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Maurice Gouiran mélange plusieurs thèmes historiques dans ce polar basé dans les années 60 finissantes.

Une famille américaine meurt dans un petit village de montagne qui se vide de ses habitants. Henri, un enfant du pays, parti aux USA travailler sur l'ancêtre d'internet, l'ARPANET, revient pour l'enterrement de sa mère et se retrouve, avec un journaliste de ses amis, à tenter de comprendre ce qui a pu se passer.
Il ne tarde pas à faire un lien avec les expériences médicales menées durant la seconde guerre mondiale dans les camps de concentration et avec la récupération des scientifiques nazis après guerre par la CIA, bien peu regardante sur les crimes de guerre commis, pourvu que les applications militaires bénéficient aux States.

L'inhumanité des expériences menées par des « médecins » nazis dans les camps donne lieu à deux chapitres assez secs et d'une grande dureté. Gouiran s'y fait l'écho de Michel Cymès dans Hippocrate aux enfers.

Quant au programme « Paperclip », qui a permis par exemple à Werner von Braun de passer sans transition de créateur des fusées volantes V1 et V2 destinées à détruire Londres et la population civile alliée, à ingénieur en chef à la NASA, il constitue la thématique de fond.

S'y ajoute une réflexion sur les zones rurales de montagne, renfermées sur elles-même pendant des générations, et brutalement confrontées dans les années soixante à un monde plus vaste. La vie est dure, sans espoir d'évolution, les jeunes quittent des terres qui ont fait la fierté de leurs parents, les commerces ferment. le tout dans l'incompréhension des anciens...

Les premières pages manquent un peu de fluidité. La suite est autrement plus dense et rythmée. Les sujets abordés sont très bien documentés. D'ailleurs Gouiran fournit à la fin une biographie sélective.

