Du temps, un esprit disponible alors pourquoi ne pas se lancer dans la lecture de
vie et destin "le roman du XXe siècle".
Ma lecture de "
pour une juste cause" première partie de cet grande saga n'est pas très éloignée, juste deux mois, les enjeux, les scènes sanglantes sont toujours présents dans ma tête. J'en suis restée à l'époque où l'on pouvait croire au communisme.
Je ne sais pas en commençant cette lecture qui y croit encore mais j'apprends qu'à la guerre les conflits individuels peuvent se régler très vite ... un différent entre le commandant d'un régiment d'infanterie et son commissaire .... problème réglé ... une bombe est tombée sur le P.C du régiment ... les deux hommes sont morts.
Stalingrad ... quel meilleur résumé du ressenti de chacun que "c'est la plus grande défensive que
L Histoire ait connue, mais qu'en est il de l'offensive ?"
Alors je vais vivre quelques jours en compagnie de tous ceux qui ont approché de près cette tragédie humaine que fut Stalingrad.
1942 .... Stalingrad ...Le symbole de la résistance des hommes les uns contre les autres ... des russes enclavés ... des allemands enclavés ... jusqu'à la solution finale.
19 novembre 1942 ... début de l'offensive pour établir l'encerclement de la VI armée allemande.
2 février 1943 ... Stalingrad libéré... l'armée allemande vaincue sur ce front ... les hostilités allaient reprendre plus loin.
Des sentiments, des commentaires jalonnent cette très longue lecture ....
Assister ou plutôt vivre dans le ghetto et ressentir le bien être d'être enfermé avec des gens qui ne vous méprisent pas, être l'un d'eux, juste l'un d'eux et pas cet autre méprisable, ne plus se sentir comme du bétail mais juste une femme malheureuse, se sentir mieux ... Un comble !
L'information ... qu'est ce qu'informer .... il paraît que c'est éduquer un lecteur et non pas l'informer... il y a des choses à ne pas dire, à ne pas écrire ... on peut même parfois oser écrire que dans les villages on enterrait le blé ... on mourrait de faim dans le seul but de nuire à l'état soviétique et ... pendant ce temps dans les kolkhozes les enfants étaient repus de bons bouillons, de bonnes croquettes et de côtelettes !
Une dernière discussion avant la fin, la recherche des erreurs ... première erreur, aucun repentir ne pourra expier ce que nous avons fait ... deuxième, nous n'avons pas compris ce qu'est la liberté ... troisième erreur, l'instinct de conservation a poussé les gens à changer pour ne pas périr... une conclusion : les communistes se sont créés une idole !
Nous partons avec Sofia pour ce qu'elle sait être le dernier voyage, mais, l'optimisme est un opium comme un autre !
Nous comptons avec Nahum parce qu'on ne sait pas quoi faire d'autres, combien de corps, pardon il faut parler de figures, ont été brûlées et qu'elle est la moyenne atteinte par individu chargé de brûler les charniers !
On entend les discussions autour du syndicat, celui qui appelle aux sacrifices :
"avant la guerre, on doit se préparer à la guerre, pendant la guerre, on le sait : "tout pour le front", après la guerre, le syndicat appellera à travailler pour effacer les conséquences de la guerre."
Les temps sont durs mais on essaie encore de réfléchir collectivement, de penser, de discuter ... aujourd'hui comme hier autour des verres de thé .... le temps de la désespérance avec les verres de vodka n'est pas encore là !
Assister en simple spectateur à un entretien où l'issue est l'envoi d'un grain de café dans la tête avec avant, l'injection d'une petite dose d'élixir !
Une idée de la guerre comme une autre avec un poème d'un anonyme :
"camarade, en ta longue agonie,
Ne crie pas au secours, c'est trop tard.
Laisse-moi réchauffer mes mains transies
Au-dessus de ton sang qui s'égare.
N'aie pas peur, ne pleure pas ni ne sanglote :
Tu n'es pas blessé, mais seulement abattu.
Laisse-moi plutôt prendre tes bottes.
