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Elisabeth Lavault-Olleon (Traducteur)
EAN : 9791022605366
300 pages
Editions Métailié (19/07/2016)
4.23/5   11 notes
Résumé :
Portrait extraordinaire d'une femme sensuelle, amoureuse et jalouse de son indépendance face au chauvinisme et au puritanisme, ce grand classique à l'écriture puissante et poétique est bercé par le murmure de la campagne écossaise.
Ce chant du crépuscule est celui de la fin de la petite paysannerie écossaise après le traumatisme provoqué par la guerre de 1914. Chris Guthrie, l’indomptable, partagée entre son émerveillement devant la nature tout à la fois nour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sunset Song chante la terre de Kinraddie, ses champs, ses labours et ses moissons, ses saisons sous le ciel écossais, ses hommes et ses femmes, leurs sueurs laissées comme une empreinte sur son sol, leurs querelles et leurs amours, et leur adieu à un monde paysan qui se transforme, ébranlé par la Première Guerre mondiale et l'avènement de la modernisation.

En cet hiver 1911, neuf fermes composent le domaine de Kinraddie situé dans le pays des Mearns au nord-ouest de l'Ecosse. Avant de s'attacher plus intimement à Chris Guthrie, l'auteur nous présente « le champs en friche », un petit tour de ferme en ferme pour nous familiariser avec les lieux et les habitants, sans oublier une visite truculente de l'église, lieu incontournable pour s'abreuver des sermons d'un pasteur infidèle.

Ce roman publié en 1932 frappe dès le début par son style offrant une narration animée, extrêmement vivante, à la manière d'un récit oral dont les réflexions et exclamations sont pleines d'humour et d'esprit. L'auteur, tel un comédien sur scène, déclame de longues tirades et, parfois, s'adresse à l'héroïne en utilisant le tu. Il n'en oublie pour autant de semer sur son texte des passages intensément poétiques qui en font une admirable perle littéraire.

Lorsqu'on fait la connaissance de Chris, celle-ci a quinze ans et son coeur oscille entre deux mondes, celui de l'éducation qui s'est ouvert à elle en rencontrant les livres et les leçons, et celui de cette terre d'Ecosse dont elle s'enivre depuis sa naissance. C'est ainsi que deux Chris s'affrontent, celle écossaise pour qui l'odeur précieuse des labours, le flamboiement des ajoncs et la sensation de l'herbe sous son corps sont indispensables et celle anglaise, nourrie par ses études et qui constate le côté péquenaud, rustaud et parfois grossier des paysans qui l'entourent. Elle rêve de devenir institutrice mais ce duel qui se livre perpétuellement en elle l'a fait douter.
Son père n'hésite pas à user de violences pour inculquer à Chris et son frère Will le respect de la religion et du travail tandis que sa mère s'étiole et perd peu à peu sa jovialité derrière les grossesses successives qui la minent.
Les fermiers voisins s'invitent dans le récit, soit en partageant la vie aux champs, en s'entraidant face aux intempéries, soit au gré des commérages qui vont bon train dans ce petit monde paysan. Sous des allusions pleines d'ironie, on côtoiera les idées socialistes de Chae qui attend la Révolution pour que les riches et les pauvres soient enfin égaux. Dans la bouche de Long Rob du Moulin, Dieu, la religion et les pasteurs seront malmenés et égratignés avec beaucoup d'élégance et de pertinence.
Et puis, avec sa poésie pure, délicate et prégnante, l'auteur fait frissonner les herbes, rougeoyer le soleil couchant sur les champs asséchés, frémir le vent sur la campagne humide, balancer les genêts sous l'air printanier et nous laisse percevoir le murmure de la mer du Nord. Il sait aussi bien parler de l'éveil de Chris dans sa féminité, de l'amour naissant, des élans caractériels qui l'assaillent subitement, de sa générosité et de son courage que de l'orage qui déchire la terre, du feu qui ravage la ferme voisine, des odeurs de terre et de ferme dont Chris se nourrit et des cris des bécassines et vanneaux qui ponctuent le travail aux champs.
Je suis restée éblouie par la qualité artistique de cette plume lorsqu'elle évoque la souffrance du deuil qui entraîne la mort de l'enfance et relègue les livres et les rêves au grenier.

