES PETITS VOYOUS

Les petits voyous s’en vont à l’école. Ils ramassent des cailloux pointus pour rayer les voitures. Les plus belles, le plaisir est plus fort.
Les pardessus des petits voyous sont trop courts. La mère est manœuvre à l’usine. Elle taille dans les vieux effets, entre onze heures et minuit. La baraque est froide. Ses doigts sont gourds.
Les enfants sont couchés dans le même lit. Ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre la misère.
À force, la misère, elle met des pierres dans les mains.
Commenter  J’apprécie          70
Le boueur

Boueur, je te reconnais quand je te croise l'après-midi, pour t'avoir regardé souvent, le matin, courir derrière la benne, courir, sauter, jeter, recommencer.

Les hommes n'admirent que les athlètes du dimanche.

Boueur, garçon de belle allure à la peau claire et au chandail propre, écoute le rythme de ton corps et regarde bien en face l'humanité.

Tu es un de ses plus beaux fils.
Commenter  J’apprécie          40
Les arbres


Les arbres sont des voisins comme le
boulanger, le garagiste. Ils vivent à côté de
nous, ils échangent leur ombre contre des
seaux d'eau et chacun retourne à ses
problèmes, ses coups de vent.
Caresser la peau d'un arbre ne va pas
plus loin que serrer la main du boulanger.
Commenter  J’apprécie          50
Ces livres qui naissent bien constitués, qui n'ont besoin de personne pour grandir, qui se balancent un rien puis prennent la haute mer sont comme les grands voiliers, ils ne sont jamais là quand on arrive, ils accostent quand on est ailleurs, juste pour repartir. Ceux qui voyagent avec font durer le plaisir.
Pour embarquer, il faut soudoyer longtemps le commandant du port. C'est une vieille femme à l'oreille fine qui comprend la gravité du problème.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : poésieVoir plus


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1227 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}