Un Secret, c'est l'histoire d'un enfant en quête d'une vérité, celle de ses parents, de sa conception. Il voit qu'une ombre plane au-dessus de celle-ci. Fils unique, il s'invente un frère qui serait son idéal, celui qu'il aurait aimé être. Peut-être pour être aimé de son père, Maxime lui qui ne voit chez son fils qu'un enfant chétif, une « amertume » (p.55). Un frère imaginaire qui serait, dans le fond, que l'opposé de ce qu'il est. Fort, courageux, admiré de tous et surtout de Maxime.
Car son père, c'est le lutteur, le séducteur, celui que rien ne vient perturber, pas même le bruit des bottes, cette menace qui ne cesse de se faire plus présente à Paris. Sa mère Tania a toujours été le portrait en féminin de son père. Belle, élancée, athlétique surtout lorsqu'elle plonge sous les yeux admiratifs de son père. Leur unique enfant est, comme il le dit « bien différent de celui dont ils rêvaient » (p.55)
L'histoire de leur union, toujours magique pour un enfant qui se sent la conclusion de cet amour, change au fil de ce qu'il apprend d'eux.
Louise, une proche de la famille, sait tout ce que l'enfant cherche à savoir et elle brûle de le lui raconter. L'occasion est trouvée lorsque ce jeune garçon en vient, instinctivement, poussé par une pulsion maladive, sans même qu'il comprenne pourquoi « Soudain mon estomac s'est retourné… » (p.69), à frapper violemment un camarade de classe suite à une offense perpétrée à l'encontre des victimes de la Shoah lors de la projection d'un documentaire sur les camps d'extermination.
C'est alors que débute une révision de son histoire, ou du moins de celle de ses parents. le voile est enfin levé, la vérité vient mettre de l'ordre dans ses pensées, vient éclaircir ses doutes.
Il est tentant de raconter la suite or ce serait cruel pour celui qui ne l'a pas lu. Je terminerai donc par une phrase qui, pour moi, mérite toutes les louanges littéraires possibles : « Hannah ne réagit pas à l'entrée des hommes » (p.129). Il en faut peu pour tout dire et créer chez le lecteur une véritable secousse émotionnelle.
Et c'est ça la force de cet ouvrage, l'économie de mots afin de procurer au lecteur un sentiment étrange mais aussi satisfaisant. Comme pour dire, « c'est bon, je vois, je l'ai », par exemple : « Elle ne trouve de soutien que dans le regard de Louise, qui a compris et tente de la rassurer d'un sourire » (p.105), ce genre de sourire qui veut tout dire. le lecteur s'arrête alors et visualise la scène dans ce jeu de regard. Personne ne dit rien, chacun regarde l'autre et réalise alors que certaines situations se passent de commentaires.
Enfin, plus loin, je relèverais, pour conclure, cet oxymore « l'incroyable imprudence ». Cette figure de style est puissante et ne doit pas être trop employée au risque de produire l'effet inverse. Celle-ci vient, pour moi, marquer le point culminant de cet ouvrage.