Lorsque l'on a traversé une longue existence dans le même attelage, côte à côte, comme de bons chevaux, l'"autre" devient en quelque sorte soi, aussi essentiel que votre propre bras. C'est alors que l'expression "moitié" prend tout sons sens! Si l'un disparaît, celui qui reste n'est plus qu'une moitié d'être. Les femmes s'en tirent mieux, souvent, de cet écartement de la mort. C'est costaud, une femme! Les veuves pleurent haut, mais continuent à trouver des petites délices dans ce qui leur reste de vie, des joies besogneuses à faire le ménage et à nourrir le chat. Elles sont protégées du malheur total par la lénifiante monotonie des gestes automatiques. Mais les pauvres hommes!
On ne saisit jamais l'instant où les choses finissent, pas plus qu'on ne voit le bourgeon devenir feuille.
On finit par oublier ce que furent ses parents. La vieillesse abîme et défigure et la dernière image que laissent ceux que l'on a préférés est parfois la moins prestigieuse.
Il se fait tard, tôt dans une vie !
Elle aurait voulu que Pierre comprenne sans qu'elle explique. Accepte sans qu'elle plaide. Donne sans qu'elle demande. L'amour n'est pas un marchandage.
Flora, the sleeping cat !