Décidément j'aime bien Gouiran quand il joue avec l'Histoire.
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Roman policier et historique très documenté, il suffit de regarder en fin de livre la bibliographie, reprenant différents thèmes sur une période de 60 ans entre l'Allemagne, la France et les États-Unis.
Du camp de Dachau à la future Silicon Valley en passant par les montagnes proches d'Avignon, nous suivons les expérimentations, les manipulations et les meurtres de témoins gênants par les autorités américaines afin de camoufler les expériences sur des populations civiles au nom de bien commun et de la défense du territoire.
La réalité dépassant souvent la fiction, ces pages donnent froid dans le dos.
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Découverte de Maurice Gouiran avec ce roman palpitant pour son intrigue, mais aussi pour la masse d'informations que celle-ci apporte.
En 1967, pour assister à l'enterrement de sa mère Suzanne, Henri Majencoules revient à Agnost-d'en-Haut, le village de l'arrière-pays Nîmois qu'il a quitté pour suivre sa scolarité au Lycée Saint Charles à Marseille.
Après de brillantes études, Henri s'est établi en Californie, à Menlo Park, où il travaille d'abord pour le Stanford Research Institute financé par l'ARPA (Advanced Resarch Project Agency) qui créera ARPANET le réseau utilisé par l'US ARMY puis donnera naissance à l'INTERNET.
Henri vit la contre-culture hippie, le mouvement psychédélique,les acid-test au LSD, la consommation efferénée de Marijuana, à des années lumières d'Agnost-d'en-haut.
Le retour au pays n'est pas folichon, il ne s'est jamais entendu avec son père, un taiseux qui n'a jamais supporté qu'Henri ne reprenne pas la ferme. Alida Avigliana, la fille de Piémontais immigrés, son amour d'enfance est mariée et devenue la postière du village d'Agnost-d'en-Bas. Son « copain » d'école Antoine Camaro est journaliste à France-Soir et se trouve au village pour enquêter sur un crime atroce, le meurtre d'un couple d'Américains, les Stockton et leur fille âgée de 11 ans.
En parallèle aux faits se déroulant en 1967, Gouiran relate l'atroce détermination de médecins Nazis à Dachau, en 1943, multipliant les expériences sur des cobayes humains afin de tester la résistance humaine au froid, dans des conditions d'atmosphère faible en oxygène, aux virus, aux bactéries et à des maux qu'ils imaginent toujours plus sophistiqués.
Ces expériences connaitront des applications militaires comme la fameuse combinaison anti-g pour les pilotes.
Très vite le lecteur acquiert la certitude qu'entre les événements de Dachau en 1943, le crime de la famille Stockton en 1967, il y a un lien que l'auteur nous dévoilera via Henri et son ami Antoine qui enquêtent de leur côté, certains que le commissaire Castagnet de Marseille fait fausse route en recherchant le ou les coupables parmi les habitants du village et de préférence parmi des Piémontais immigrés après-guerre.
Mais le propos de Gouiran dépasse la relation d'une simple enquête de police. Son roman, fort bien documenté comme en témoigne la bibliographie en fin d'ouvrage, veut dénoncer la foire d'empoigne qui eut lieu à la fin de la seconde guerre mondiale entre USA et URSS pour recycler les chercheurs nazis, y compris les plus atroces qui se livrèrent à des expériences sur des êtres humains.
Von Braun, le créateur des V1 et V2, le plus connu est devenu l'un des piliers de la NSA et du programme spatial américain. Mais le plus grave est de constater que nombre d'entre eux ont échappés aux procès de Nuremberg, alors que la plupart d'entre eux étaient reconnus coupables de crimes contre l'humanité.
La thèse que développe Gouiran est celle développée aussi par des hsitoriens contemporains comme Ian Kershaw, « loin de porter atteinte au capitalisme, [Hitler] en fit un auxiliaire de l'État », préfigurant l'évolution de nos sociétés vers plus de domination sur les citoyens, plus de brutalité dans les rapports sociaux, la disparition des corps intermédiaires et la sujétion du politique à l'économique.
Certes moins brutales que les expériences menées dans les camps par les Nazis, les expérimentations des radiations atomiques lors des essais nucléaires sur des soldats, tant aux USA qu'en France, longtemps cachées à l'opinion et jamais révélées aux intéressés au moment de leur réalisation, ne sont-elles pas de même nature, et les responsables ou coupables n'ont-ils pas échappés à la justice ?
Gouiran relate un certain nombre d'expérimentations menées par l'US Army ou la CIA.
Propos dérangeant, mais étayé par la découverte de nombreuses autres « expérimentations » menées dans les années 1950 et 1960.
Si l'on fait le lien avec des « affaires » comme celles du sang contaminé, du Médiator, de l'amiante, on mesure à quel point les intérêts économiques et financiers passent avant l'intérêt humain et au mépris de sa mort.
Le roman se termine en 1995, Bill Clinton reconnait la responsabilité du gouvernement fédéral dans un certain nombre d'affaires « contraires à l'éthique ».
En Californie, Henri envisage de faire découvrir Agnost-d'en-Haut à ses enfants, mais le pourra-t-il ?
Très bon roman qui restitue avec précision ce que pouvait être l'atmosphère d'un village rural de montagne du Sud de la France en 1967, référence à la chanson de Ferrat, et à l'affaire Dominici. Par contraste l'ambiance de la Californie en 1967 est également très justement retracée. La partie sur les crimes nazis et la complaisance des USA et de l'URSS pour récupérer de la matière grise pour leur propre compte est documentée est donne envie de s'intéresser à ce sujet.
A lire…

