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EAN : 9782940146352
237 pages
Editions Antipodes (01/09/2003)
3.5/5   1 notes
Résumé :
" J'appelle cette image " ma biographie ". Elle pourrait être la biographie de chaque survivant de la Shoah. Nous avons ici la moitié supérieure, qui est vide. On voit que les lettres sont tombées, l'ordre est annihilé. C'est ainsi que j'explique l'époque de Hitler, les années 1933 à 1945. Nous avons Alef, tout en haut dans le coin. Je reviendrais encore là-dessus. Les 21 lettres qui restent sont tombées, et dans cette chute, sept de ces 21 lettres se sont retournée... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Extrait d’un entretien avec Mme Judith Meyer-Glück, Juive slovaque, née en 1935 à Bratislava.

Mon oncle et ma tante ont tout de suite été déportés plus loin. Mon père m’a dit de me présenter comme une « Mischling » et de prétendre que nous venions d’un endroit déjà occupé par les Russes, pour rendre les recherches impossibles. Je me suis exercée à cette version.
Les « Mischlinge » allaient dans une baraque spéciale, on ne les transportait pas tout de suite.

– Votre père a-t-il pu rester auprès de vous ?

Dans cette baraque, nous étions ensemble. Et alors, les interrogatoires ont commencé. Chaque jour, pendant six heures d’affilée, on venait me chercher pour aller chez le commandant du camp, le célèbre Brunner. Un grand animal, un homme jeune, très aryen, yeux bleus, bottes, cravache – il se tenait comme ça chaque jour et m’attendait. L’épreuve de force entre lui et moi a duré six semaines. Aujourd’hui encore, je cherche à savoir pourquoi, au fond. Il aurait pu me faire déporter tout de suite ; j’avais 9 ans, j’étais petite et maigre comme un clou. Je crois qu’il voulait voir jusqu’où il pouvait aller – pour lui, c’était un jeu.

– Que faisait-il ?

Il me faisait venir seule. Après, il disait : « Alors tu prétends que ta mère n’est pas juive », il faisait claquer sa cravache contre ses bottes noires, il marchait sans cesse autour de moi, il essayait de me faire peur. Et je me tenais debout, là, et je répondais : « Oui, Monsieur le Sturmführer (commandant), c’est ce que je dis ! » Cela se passait tout le temps comme ça, les questions, qui se répétaient, ses bottes, la cravache, les cent pas, comme le chat et la souris. Je crois que cet évènement a été tout à fait décisif pour mon caractère. Il a fait de moi une battante. C’est quelque chose que j’ai pu transmettre à nos enfants, le courage civil. Je n’ai jamais mis des bâtons dans les roues à un enfant qui montrait du courage. Cet interrogatoire a duré six semaines et ses effets doivent encore marquer la génération suivante.
Cela s’est arrêté un jour, ce qui a signifié : « Transport ! » Mon père a été séparé de moi, il est allé à Sachsenhausen. Je suis restée seule.

– Vous souvenez-vous des adieux avec votre père ?

Non.

– Quels ont été les contacts entre vous et votre père, durant ces six semaines ?

Je n’arrive pas à m’en souvenir. Je me souviens seulement que chaque jour, une surveillante ou un surveillant venait dans notre baraque et criait : « Dita Glückova, à l’interrogatoire ! » Peut-être mon père a-t-il fait en sorte que je tienne bon. Si je n’avais pas tenu le coup durant ces six semaines, je serais probablement tout de suite allée à Auschwitz. À la place, j’ai été acheminée à Theresienstadt. J’ai été séparée de mon père et ensuite, un détenu qui connaissait notre famille m’a amenée dans la baraque des femmes et il a crié : « Qui est prête à prendre auprès d’elle cette enfant de 9 ans ? Elle est se retrouve ici toute seule. » Les femmes ont refusé en expliquant qu’elles avaient assez de difficultés comme ça, sans prendre encore un enfant inconnu. Pourtant, tout à coup, une femme a dit : « Mais c’est bien la fille de Renée et Schany Glück, où donc est Renée ? » On lui a répondu : « Elle est déjà déportée – son père aussi. À présent, elle est toute seule. » C’était Mme Anna Slavik, une amie de ma mère. Elle a dit spontanément : « Je prends Dita auprès de moi et je vais veiller sur elle. » Elle avait déjà son fils de 6 ans avec elle, Tomi. Mme Slavik m’a donc prise auprès d’elle. C’était admirable, un tel geste à un moment pareil n’allait pas de soi. Elle me traitait comme son propre enfant.









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