LES MAINS COUPÉES.
Les mains coupées du désespoir
Sur le mur comme des fleurs sombres
Où donc ton front d'étoile et d'ombre
Mes yeux s'ouvrent-ils pour le voir
Où les quatre tours du Silence
Où ce dur couteau dans tes mains
Tes doigts pour ce soir ou demain
En crieront-ils la pénitence
Quel deuil sur mes rêves venu
Pourquoi ce répit favorable
Pourquoi ce tourment vulnérable
Si ce fer doit me laisser nu
O vous mon souci d'épouvanté
O mes étoiles de clarté
Et vous tous flots noirs du Léthé
Et Toi ma ténébreuse attente
O Belle qu'adoucit le soir
Sauras-tu nourrir mes désastres
Chercheras-tu parmi mes astres
L'ombre chère à mon soleil noir
Entre 1944 et 1948, Alain Grandbois contribue activement à la vie littéraire du Québec : en 1944, après avoir publié les îles de la nuit, il participe à la fondation de l'Académie canadienne-française ; en 1945, le recueil de nouvelles Avant le chaos paraît aux Éditions Modernes ; en 1946 et 1947, il collabore aux revues Poésie 46 et Liaison ; en 1948, Fides produit l'édition canadienne de Né à Québec.
LES LOIS ÉTERNELLES...
Les lois éternelles
Galopaient comme des chevaux fous
Les nuits tombaient l'une sur l'autre
Nous avions les yeux brûlés
Ô creux d'épaules mortel
Déjà la houle de la mer nous envahissait
Déjà les étoiles véhémentes criaient leur adieu
Ô nos mains liées pour un parcours indéfini
Sur le doux rivage de ton visage
L'Étoile pourpre, Alain Grandbois
lu par l'auteur.