Autrefois vois-tu,
Jean-Christophe Grangé était pour moi un des meilleurs auteurs de thriller français.
Les rivières pourpres, le vol des cigognes… des romans que je qualifierais d'audacieux dans leurs cheminements, d'originaux dans leurs scénarios.
Je te vois au loin. Tu lis ma prose et tu te dis que je commence bien mal en parlant de son talent au passé. C'est fâcheux que tu saches déjà ce que je vais écrire et tu as sans doute envie de laisser là ta lecture mais attends un peu, juste quelques paragraphes. J'aimerais t'expliquer.
Il faut que tu saches que depuis
Kaïken, je suis lasse de son style. Je n'y trouve plus ce qui m'y séduisait. le charme n'agit plus ou bien je vieillis et mes goûts évoluent. Peut-être. Toujours est-il que je m'étais décidée à en finir avec Grangé et de passer à autre chose comme une vieille liaison devenue trop routinière.
J'ai laissé passer quelques années et puis «
La terre des morts » m'est tombé dans les mains et j'ai voulu faire rejaillir le feu du volcan devenu trop vieux. J'aurais dû savoir qu'on ne reconstruit pas sur une relation devenue aussi fragile à moins d'un changement radical ou d'un retour aux sources.
Je t'ai expliqué par le passé que les thrillers ne sont plus mon genre de prédilection. J'ai dû trop en lire, en tout cas il est devenu très compliqué de me contenter. C'est pourquoi tu dois mesurer mes propos et ne les considérer que comme un avis personnel et subjectif.
Avec «
La terre des morts » , l'auteur a capitalisé sur presque toutes les perversions qu'on peut imaginer. La fange sexuelle qu'il y décrit ressemble à l'enfer et rendrait fou tout un couvent. Dieu quelle surenchère…Pourquoi en faire autant ? Pourquoi accumuler ces couches abjectes qui provoquent la nausée ?
Je t'entends et tu as raison… Bien sûr que cela existe mais l'erreur à mon sens est d'avoir concentré autant de personnages dépravés au mètre carré sur un seul récit. Ce dernier en perd toute crédibilité et donne simplement l'impression que
Jean-Christophe Grangé a voulu céder à la sirène de certains éditeurs : toujours plus loin, toujours plus violent, toujours plus glauque. On en oublie les personnages. Ils en deviennent presque transparents tant la violence prédomine.
Evidemment que c'est bien écrit, qui suis-je pour remettre cela en cause ? Grangé est doué pour ça et ce roman se lit très bien et très vite. Oui mais à la seule condition qu'on n'y regarde pas de trop près et qu'on ne soit pas trop exigeant sur le fond.
Tu trouves que je suis dure hein ? Tu me connais pourtant, toi qui passes par ici depuis quelques années, Tu sais que j'essaie de toujours respecter le boulot d'un écrivain. 550 pages ne s'écrivent pas en trois mois et somme toute, ce travail-là est honnête et a les qualités requises pour faire de lui un bon « page-turner ».
Néanmoins, il y manque l'essentiel : ce petit supplément d'âme que j'y trouvais autrefois.
Allez, ne t'arrête pas à mon jugement, si tant est que c'en soit un. D'autres y ont trouvé leur bonheur. Fais-toi ta propre opinion et repasse me voir à l'occasion.
Lien :
https://sous-les-paves-la-pa..