Ce n'est pas mon préféré des aventures d'Astérix le Gaulois. L'histoire est un peu trop fantaisiste, les distances, les époques un peu trop mélangées et le rythme de l'aventure pas assez fluide, les enchaînements arrivent trop rapidement, sans doute le format 48 pages est un peu trop court pour tout ce qu'auraient voulu y mettre les auteurs. Mais cet épisode renferme encore beaucoup de traits du génie de
René Goscinny, avec des références multiples (
Shakespeare, Ulysse, la Statue de la Liberté, les Etats Unis,
Christophe Colomb…), des répliques formidables et drôles et il s'y trouve même la réplique la plus improbable de tout l'univers de la bande dessinées et rien que pour cette trouvaille, cela en fait une bande dessinée hors du commun.
Obélix ; « Oui, ils sont agaçants avec leurs / et leurs ° »
C'est illisible phonétiquement, impossible de la replacer en soirée pour faire marrer les copains, c'est uniquement graphique, le sel de cette réplique ne fonctionne que parce qu'on est dans une bande dessinée. Dans cet épisode, il est surtout question d'incommunicabilité, de langages,
René Goscinny et
Albert Uderzo y on créé tout un univers graphique autour de cette problématique, ça va de scènes de mimes loufoques au jeux sur la graphie pour différencier les différentes langues. Il avaient déjà utilisé ce principe pour les langues des Goths ou des Grecs, sans faire intervenir la notion d'incompréhension, et il y avait tout un jeu sur les hiéroglyphes égyptiens, mais là c'est un peu différent, dans le langage des vikings, tous les “O” sont barrés et il y a un petit rond sur chaque “A”. C'est d'une implacable logique pour le lecteur, mais pas pour les protagonistes. Il en ressort quelques gags uniques et originaux, qui donnent la dimension si particulière que
René Goscinny a su insuffler au monde de la bande dessinée. On peut le relire à l'infini et être toujours surpris pas son originalité, son humour si particulier, si spécialement adapté à la bande dessinée.
« Être øu ne pås être un décøuvreur, lå est lå questiøn ». Indubitåblement, René Gøscinny en est un.