Il était attendu, ce roman, après des années et des années sans nouvelles d'un écrivain qui a vu deux de ses romans adulés portés à l'écran et dont le nom s'est retrouvé affiché partout.
Et il revient.
Avec, comme d'habitude, un roman si particulier qu'il est impossible de résumer son essence en quelques paragraphes.
C'est impossible, c'est pourquoi je vais bien sûr m'empresser de le faire.
Turtles all the way down ou
Tortues à l'infini en VF est un roman dont il vaut mieux ne pas savoir grand-chose avant de se plonger dedans. Son intérêt repose en effet sur son atmosphère étrange, déstabilisante, délicieusement et bizarrement particulière, qui commence à devenir la marque de fabrique de
John Green, dont on retrouve d'ailleurs tous les ingrédients familiers ici.
Un protagoniste socialement inadapté ? Check.
Une histoire d'amour en dehors de toutes les représentations habituelles que l'on fait de la romance ou du couple ? Check.
Des adolescents un peu perdus dans leur vie et des parents qui le sont encore plus face à eux ? Check.
De très belles et très poétiques citations qu'une cohorte de fans va s'empresser d'imprimer sur des posters/tee-shirts/avants-bras ? Check.
De la mélancolie par paquets ? Check aussi.
Loin de moi l'idée de présenter ce nouveau roman comme une pâle copie de ses prédécesseurs : il n'en est rien. Simplement, difficile de s'émerveiller et de se prendre de stupéfaction pour cette histoire qui demeure malgré tout dans la lignée de celles d'Hazel de The Fault In Our Stars /
Nos Etoiles Contraires, de Quentin de Papertowns /
La Face Cachée de Margo et des autres.
Turtles all the way down a sa spécificité, son ambiance, ses dialogues touchants et ses personnages propres, avec Aza, une jeune fille qui lutte contre son TOC et son trouble d'anxiété généralisé, sa mère attentionnée mais démunie face à cette maladie, ou encore sa meilleure amie Daisy. L'intrigue aussi a ses points d'accroche : la disparition d'un milliardaire fantasque qui vivait non loin de chez Aza, une romance...
Mais le roman ne va pas au bout de ce qu'il entreprend, il ne laisse pas de marque propre ou mémorable sur son lecteur. On trouve bien des éclairs de génie, des passages qui produisent une forte impression, des moments bouleversants et même violents comme ceux qui décrivent de façon terriblement réaliste les attaques de panique d'Aza et la façon dont elle doit gérer son TOC au quotidien - des extraits si vivaces qu'ils pourraient même être difficilement supportables pour ceux d'entre vous qui souffrent de tels troubles. Mais tout se perd dans un ensemble sans ligne de fuite distincte, sans message global, sans aboutissement.
Lorsque l'on tourne la dernière page de cette histoire, on a cette impression de soufflé qui retombe, et la question "et donc ?" qui reste en tête. L'aspect "intrigue à mystère" du roman ne revêt finalement qu'une importance minime, les scènes de romance tombent parfois un peu comme un cheveu sur la soupe, et il est difficile de se sentir pleinement investi dans l'intrigue aux côtés de ses protagonistes. le lecteur est présent, bien sûr, il peut être touché par le récit de temps à autre, mais demeure la plupart du temps spectateur extérieur. Ce ressenti final est d'autant plus frustrant que l'on ne peut que reconnaître le talent et les bonnes intentions et intuitions de
John Green qui sait sans contexte écrire et élaborer ces atmosphères irréelles qui font son charme. Certains seront sans doute transportés, d'autres ne comprendront pas l'intérêt de ces quelques 300 pages de questionnements existentiels à un moment donné d'une vie en particulier. le roman a ses qualités, ses défauts, et il aurait dû avoir tout pour constituer un récit mémorable. Simplement, pour finir avec une image d'une sophistication folle, la mayonnaise ne prend pas.
Je sais. J'ai le don de la conclusion.
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