Ketchup suit à la trace Miki et Sapo, deux jeunes qui ne branlent rien de leurs journées. Ils essaient de dealer des cachets d'extasy, en consomment pour leur propre compte, passent leur temps à s'insulter l'un l'autre (ils ne conçoivent pas l'amitié autrement, ils auraient trop peur de passer pour des pédés), traitent leurs petites copines comme des merdes, aimeraient avoir de l'argent et des grosses voitures, le tout sans travailler. Ils fréquentent tour à tour des skinheads dont le plus grand plaisir est de casser du pédé/ de l'arabe/ du noir/ du travesti/ du dealer (ça dépend des circonstances), les gens du
porno (pour essayer de faire de l'argent), des gourous de la drogue… Des personnages qui s'expriment entre chaque tranche de vie de Miki et Sapo dans des chapitres de flot verbal ininterrompu.
Il est particulièrement difficile de s'attacher aux personnages de Miki et Sapo : crétins, décérébrés, incultes, machos, racistes, ils sont des étendards vivants contre la jeunesse (très très) désoeuvrée. Quant aux fameux points de vue extérieurs qui ponctuent le récit, aucun ne trouve véritablement sa langue pour incarner chaque personnage (le prof principal, la star du
porno, l'étudiant, la mère de Miki) : tout est déclamé sur le ton de la colère qui uniformise le propos et lasse le lecteur.
Xavier Gual n'arrive pas à donner assez de corps à Miki et Sapo pour que le lecteur puisse les différencier, ne serait-ce que dans leurs interminables dialogues. Les descriptions ne sont pas le fort de
Xavier Gual, on sent qu'il a tout voulu miser sur le verbe. Sauf que le verbe ne suit pas. Pour enfoncer le clou de la comparaison au
Trainspotting d'
Irvine Welsh qui a été mise en avant par l'éditeur, on peut souligner que l'auteur anglais, s'il racontait aussi les errances d'une jeunesse désoeuvrée, avait un propos et un regard sur ses personnages. Là où
Xavier Gual ne dépasse jamais la constatation vaine.