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Le diable n'est pas mort à Dachau de Maurice Gouiran deux histoires qui s'entremêle, celui d'un médecin qui fait de la recherche sur des êtres vivants dans le camp de concentration de Dachau et celui d'un scientifique français en informatique en 1967. Des scientifiques récupérer par l'état-major américain et de l'Union Soviétique a la fin du conflit. Impossible de ne pas faire un parallèle avec le roman de Martin Michaud (Je me souviens). Henri un jeune mathématicien qui travaille sur le projet Arpanet quitte la Californie pour les obsèques de sa mère à Agnost-d'en-haut en 1967. Un triple meurtre a lieu dans ce village une famille d'Américains ont été massacrée. Ce roman est une réflexion sur l'héritage nazi dans notre société Occidentale (homme sur la Lune, avion supersonique, missile, gaz toxique, expérience médicale sans le consentement, etc.). Des criminels de guerre avec une nouvelle vie et de nouveaux laboratoires et nous comme cobayes. L'auteur dans son roman dresse une liste d'expériences causant la douleur la folie et la mort sanctionné par l'état tout cela au nom de la victoire sur le mal. Excellent roman qui laisse le lecteur amer car tout continue avec de nouveaux instruments sans notre consentement.
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En gagnant ce roman lors d'un concours, je ne mesurai pas la chance de découvrir Maurice Gouiran. Inconnu de mon univers littéraire, cet auteur fait naître toute une série de réflexions sur la manipulation des hommes et notamment gouvernementale. Point de conspiration ou autre signe paranoïaque, mais une documentation fournie de l'Histoire et de la science. En entraînant le lecteur de Dachau pendant la Seconde Guerre Mondiale à Agnost-d'en-haut en 1967, il tisse la toile du réseau du mal et de l'expérimentation. Construit comme une enquête classique, l'étendue des découvertes, elle, ne l'est pas. Entre goût de terre, flower power et imposture, le petit village d'Agnost-d'en-haut n'a jamais autant été sous les feux des projecteurs...

De retour à Agnost-d'en-haut en 1967 pour l'enterrement de sa mère, Henri Majencoules retrouve la terre et l'austérité du hameau qui peuplait son enfance. Mathématicien travaillant sur le projet Arpanet en Californie, le jeune homme de vingt-sept ans se confronte en silence à un père indifférent. Cependant, la cruelle monotonie des lieux est interrompue par le meurtre d'une famille américaine, les Stokton, installée depuis deux ans. Surpris qu'un tel fait puisse se produire dans une contrée aussi reculée, Henri va mener avec l'aide d'Antoine Camaro ancien camarade devenu journaliste, une enquête des plus bouillonnante.

Entrecoupée de flash-back sur des médecins nazis exerçant dans le camp de Dachau, cette enquête prendra une tournure inattendue...

D'une plume tranchante, Maurice Gouiran nous entraîne dans les méandres de la science et de l'Histoire. Dans un décor fait de terre et d'humidité, il se sert du meurtre de la famille Stokton pour expliquer les actes nazis à Dachau. Comment, me direz-vous ? Chaque chose en son temps...

Troublant et noir, ce polar à la construction plutôt classique révèle une histoire complexe. Complexité relationnelle entre Henri et son père, entre ruralité et métropole. Complexité entre liens historiques, mais aussi entre des actes injustifiables, perçus comme tels lors d'une guerre, et qui le sont à une autre époque, dans un autre pays. Pour vous donner un indice, je ne peux que vous révéler la récupération des médecins nazis par les Etats-Unis... Ainsi, à travers les interrogations de son protagoniste, l'auteur questionne sur la notion de "gentils" et de "méchants" et sur les expérimentations secrètes de tous bords et leurs répercussions.

En parcourant ce récit mordant, j'ai beaucoup aimé la description des sentiments d'Henri liée à l'environnement de ce hameau hostile aux étrangers, mais aussi les faux-semblants derrière se cache les habitants. Très documenté, le flower power et le LSD festif que côtoie Henri en Californie est en totale contradiction avec la noirceur qui s'empare de l'enquête.

Malheureusement, je ne peux en dire plus sur l'intrigue par peur de vous révéler toutes les ficelles qui relie les époques. Sachez juste que le pouvoir de réflexion de Maurice Gouiran est assez fort pour utiliser L Histoire afin d'éclairer notre époque. 