Car j'ai encore à me battre, vois-tu. "
Une analyse très fine du bien, faire le bien pour qui ? comment ? mais surtout quel bien ... le tien n'est pas forcement le mien et on assiste à des carnages fait au nom du bien ! ... et l'histoire recommence encore et toujours, les hommes font le bien et le malheur arrive !
Un questionnement comme un autre :
"Que doit ressentir un physicien qui sait que ses découvertes profitent à Hitler ? Pouvez-vous vous représenter un physicien juif, dont on abat les proches comme des chiens enragés, et qui se réjouit en faisant une découverte, quand cette découverte, contre sa volonté, renforce la puissance militaire du fascisme ?"
Ne pourrait on pas imaginer changer Hitler par Staline et fascisme par stalinisme ?
Visiter un bâtiment en construction comme un autre, une usine qui se doit de combiner toutes les nouvelles technologies dans le but de garantir une efficacité remarquable et comprendre l'utilisation future du lieu .... une usine d'élimination massive d'individus avec recyclage de tout ... et la question "dites-moi : peut-on avoir une idée approximative de la quantité de juifs dont il s'agit ? » ... et la réponse " vous avez dit : millions?"
Quelques temps passés avec ceux qui descendent du convoi de la mort mais encore suffisamment vivant pour aller vers la mort... cette longue marche vers ces bâtiments, ... cet arrêt pour que le tri puisse se faire entre les encore utiles et les inutiles .... ces vestiaires préalables à la douche ... l'entrée dans le tourbillon de la dernière salle et le déclenchement du ventilateur jusqu'à ... plus rien !
Un tour d'horizon ...
Vu d'Allemagne .... un front difficile, la préparation de massacres ethniques à grand rendement, des camps de prisonniers où les conditions de survie sont liées au fait de participer à l'élimination des ennemis du peuple avant sa propre élimination ... le travail de collaboration à l'élimination des juifs avec toutes les petites compromissions possibles avec sa morale ...
Vu de Stalingrad.... un front inimaginable, des ruines, des sous sols, une survie inhumaine qui mêle des hommes les plus différents, des hommes qui juste devant la mort osent encore parler, discuter, contester, qui se contentent d'espérer voir le jour se lever le lendemain...
Vu des fins fonds de l'URSS, des pays éloignés du front où on essaie de survivre loin du front, des villes, ces lieux où il n'y a rien pour la population locale alors pour ses immigrés il n'y a pas grand chose non plus ... il reste à participer comme on peut à l'effort de guerre, rêver au temps ancien où il faisait bon vivre, rêver à ceux qui sont si loin qu'on ne sait ce qu'ils sont devenus...
Et puis les réflexions
sur le bien, le mal, leurs définitions ...
Sur l'antisémitisme ici, là ou ailleurs mais toujours de plus en plus prégnant, insupportable et de plus en plus évident de chaque côté des belligérants !
Sur la montée au pouvoir des dictateurs ... comment un peuple a pu choisir un homme comme Hitler comme conducteur ... comment l'héritage de
Lenine a pu être cannibalisé par un homme comme Staline ?
Sur la montée de notre propre honte devant notre silence, notre laisser faire ... comment peut on arriver à se taire, à accuser ceux dont on partageait les idées hier encore !
La prison intérieure ... on pouvait y passer des jours, des mois, des années et puis on se retrouvait condamné à dix ans sans droit de correspondance .... ce qui signifiait qu'on avait été fusillé...
Et puis la victoire avec le dégagement de Stalingrad, les simples soldats heureux de profiter du silence, du pain, de l'oignon et de la vodka ... et les généraux prêts à se déchirer pour savoir qui allait avoir la gloire, la victoire !
Une conclusion comme une autre :
"un homme qui veut rester un homme sous le fascisme peut faire un choix plus facile que de sauver sa vie : la mort. »
Je vous laisse imaginer que l'on peut facilement remplacer fascisme par ....
Une citation encore ...
Tu sais, tantine, la vieille génération a toujours besoin de croire en quelques chose : pour Krymov, c'est
Lénine et le communisme, pour papa la liberté, pour grand mère le peuple et les travailleurs. Mais tout cela nous semble idiot, à nous, les jeunes. D'ailleurs, c'est bête de croire. Il faut vivre, sans croire à rien.
Une solution facile ?