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EAN : 9782930394060
236 pages
Socrate Editions Promarex (01/07/2005)
4.25/5   2 notes
Résumé :

La folie vous aime !

La « folie » (le mot fait peur, mais ce n’est que l’ancien nom des troubles psychologiques) est non seulement peu connue du public, mais aussi mal comprise par les professionnels, et traitée de manière insatisfaisante. Que la santé mentale soit une utopie n’y arrange rien. Dans un style séduisant, Godfroid met en cause l’incapacité de la science à expliquer les liens qui unissent le cerveau et la pensée. C’est tout un pan ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre est ou se veut surprenant. Il enchaîne des propos théoriques sur la maldie mentale, la folie, les traitements, les théories, et l'auteur y donne clairement sa façon de penser, et ce qu'il estime bon dans cette nébuleuse de la psychiatrie, de la pychologie, de la psychothérapie. Des propos plus théoriques donc, mais aussi le parcours ou une partie de parcours d'un « fou », d'un patient, Axel Untel dont les idées, les délires, les propos, les poèmes, sont exposés bruts, sans explications particulières (si ce n'est parfois quelques notes reprises en fin d'ouvrage). Et à cela s'ajoute aussi un regard sur la folie à travers la music, le rock, qu'il s'agisse de rock'n'roll, de heavy metal ou de black metal, un tissu d'anecdotes écrit sous la forme de discussion dans une émission radio spécialisée et fictive.
L'auteur espère que cet enchaînement ait un sens scientifique, mais surtout global, un traitement global de la folie : ... « l'ambition même de cet ouvrage qui, mêlant littérature scientifique et poésie, cherche à convaincre tant par la raison que par l'émotion - et, ce faisant, contribue modestement à la réunification des sciences. »

Ce n'est pas extraordinarement réussi, mais ce n'est pas du tout raté. Là encore, votre subjectivité seule peut parler.

Quelques grandes idées :
* La maladie mentale est une maladie comme les autres :
« Quelques troubles psychiatriques sont de nature chronique, mais la grande majorité d'entre eux se comporte comme n'importe quelle autre maladie : leurs symptômes ont un début, une durée et une fin. Ils ont des signes avant-coureurs, des symptômes et un traitement. Sans doute faudrait-il encore quelques générations pour parfaitement adopter cette idée (c'est le temps qu'il faudra aussi, de l'autre côté de la barrière, pour exorciser la santé mentale de ses derniers amateurs, et autres psychothérapeutes qui pratiquent à l'ombre d'une formation imaginaire). C'est dans tous les cas un devoir de tolérance et de respect auquel chacun d'entre nous peut contribuer. »

* La nécessité d'une théorie nette concernant le problème cerveau-esprit :
« La folie est une maladie du cerveau et de l'esprit, aussi son abord nécessite-t-il le préalable d'une théorie consistante des rapports existant entre la conscience et l'encéphale - ce que l'on nomme habituellement le "problème cerveau-esprit". Car il s'agit bien d'un problème : en dépit de ses avancées prodigieuses dans la totalité des domaines de la connaissance, la science contemporaine n'en détient toujours pas la solution. »

* Un exemple concenant le roc :
«  le lecteur voudra bien considérer que Hard Rock et Heavy Metal sont en fait synonymes.

... Alice Cooper devient un véritable "antihéros des adolescents". de manière inattendue, la psychiatrie y voit pour ces derniers le support sain d'une exploration des peurs et des fantasmes, ainsi qu'un moyen de tester les défenses d'adultes inquiets et surprotecteurs [...]. »

/ Vers une psychiatrie de la femme :
« Il existe en médecine mentale deux branches bien distinctes : la psychiatrie de l'homme et la psychiatrie de la femme. Cela signifie que la femme et l'homme ne sont pas égaux face à la maladie mentale - ni dans la souffrance, ni dans sa cure. En d'autres termes, il existe d'importantes variations intersexuelles qui touchent les affections psychiatriques [...]. Cet aspect demeura largement négligé durant des siècles, et l'est encore trop souvent de nos jours. »
« La psychiatrie de la femme ne vise pas simplement à mieux dépister et à mieux comprendre la psychopathologie féminine. Son objectif ultime est plus pragmatique encore : promouvoir l'idée que le  traitement doit être adapté au sexe féminin, et ce faisant, améliorer la piste en charge des patientes en détresse [...]. »

