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Avec Les Terres Promises de Jean-Michel Guenassia (Le Club des Incorrigibles Optimistes, Trompe-la-mort, La Valse des arbres et du ciel), je suis justement reparti sur les traces de ces Incorrigibles Optimistes, pour une nouvelle saga s'étalant de 1964 jusqu'au début des années 2000.
Avec sa verve intarissable, l'auteur m'a entraîné dans un tourbillon historique un peu long au final mais la plupart du temps passionnant.
Dans l'histoire des frères Marini, Franck et Michel, difficile de savoir quel pays tient la vedette car la France, l'Algérie, Israël et la Russie sont les principaux théâtres de leurs aventures et de celles de leurs amis.
Fils de parents séparés, Michel et Franck ne se voient plus car l'aîné, Franck, militaire en Algérie, a déserté après avoir tué un officier qui voulait l'empêcher de quitter le pays avec Djamila, une femme qu'il aimait et qu'il laissa, là-bas, enceinte. Revenu en France, il a retrouvé Cécile, prof de français, qui donnera le jour à Anna, leur fille, que Franck n'a pas connu car obligé à nouveau de fuir pour échapper aux poursuites. C'est avec lui que se déroule un bon passage dans l'Algérie devenue indépendante.
Écrivant de façon très vivante, Jean-Michel Guenassia m'a passionné en me replongeant dans l'Histoire tout en me faisant partager la vie des gens pris dans ce tourbillon.
Toujours alerte, le récit passe de l'un à l'autre, m'apprend que Paul, le père de Franck et Michel, est revenu vivant du stalag, grâce à un trèfle à quatre feuilles trouvé là-bas par le plus grand des hasards. Il n'hésitera pas à en fabriquer un de plus et ces porte-bonheur passeront de l'un à l'autre. Pour l'efficacité, il suffit d'y croire. C'est comme pour la religion qui surgit de temps à autre car Franck est devenu fan de Charles de Foucauld alors qu'il est un marxiste convaincu.
Avec la famille Marini, il ne faut pas oublier les frères Sacha et Igor Markish. le premier était membre éminent du KGB et, sans se faire connaître, a réussi à prévenir son frère de son arrestation imminente. Ainsi, Igor qui est médecin, a pu fuir, laissant femme et enfants. Quand ça tourne mal pour lui, Sacha quitte aussi l'URSS pour Paris mais est rejeté par les membres du Club des Incorrigibles Optimistes, tous réfugiés du bloc de l'Est. Même Igor qui lui doit la vie sauve, ne lui parle pas. Aussi, Sacha, à bout, se pend.
Après un long épisode algérien très instructif, Igor et Michel arrivent en Israël où ce dernier retrouve Camille, sa petite amie, partie avec ses parents, vivre dans un kibboutz. Là aussi, le roman est passionnant car il démontre le fonctionnement du pays comme il l'a fait pour l'Algérie et le fera ensuite pour l'URSS.
Franck veut retrouver Djamila. Michel cherche Camille. Igor prend tous les risques pour revoir femme et enfants. Ces quêtes fructueuses ou infructueuses, souvent dangereuses, émaillent un roman qui sacrifie beaucoup, hélas, dans sa dernière partie à la religion orthodoxe.
Tout cela est habilement mené, bien articulé par Jean-Michel Guenassia. Libre à tout un chacun d'y croire ou non mais la lecture de ce roman-fleuve : Les Terres Promises, m'a fait passer des moments passionnants, rappelé des événements historiques pas si lointains mais un peu oubliés. C'est un roman que je suis content d'avoir dévoré.

