Romain Goupil a un passé politique chargé, mais je crois surtout que c'est un homme très doué. Pour ma part, j'avais été vraiment touché par l'un de ses films, "Mourir à trente ans".
"A mort, la mort !" est un roman qui est encore tout imprégné par l'esprit de Mai '68. Il mêle des éléments différents, voire opposés: les postures politiques (d'extrême-gauche, naturellement), la libération des moeurs (apparemment, tout le monde couche avec tout le monde), la fantaisie morbide (introduite notamment par le personnage de Fenec), l'arrivée tardive de la maturité et du réalisme (tempérant l'idéalisme fanatique des vieux militants), et peut-être surtout la tragique omniprésence de la mort: celle qui nous attend tous et qui frappe déjà les copains. Dans le livre, les "camarades" se retrouvent presque régulièrement à des enterrements; en suivant le corbillard, ils sont partagés entre la nostalgie, la tristesse et l'envie de narguer encore et toujours la mort.
La collection de portraits de ces révolutionnaires "en pré-retraite" est réjouissante. Et le narrateur lui-même pratique sans vergogne l'auto-dérision. Il y a certainement beaucoup d'aspects autobiographiques chez ce narrateur, présenté comme un "branleur" gentiment lubrique.
En résumé: un roman qui sent l'authenticité, que j'ai trouvé assez touchant, même s'il semble aujourd'hui un peu daté.