Cette fois-ci, pas de gourmandises ! du thé, du thé et encore du thé...et un corsé de préférence ! Parce que cette histoire est juste glaçante et semée de faits véridiques, elle m'a coupé l'appétit. Fallait le faire !
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En 1967, un fils de paysans émigré aux Etats-Unis après des études universitaires poussées en informatique, revient dans son village natal, isolé, du sud de la France pour enterrer sa mère.
Il arrive juste après le massacre d'un couple d'Américains et de leur fille, venus passer leurs vacances dans ce même village.
Le passé ressurgit, dévoilant un aspect mal connu d'événements survenus dans le camp de concentration de Dachau.
Un polar bien construit et intéressant sur le plan historique, sur un sujet connu mais pas souvent traité dans un roman rural.
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Les années 1960, Henri vit aux Etats-Unis. Il a quitté sans regret sa France natale et ce petit village vieillissant de Agnost-d'en-Haut pour vivre au pays des nouvelles technologies. Mais au décès de sa mère, le voici de retour dans son pays, auprès de son père (toujours aussi taiseux) et de ses vieux camarades de classe qui ont peu changé.

La confrontation s'avère morne pour lui, mais voici qu'un triple homicide s'est produit, et étonnamment, Henri veut en savoir plus. Son séjour en France se transforme alors ; de voyage d'adieu, il en fait un voyage d'enquête, pour découvrir la vérité : qui a tué cette famille? Sachant que dans ce village, tout le monde se connait...

En parallèle à cette enquête policière, on découvre la réalité des camps de concentration au travers d'une histoire parallèle se déroulant à Dachau. Pourquoi donc? Quel est le lien entre Dachau et Agnost-d'en-Haut? Déroutant au premier abord, on devine petit à petit les ficelles reliant ces deux lieux.

Ce roman n'est pas révolutionnaire de part son scénario. J'avais vite compris le fin mot de l'histoire. Mais (car il y a un mais) : j'ai eu un petit coup de coeur pour le style de l'auteur, ainsi que pour le côté "Dachau" de ce récit, à tel point que je me suis surprise à lire la bibliographie en fin de l'ouvrage, et je me procurerai surement l'un ou l'autre livre cité pour en apprendre plus sur ces fameux programmes militaires.

Pour moi, c'est une histoire poignante car elle nous fait nous interroger sur ce pan de l'histoire dont on ne parle pas assez à mon goût. N'ayant pas encore la trentaine, j'ai bien entendu étudié les camps de concentration en cours, mais on entrevoit qu'une partie de la réalité.

Ici, il s'agit d'un roman bien sur. Mais où se finit la fiction, et où commence la réalité? Maurice Gouiran m'a donné l'envie d'en lire davantage sur cette période de l'humanité, de découvrir ce qui est vrai ou faux dans son oeuvre. Et ça, c'est une vraie réussite à mes yeux. Merci M. Gouiran pour ce livre, vite lu, mais tellement humain.

Et merci à Babelio pour son opération Masse Critique, sans laquelle je n'aurais probablement pas acquis ce livre. Mais bien m'en a pris, j'ai découvert un livre poignant, à la limite dérangeant, mais tellement intéressant.
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Whoo mais quelle couverture, c'est glauque et prometteur.

Henri revient dans sa commune natale pour l'enterrement de sa mère.
Il ne peut que constater que la vie à la campagne n'a pas su évoluer, lui a eu le courage de partir à San Francisco.
Juste avant son arrivée, un triple homicide a eu lieu dans le village, Henri se joint à un ancien copain devenu journaliste pour enquêter sur l'affaire...

Le lecteur peut suspendre sa respiration, l'enquête est vraiment plaisante à suivre.
Ma curiosité est à son comble, j'ai senti qu'il se tramait quelque chose de lourd, mais j'ai dû attendre pour découvrir quoi et comprendre.