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Quelle lecture passionnante que Les terres promises de Jean-Michel Guenassia !
J'avais déjà été emballée par le Club des Incorrigibles Optimistes, cette épopée intime d'une poignée de réfugiés du bloc de l'Est, dont Igor, Léonid et Sacha qui s'adonnaient avec passion aux échecs dans l'arrière-salle du Balto, place Denfert-Rochereau à Paris, sous l'oeil attentif du jeune Michel Marini. C'était en 1959 et il avait 12 ans.
L'auteur a eu l'idée géniale de donner une suite à ce roman. Les Terres promises peut néanmoins se lire indépendamment. J'appréhendais, d'ailleurs, de ne plus me souvenir des personnages, ma lecture datant d'une dizaine d'années, mais aucun problème, l'auteur replaçant bien chacun des personnages dans son contexte.
Nous sommes en 1964 et Michel a maintenant 17 ans. Il attend désespérément une lettre de Camille espérant pouvoir aller la rejoindre, elle qui est partie vivre avec ses parents dans un kibboutz en Israël. Son frère Franck, recherché par les autorités françaises depuis qu'il a déserté, repart en Algérie où il va s'engager à fond dans la reconstruction de ce pays en partant de zéro, espérant avant tout retrouver la jeune Algérienne qui attend un enfant de lui. Quant à Igor, arrêté après la mort de son frère Sacha, il pense de plus en plus à retourner en URSS pour retrouver sa famille qu'il pense avoir trahie en l'abandonnant.
France, Israël, Algérie, URSS, Jean-Michel Guenassia nous embarque dans un voyage où les protagonistes sont pleins d'illusions et prêts à changer le monde. Tous s'engagent, pensant comme Franck en Algérie qu'« ils auraient la chance historique de participer à l'élaboration d'une société plus juste … en finir avec la cupidité, l'égoïsme, la maladie, l'illettrisme.. . ». Ils reçoivent des coups, souffrent mais s'ils sont partis c'est pour pouvoir s'impliquer sur ces terres promises et quoi de mieux que la promesse, le rêve !
Les utopies, le désir et une volonté chevillée au corps de vouloir changer le monde, c'est ce que raconte l'auteur dans ce roman avec malheureusement toutes les désillusions qui ont suivi.
Je n'avais jusque-là pas vraiment lu d'ouvrage où la période post-indépendance de l'Algérie était traitée et j'ai donc apprécié de découvrir comment la reconstruction de ce pays après 1962 a pu se faire et les déboires rencontrés.
J'ai été surprise en voyant comment la religion orthodoxe avait pris de l'ampleur après l'effondrement du communisme, une sorte de nouvelle utopie.
La narration historique des années 1960 jusqu'à la fin du XXème siècle est fabuleuse et transcrit à merveille cette époque où on pensait qu'il était possible de changer le monde.
C'est également à un voyage intérieur qu'il nous est donné de vivre à travers ces personnages. Chacun est à la recherche d'un proche, de sa famille, de ses enfants. L'amour, le doute, la culpabilité, mais toujours l'espoir, la solidarité et la tolérance.
À la fois roman d'aventures où le suspense est maintenu jusqu'à la fin, avec un brin d'angoisse, roman sociétal, roman intimiste, roman historique, Les Terres promises tient largement les promesses des Incorrigibles Optimistes, même si la religion a, à mon goût, une place trop prégnante et si la fin perd un peu de rythme à mon sens !
Plus de 600 pages qui se dévorent allègrement laissant la nostalgie d'une époque révolue et signant malheureusement la fin de toutes nos utopies.

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On retrouve avec plaisir les personnages du Club des incorrigibles optimistes là où on les avait laissé.
Chacun suit son chemin
Franck se retrouve en Algérie au moment de l'indépendance.
Michel poursuit ses études à la fac, fait de nouvelles rencontres, mais il n'oublie ni Camille, ni Cécile.
Igor va chercher à se reconstruire après avoir été accusé du meurtre de son frère.

L'auteur mêle a avec brio personnages de fiction et personnages réels, le tout étayés de vrais moments historiques.

En tout cas ces hommes sont en quête d'eux même. Tout au long de ma lecture je n'ai aspiré qu'à une chose... Qu'ils puissent avancer sereinement dans leur histoire et enfin se trouver.

L'auteur est sans concession pour ses personnages.
J'ai une fois encore, mais en serait-il autrement avec JM. Guenassia, passé un très bon moment.
Quel plaisir de retrouver ces personnages tant aimé.