« En résumé, il n'est plus possible à présent de prendre un charge un patient sans tenir compte de son appartenance à un sexe. trop longtemps négligé, ce facteur a certainement contribué à creuser l'inégalité entre l'homme et la femme face à la maladie mentale. A ce stade, il est certes déjà possible pour un psychiatre de penser les modalités d'une prescription médicamenteuse ou d'une psychothérapie en l'adaptant à la condition féminine. Mais l'essentiel de l'effort reste à venir. »

« Les particularités psychodynamiques de la femme, ses caractéristiques physiologiques singulières, le contexte social phallocrate - foncièrement irréductible ? - dans lequel elle évolue, l'existence, enfin, d'un domaine aussi riche que la clinique que celui de la psychiatrie de la femme - tous ces éléments doivent forcer le développement d'une recherche orientée vers le sexe féminin. En corollaire, les médications psychotropes sans spécificité sexuelle sont vouées à l'extinction. »

* Sur la psychopathie :
Que la psychopathie appartienne au champ de la médecine mentale est déjà fort douteux - bien qu'elle y reçoive, il est vrai, et depuis bien longtemps, les honneurs d'une description nosologique. Ce qui est certain, c'est qu'aucune sort e de prise en charge psychiatrique ne tend à l'améliorer.

/ Sur le psychiatre et ses spécificités ;
« Médecin, le psychiatre] seul est habilité à poser un diagnostic [Pourquoi, dès lors, les psychiatres confient-ils régulièrement cette tâche aux psychologues - N.d.A.]. La foie étant une maladie du corps et de l'esprit, qui d'autre que lui prétendrait en effet la cerner avec discernement ? [Peut-être le patient lui-même ? - N.d.A.] » 

« Le rôle du psychiatre est de soigner les patients atteints de maladie mentale, et de coordonner pour ce faire l'action des autres professionnels de la parapsychiatrie. s'il arrive fréquemment que la société lui demande d'assumer d'autres tâches, c'est pas erreur et méconnaissance de sa profession. »

* le psychiatre et le pssychologue :
« Le psychiatre est ainsi régulièrement pris pour un psychologue. Il faut dire que ce dernier - produit d'une formation universitaire de haut niveau, mais non médecin - se prête volontiers à l'exercice du diagnostic et de la coordination du traitement. Il s'agit là d'une dérive [...]. [La véritable drive se situe bien ailleurs : la grande majorité des psychologues ont une connaissance pointue des diagnostics et une maîtrise indiscutable des outils psychothérapeutiques qu'ils utilisent. Ce qu'il convient de dénoncer, c'est la pratique aussi nuisible que grotesque d'une minorité d'entre eux qui, à mille lieues de l'éthique indispensable à tout professionnel de la santé mentale, jouent avec la crédulité du public comme d'autres avec le feu - N.d.A.].  le terme psychothérapeute est plus trompeur encore, car peu spécifique. »

« Dans le domaine de la santé mentale, le débat se situe également au niveau de la place de la psychologie et de sa légitimité. Plus exactement, le psychologue doit-il se limiter à kla seule étude du fonctionnement psychique physiologique ? Dans quelle mesure peut-il expertiser la folie ? Jusqu'à quel point peut-il prétendre la soigner ? »

* Sur la psychanalyse :
« L'avènement de la psychanalyse au début du XXe siècle a également contribué à cette lente érosion de [la crédibilité de la psychiatrie[. de par sa grande popularité, et en raison de sa démarche intellectuelle étrangère au raisonnement médical, elle renforça l'image du psychiatre impuissant et incompréhensible. »

* Sur la stimulation magnétique transcrânienne :
« Quasi inoffensive, et en particulier indolore, la stimulation du cerveau à travers le scalp, via une simple sonde à champ magnétique, préfigure le paradigme d'un traitement rapide, facile, et sans effet secondaire. Mêlant physique et biologie, la stimulation magnétique transcrânienne conduira soit à l'ère de la bionique, soit - mais une prise de conscience est nécessaire - à l'ère de la psychophysique. »