J'ai apprécié de partir en 1967, dans ces vieilles campagnes profondes où les idées étaient étriquées et la vie injuste pour les nouvelles générations.
Les avenirs tout tracés, autant pour les jeunes filles que pour les jeunes hommes, déscolarisés au plus vite pour travailler à la ferme.

Quand on pense jusqu'où l'être humain est capable d'aller pour assouvir sa soif de savoir dans la médecine et la recherche c'est flippant.
Nous avons tous une vague idée de ce qu'il s'est passé à Dachau, un des tristement célèbre camp de la mort.
Quelque part, je me dis que ce que dépeint l'auteur dans la partie plus récente et romancée, a peut-être ou a sûrement existé.
Mais de quoi je parle ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire...
Peut-être que l'être humain n'est qu'un pantin à la merci du gouvernement, et ce, sans même le savoir...
Lien : https://leshootdeloley.blogs..
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Le Gouiran nouveau est arrivé! C'est toujours avec grand plaisir que les lecteurs de cet auteur aussi prolixe qu'inventif découvrent son dernier petit noir. On se souvient de titres emblématiques comme “Putain de pauvres!”, “Sous les pavés, la rage”, “Maudits soient les artistes” qui ont fait la réputation de l'écrivain. L'une des particularités de Gouiran tient à sa passion pour l'histoire, chacun de ses vingt six romans nous propose une plongée au coeur d'un passé souvent trouble. C'est de nouveau le cas avec “Le diable n'est pas mort à Dachau”qui voit Henri Majencoules, un jeune mathématicien qui travaille en Californie sur le projet Arpanet – acronyme de “Advanced Research Projects Agency Network » qui correspondait dans les années 1960 aux balbutiements d'Internet - rentre dans son village natal Agnost-d'en-haut en 1967. Agnost est un bourg montagnard du sud de la France très loin d'une Californie innovante du mouvement hippie, de la musique psychédélique, et de la créativité scientifique. Majencoules y revient à contre coeur pour assister aux obsèques de la mère, en présence d'un père taiseux et mutique.
Un événement va cependant bouleverser la vie du petit village car la veille de l'arrivée d'Henri les Stokton, un couple d'Américains et leur petite fille, installés à Agnost d'en haut depuis quelques mois, sont retrouvés massacrés dans leur maison. Henri va alors aider son ami journaliste Antoine Camarro, chargé de suivre le déroulement de l'affaire pour le journal « France Soir », à mener son enquête parallèlement avec celle de la police. L'affaire va rapidement prendre un cours surprenant avec des ramifications étranges qui relient l'horreur des camps de la mort, les expérimentations médicales sur des déportés, la guerre froide qui justifia la récupération des savants Allemands par l'US Army et l'OSS qui deviendra plus tard la CIA. Gouiran nous propose de nouveau un polar hyper documenté, rythmé et efficace qui s'offre même un petit détour par l'affaire du pain maudit de Pont Saint Esprit qui défraya la chronique au début des années 1950. La méthode fonctionne encore à plein avec “Le diable n'est pas mort à Dachau” qui révèle les turpitudes de certains états dans les années qui suivirent la seconde guerre mondiale.
Archibald PLOOM
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Janvier 1943, au Revier (infirmerie) du camp de Dachau, les docteurs Nowitski, Plötner et Rascher mènent des expériences scientifiques sur les déportés, afin de mettre au point de nouvelles applications pour l'armée.

Automne 1967, Henri Majencoules revient à Agnost-d'en-haut, son village natal, pour les obsèques de sa mère. Après de brillantes études à Normale Sup. il avait quitté la France pour faire carrière en Californie. Il travaille sur de nouveaux projets d'avenir auprès de l'ARPA, une agence de recherche de pointe du Ministère de la défense des Etats-Unis.
Il retrouve son petit hameau montagnard en proie à une grande agitation, envahi d'une cohorte de journalistes. Un couple d'américains, les Stockton et leur fillette d'une dizaine d'années viennent d'y être assassinés. (Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec l'affaire Dominici et le meurtre de la famille Drummond).