Néanmoins, j'ai trouvé la fin un peu abrupte... Mais peut être que l'auteur nous offrira un troisième opus.
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C'est motivant de retrouver plus de dix ans après ces héros tant aimés et que l'auteur avait laissés face à un avenir qui restait à imaginer ! La crainte aussi de ne pas raccrocher au fil, d'avoir oublié, d'avoir perdu la magie que nous avait fait vivre ce club de paumés rassemblés autour d'un jeu d'échec.

Eh bien, la magie reste présente, et c'est sans peine que l'on reconnaît Michel, qui a pris quelques années, mais est encore mineur, (la majorité à 21 ans, c'est pour un peu plus tard). Et puis Maurice qu'on avait eu le plaisir de croiser dans la vie rêvée d'Ernesto G. Et puis Camille, Cécile, même si ces deux là ont une propension pour filer à l'anglaise. Sans compter Leonid et Igor.

Plus de club d'échec improvisé, même si le jeu reste un fil rouge au cours du roman, mais surtout des voyages incessants, émigrations, dont les prétextes sont multiples, fuite de la justice pour Franck, recherche de sa bien-aimée pour Michel, désir de l'ailleurs pour tous. Seul Maurice reste à Paris où il monte un projet de grande surface d'électroménager, une révolution dans le monde du commerce.

Les rencontres sont foisonnantes et dans ce contexte politico-historique qui a conduit à l'autonomie de l'Algérie, les temps sont troublés. On a la chance de parcourir ces pages qui marient si bien la petite et la grande histoire, dans un récit qui impressionne par la documentation.

C'est un réel bonheur d'avoir enfin pu assisté à l'évolution de ces personnages que l'on a tant aimés, et qui sait, on laisse la dernière page avec l'espoir d'avoir une nouvelle tranche de ce qui deviendrait une saga.
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Franck, Michel, Igor et les autres n'iront plus au Balto, il est définitivement fermé, mais partent en quête de ce dont on peut rêver entre vingt et trente ans — de l'amour, d'un idéal politique (fut-il marxiste) — ou tentent d'échapper aux conséquences sur leur vie de conflits et d'enjeux qui les dépassent. Des chemins qui n'aboutissent pas toujours là où ils voulaient, mais qui sont riches d'enseignement pour qui sait comme eux rebondir et s'engager dans un idéal digne de ce nom.

L'Israël des kibboutz comme l'Algérie décolonisée sont les terres promises de ces incorrigibles optimistes que presque sans jamais lasser (il est parfois un peu long) et d'une plume fluide Michel Guenassia, douze ans après le formidable Club des incorrigibles optimistes, remet en scène en prise avec leur époque. Une façon de parler des années 60 et de leur contexte social, économique et géopolitique aussi vivante qu'attrayante.
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« On existe parce qu'on se souvient ».
C'est ainsi que les personnages de Jean-Michel Guenassia, riches de souvenirs qui leur inspirent remords ou nostalgie, suivent chacun le chemin qu'ils ont choisi, résolument tournés vers l'avenir.
Le lecteur, qui n'a pas oublié non plus, retrouve avec plaisir Michel, Franck, Igor, Leonid, Cécile, Werner et les autres. La vie et l'atmosphère captivante qui pulse autour de ces incorrigibles l'aspire à nouveau de la première à la dernière page.

Dans un premier temps, nous suivons essentiellement les deux frères Marini à deux périodes différentes : Michel, dont les projets fluctuent au gré des conjonctures, part en Israël en 1966 afin d'y rejoindre Camille ; Franck, recherché par les autorités françaises, retourne en Algérie en 1962, à la recherche de Djamila.
Bien sûr, car la vie va ainsi, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.

Dans un tourbillon d'expériences nouvelles, d'événements historiques et de rencontres, de nouveaux personnages viennent se greffer à l'histoire.
D'une manière très fluide, l'auteur passe de l'un à l'autre, explorant leurs rêves, leurs doutes et leurs espoirs.