Conclusion : Un livre étrange, mais plutôt bien étayé par de nombreuses références et par une vraie réflexion sur la folie et la maladie. Ce livre se place aussi dans toute une saga autour de l'univers Celtique. Ivan O. Godfroid a un univers particulier, qui peut peut-être repousser ou attirer, selon vos affinités. le propre de la psychiatrie.
Propos intéressants aussi sur la psychiagénie, sur le placebo et ses effets, sur les aspects quantiques de la réalité... J'oubli beaucoup de choses, ce livre est touffu.
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Citations et extraits (120) Voir plus Ajouter une citation
[63 - L'animal mystique]

Ni bien ni mal.
L'homme est un animal.
Un animal mystique, 
Aux instincts agressifs,
Qui va jusqu'à tuer
pour plus tard s'excuser...

Un animal qui pense,
Qui construit ses idées,
Mais qui peut tout brûler
simplement par caprice...

Un animal qui pleure,
Et qui peut pardonner,
Mais qui craint de mourir 
et prie par lâcheté...

Un animal qui parle, 
Qui rit, dessine et charme,
Qui ne peut qu'écouter sa sexualité :
il n'est ni bien ni mal...

L'homme est un animal.
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... quant à l'OMS : "Une personne en bonne santé mentale est une personne capable de s'adapter aux diverses situations de la vie, faites de frustrations,et de joies, de moments difficiles à traverser ou de problèmes à résoudre. Une personne en bonne santé mentale est donc quelqu'un qui se sent suffisamment en confiance pour s'adapter à une situation à laquelle elle ne peut rien changer ou pour travailler à la modifier si c'est possible. Cette personne vit son quotidien libre des peurs ou des blessures anciennes qui pourraient contaminer son présent et perturber sa vision du monde. De plus, quelqu'un en bonne santé mentale est capable d'éprouver du plaisir dans ses relations avec les autres. Bref, posséder une bonne santé mentale, c'est parvenir à) établir un équilibre entre tous les aspects de la vie : physique, psychologique, spirituel, social et économique. Ce n'est pas quelque chose de statique, c'est plutôt quelque chose qui fluctue sur un continuum, comme la santé physique."
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L'individu en bonne santé mentale serait ainsi tant à l'écoute de sa propre vie psychique que sensible au respect d'autrui - deux qualités essentielles pour aimer et exercer une activité professionnelle équilibrée. Il serait en outre résistant au stress, lucide et prévoyant. Point crucial : cet individu se sentirait sans nul doute heureux.
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Les maladies mentales sont des maladies du cerveau et de l'esprit. Selon que l'on aborde la folie par le biais de l'une ou de l'autre des théories précédentes, non seulement la nature même de l'affection psychiatrique s'en trouvera profondément influencée, mais la manière de la traiter sera radicalement différente. La psychanalyse se révèle ainsi l'héritière directe du dualisme, tandis que les thérapies comportementales découlent de l'éliminativisme matérialiste. La psychiatrie biologique, avec son arsenal médicamenteux, est née dans les années 1950, conséquence du réductionnisme neuroscientifique. Des formes de traitement atypiques, telle l'électroconvulsothérapie (électrochocs), peuvent être interprétées comme l'aboutissement du modèle émergentiste, et les formes de psychothérapie centrées sur le corps suivent la logique de la phénoménologie; Enfin, les développements modernes des théories de la racine commune prédisent l'apparition d'une forme de traitement intégrative, s'adressant tant au corps qu'à l'esprit.
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L'interactionnisme est ainsi la forme moderne du "dualisme des substances" cartésien. Cette théorie est issue des travaux de deux des plus brillants scientifiques du XXe siècle : Karl Popper et John Eccles. Ceux-ci admettent que le cerveau puisse produire les phénomènes mentaux, mais ces derniers seraient irréductibles, et non descriptibles en termes physiques (Popper & Eccles, 1977). Eccles (1986) situe le point d'interaction entre esprit et cerveau non plus au niveau de l'épiphyse, mais à l'échelle microscopique de la synapse neuronale. un processus de nature quantique y trouverait son siège, et serait modulé par l'action de l'esprit - dont on objectera l'origine à nouveau énigmatique. une forme plus extrême encore de cette théorie, le panpsychisme postule l'existence d'une forme de conscience globale et unique dont le cerveau ne serait qu'un simple récepteur, sans compétence autonome.
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