A Agnost-d'en-haut, Henri est perçu presque comme un étranger. Dans ce hameau, qui pourrait être des Cévennes ou de Provence, les gens sont avares de mots. Ce n'est pas qu'ils n'ont pas de sentiments, c'est qu'ils n'ont pas l'habitude de les exprimer.

« Léonard observe son fils.
Ici, on l'appelle l'Américain avec une once de moquerie dans la voix. Tout ce qui est étranger au village est forcément futile… Henri n'est sûrement pas un mauvais bougre, mais il lui a toujours été inaccessible. La faute à ces foutues études que les jeunes s'entêtent à suivre. Ca les éloigne du pays et ça leur fiche de mauvaises idées en tête. Est-ce qu'on a besoin d'élimer ses fonds de culotte sur les bancs des écoles pour se marier, faire des gosses, garder un troupeau, récolter des châtaignes ou ramasser des champignons ?
Est-ce qu'on est plus heureux dans les villes ? »

L'enquête sur le meurtre piétine, il y a peu d'indices exploitables. Au bistrot du coin, on ne se prive pas pour émettre des hypothèses. C'est ainsi que Nando Avigliana se trouve bientôt mis en cause. Il est d'une famille Piémontaise, étrangère au pays…
« issu d'une famille de travailleurs, de montagnards durs à la tâche qui ont toujours bossé comme des dingues… Ils vivent ici depuis vingt ans, mais pour tous les habitants, ce seront toujours de sales babis ! »

Henri subit de plein fouet le décalage entre sa vie aux USA, à l'époque de la libération des moeurs, de l'apparition des drogues, du sexe sans contrainte et du « flower power », et le silence oppressant de son village, la compagnie de ses amis d'enfance dans lesquels il ne se reconnaît plus.
Antoine Camaro, son ami de Lycée, devenu grand reporter, couvre l'affaire pour « France-Soir ». Avec Henri, ils vont s'attacher à résoudre cette énigme, d'autant plus que Stokton avait donné rendez-vous au jeune journaliste pour lui remettre certains documents, et a été assassiné avant de pouvoir le faire.

Maurice Gouiran nous dresse un panorama non exhaustif, mais tout de même effrayant, des expérimentations médicales faites par les nazis sur les déportés des camps de concentration. Certaines de ces expériences seront poursuivies après la guerre par la CIA et l'Armée américaine au détriment de populations civiles. Il mentionne au passage l'épisode « du pain maudit » de Pont Saint-Esprit, dont beaucoup pensent qu'il s'agirait d'expériences de manipulation mentale par l'emploi de LSD. le nombre de diverses expérimentations conduites de façon illégale est tout bonnement effarant…

« de la justification de ces actes pour la survie de la grande Allemagne, à celle de la CIA soucieuse de sauver le monde libre.
Les mêmes mots.
Les mêmes maux. »

L'auteur a consulté pour ce roman une documentation impressionnante, qu'il a utilisée pour bien intégrer l'Histoire à son histoire, où elle s'imbrique parfaitement, à travers les lieux qui lui servent de cadre, des hommes, et des femmes qui les peuplent.

Dans ce roman, l'essentiel n'est pas l'identification du coupable.
Maurice Gouiran, en observateur éclairé de notre temps, et des excès d'un passé pas si lointain, nous met en garde et nous incite à la vigilance. Est-ce que les progrès de la médecine, de la science, la préservation de notre mode de vie peuvent justifier de telles horreurs ?

C'est un roman noir, violent. Il nous incite à la réflexion sur des dérives qui, à la lumière des soubresauts agitant notre monde, pourraient devenir à nouveau d'une brûlante actualité.

Éditions Jigal Polar, 2017
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