Il y a ceux qui aspirent à bâtir un monde nouveau ou à changer celui dont ils ont hérité ; il y a ceux qui sont ballottés par L Histoire et ceux qui sont englués dans leur histoire personnelle ; il y a ceux qui font appel à Dieu et ceux qui comptent sur la chance (notons d'ailleurs la présence dans cette histoire de deux trèfles à 4 feuilles, un vrai et un faux).
Mais surtout, il y a une irrépressible soif de liberté, accompagnée de prises de conscience idéologiques et politiques.

Mais nos optimistes vont réaliser à quel point il est difficile de mener sa vie en adéquation avec ses convictions et, de compromis en arrangements, vont voir leurs idéaux humanistes se déliter dans une réalité mercantile.

De l'indépendance de l'Algérie à la dissolution de l'URSS, nous assistons à l'évolution sporadique de nations qui, si elles gagnent en libertés, sont de plus en plus soumises aux exigences économiques et commerciales.

Comme « le Club des incorrigibles optimistes », « Les Terres promise » est un roman riche et profondément humain.
D'une plume brillante et délié, avec un sens de la formule évident, l'auteur excelle à donner une dimension passionnante à cette 2nde moitié du 20è siècle, grâce à l'implication attachante des protagonistes.
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Jean-Michel Guénassia est un romancier surprenant. En 2009, âgé de presque soixante ans et quasiment inconnu en littérature, il publiait le Club des incorrigibles optimistes, un extraordinaire roman de huit cents pages, qui le propulsait dans le club des écrivains cumulant éloges de la critique, prix littéraires et succès de librairie. Après plusieurs romans de bonne facture parus dans la décennie 2010, voici Les Terres promises, un nouveau roman-fleuve qui se présente comme la suite du « Club ». La performance mérite d'être saluée, car il n'est pas facile de redonner vie à des personnages en sommeil depuis douze ans.

La plupart sont bien là, dans le tourbillon de l'actualité et des tendances des années soixante. A tout seigneur tout honneur ! Personnage central du « Club », Michel Marini a désormais dix-sept ans. Nous sommes en 1964, il vient d'avoir son bac et il s'engage dans des études littéraires légères, qu'il suivra avec… légèreté. Mais on sait qu'il est promis à une destinée de photographe, une profession qui l'amènera à être présent lors d'événements importants et justifiera sa proximité avec des stars du moment. Dans Les Terres promises, Michel n'occupe cependant plus le devant de la scène et je qualifierais plutôt son rôle de personnage pivot : tout passe par lui.

Un peu plus âgé, son frère Franck est un communiste convaincu – ça existait à l'époque ! Son parcours nous ramène deux ans plus tôt. Lors de son service militaire en Algérie, Franck avait déserté et tué un officier français dans des circonstances troubles. Recherché par la police militaire, il restera en Algérie après l'indépendance et deviendra un cadre du nouveau régime. Persuadé d'oeuvrer pour le bien de l'humanité, il aura ainsi l'occasion de confronter ses idées à la réalité du terrain. On imagine ses déceptions et ses frustrations au cours des années qui suivront. Mais Franck se sent aussi très interpelé par la démarche mystique du père Charles de Foucauld, qui vécut un siècle avant lui…

Beaucoup plus âgé, Igor est russe. le judaïsme de cet incorrigible optimiste « historique » avait été révélé dans les dernières pages du « Club ». Médecin, il avait été contraint de fuir l'Union soviétique en 1952, lors de la purge stalinienne de ce qu'on appela le « complot des blouses blanches ». A Paris, vivant d'expédients, sans nouvelles de sa famille et rongé par le remords de l'avoir abandonnée, il subira le contrecoup du suicide de son frère Sacha, venu le rejoindre en exil. Il choisira d'émigrer en Israël où lui est offerte la faculté d'exercer comme médecin. Il acceptera plus tard de retourner dans son pays d'origine et vivra courageusement des aventures rocambolesques et mouvementées.