Nous ouvrant sur les observations qui se forment dans le coeur et l'esprit de Chris, ce bijou littéraire creuse de magnifiques sillons pour parler de la place de la terre et de son immortalité face à nos vies, nos mesquineries, nos guerres et nos destructions. « La mer et le ciel, et les gens qui écrivaient, combattaient, étudiaient, ceux qui enseignaient, racontaient et priaient, tous ne duraient que le temps d'un soupir, une nuée de brouillard dans les collines, mais la terre était éternelle, elle bougeait et se transformait sous tes pas, mais elle restait à jamais, tu étais proche d'elle et elle de toi, dans ses bras elle te tenait et te faisait souffrir. Et dire qu'elle avait songé à abandonner tout ça ! »

Cette lecture de toute beauté respire la rudesse et la nostalgie. Elle se referme sur la transformation des attentes, des mentalités, des lieux, et signe l'adieu à ce petit monde paysan qui ne vivait que par et pour leur terre.
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Paru en 1932, ce roman est l'un des romans écossais les plus connus. Il s'agit de l'histoire de Chris Guthrie, jeune paysanne écossaise à la veille de la Première guerre mondiale. Après un long prologue sur l'histoire de ce petit bout d'Ecosse, l'auteur nous plonge dans l'univers de Chris. Cette jeune femme vit avec ses parents et ses trois frères dans un grand domaine. Chacun apporte son soutien sur l'exploitation mais les malheurs s'accumulent. le père de Chris devient un affreux bonhomme engrossant son épouse tous les quatre matins et violent avec ses enfants… mais c'est un travailleur. Chris voudrait échapper à sa condition et demande à suivre des études mais la tradition et l'amour de la terre la rattrapent et elle finit par choisir de rester à Kinraddie. C'est un roman du terroir qui a presque 100 ans. C'est un ouvrage assez féministe et c'est bien plaisant de lire ça venant d'un homme du début du 20ème siècle. Une belle découverte.
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Lu en 2016.
Ce roman est tellement BEAU! L'auteure nous transporte en Ecoose, dans une magie singulière, des jeux de lumière, des personnages qu'on finit par voir tellement qu'ils nous touchent, des bêtes, la Nature....

7ans que je l'ai lu et je m'en rappelle encore comme si c'était hier... Quelle douceur... Quelle beauté... Je vous invite à découvrir cette poésie et tout comme moi, tout comme ceux qui ont eu la chance de lire un aussi beau roman, vous préparez à rester immobile d'émotion à la fin. Transportés par tant de beauté. TOUT est beau, tout letemps. du décor au coeur des personnages, même la rudesse est belle ..C'est l'amour pur que chante ce soleil couchant...

Bonne lecture

PS : J'ai mis seulement 4,5* car il y a certains termes ou expressions en Ecossais qui pourraient je pense destabiliser certains lecteurs. Je pense nécessaire de le préciser. Cela n'enlève rien à la beaté et à la quaité de cet ouvrage.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
On quitte le monde et on entre à Blawearie, qu'ils disaient à Kinraddie, et c'était une terre sacrément ingrate et isolée sur le flanc de la colline, vingt-trois hectares juste au-dessous de la lande qui montait bien plus haut que Blawearie, jusqu'au sommet aplati où se cachait un petit lac habité par des centaines de bécassines ; certains disaient que c'était un lac sans fond, et Long Rob du Moulin disait qu'alors il était aussi profond que la dépravation des pasteurs. C'était pas très gentil pour les pasteurs, mais Rob répondait que c'était surtout pas gentil pour les lacs, en tout cas, ce lac là-haut s'étendait tout en longueur, ses eaux d'un noir effrayant, bordées de joncs et de roseaux ; et le cri des bécassines faisait un vacarme assourdissant quand on s'y trouvait le soir.
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Chris sentit brusquement comme c'était étrange, cette tristesse qui émanait de toutes les chansons d'Ecosse, qui répondait à la tristesse de la terre et du ciel durant les sombres soirées d'automne, et aux pleurs des hommes et des femmes qui avaient vu leurs vies et leurs amours sombrer avec les années, toutes ces choses qui faisaient pleurer à côté des bergeries et dont on se souvenait la nuit et au crépuscule. La joie et la gentillesse passaient, vivaient et étaient oubliées, et ce qui restait dans les chansons, c'était l'Ecosse des brumes et de la pluie et les cris de la mer.
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Ainsi tout le monde était à cran et fixait le ciel, et dans toute la région, les pasteurs disaient des prières pour faire pleuvoir, entre une prière pour l'armée et une autre pour les rhumatismes du prince de Galles. Mais cela ne faisait pas grand chose à la pluie, et Long Rob du Moulin racontait qu'il avait entendu dire que l'armée et le prince de Galles ne se portaient pas mieux non plus.
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