En lisant Les Terres promises, j'ai trouvé le même intérêt et le même plaisir que dans « le Club », avec le parcours romanesque de quelques personnages plongés dans l'actualité géopolitique et culturelle de mon adolescence, car la génération de l'auteur et du personnage pivot est aussi la mienne : la France de de Gaulle et de Salut les Copains, l'Israël des kibboutz, l'Algérie de Boumédiène, la Russie soviétique… Des terres promises ? Plutôt des promesses de paradis. Ont-elles été tenues ? L'auteur rappelle sans tabou la corruption dans les pays en voie de développement, le climat de surveillance paranoïaque dans l'ancien bloc soviétique. Il évoque aussi les multiples manières d'être juif.

Le livre est accessible sans avoir lu le Club des incorrigibles optimistes. le rappel des événements précédents à connaître s'effectue au moment opportun ; j'en ai moi aussi profité, car après douze ans, mes souvenirs du « Club » n'étaient plus très précis.

La narration passe en boucle de Michel à Franck et à Igor. Les aventures de chacun sont racontées chronologiquement, mais elles sont décalées entre elles ; des sauts dans le temps qui exigent de la concentration si l'on veut maîtriser sa lecture. Autre particularité : aux trois-quarts du livre, on est encore en 1967, puis le rythme s'accélère et la fin survient près de quarante ans plus tard, en 2006.

Une fin curieuse, d'ailleurs, dans un mysticisme qui semble prendre de plus en plus de place, avant de s'achever en un « embrassons-nous, Folleville ! » déconcertant. Jean-Michel Guénassia nous en apportera-t-il la clé dans douze ans ?

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Les terres promises est un livre pétri d'humanité, de tolérance et sa lecture nous procure un grand moment de félicité.
En 2009, Jean-Michel Guenassia connaît le succès avec son livre :
le club des incorrigibles optimistes. L'histoire d'une génération sacrifiée, des hommes du bloc de l'est, deux Russes, un allemand, un tchèque échappant aux tenailles du communisme qui s'abat sur la Russie et les pays frères. Ces hommes se retrouvent dans l'arrière salle d'un bistrot pour jouer aux échecs et décide de vivre en restant optimistes.
Les Terres promises se veut être une suite, par avance, n'hésitez pas à le lire même si vous n'avez pas lu le premier.
Car si la trame du livre est la poursuite et la vie de ces hommes, elle reste très autonome.

L'accent dans les terres promises est mis sur la destinée des hommes, le prix de la liberté pour chaque homme, comment y accéder ? Comment trouver sa terre promise, elle est différente pour chacun.
Nous allons suivre les parcours passionnants de ces hommes dont Igor, médecin russe qui a fuit la Russie est mon personnage préféré, n'hésitant pas à franchir des frontières et revenir en Union soviétique pour revoir ceux qu'il a abandonné de façon désespérée des années auparavant.
Jean Michel Guenassia évoque à travers ces vies, avec beaucoup de justesse et de lucidité les rouages méthodiques du système communiste qui a broyé tant de vies, un très bel hommage rendu à toutes ces vies brisées.
Par sa naissance à Alger, il nous offre aussi tout un pan de l'histoire de L'Algérie de la fin de la colonisation à l'indépendance et la vie balbutiante de la jeune Algérie indépendante.
Tout y est dans son roman, L Histoire , la déferlante et la sauvagerie des guerres, où qu'elles soient, la religion , l'amour des hommes, la fraternité, l'amitié et cette formidable
résilience qui permet à l'homme de vivre à tout prix.

J'ai tout simplement adoré ce roman et je vous le conseille sans bémol : un hymne à la vie.
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L'auteur reprend son récit et ses personnages là où s'est achevé « le club des incorrigibles optimistes », prix Goncourt des lycéens 2009. D'ailleurs avec habileté Jean-Michel Guenassia prend le soin de rappeler à son lecteur les évènements passés. Ce roman foisonne de moments historiques mêlant personnages réels et de fiction. Nous suivons le parcours de Franck, de son frère cadet Michel et d'Igor de 1964 jusqu'à la fin du XXe siècle.

Franck est un idéaliste alors naturellement il retourne en Algérie, qui vient d'obtenir son indépendance, il veut aider à reconstruire le pays, dans une période confuse, suite à la décolonisation et au départ des Français.
Michel lui va rejoindre Camille et partager la vie d'un kibboutz dans le jeune État d'Israël, un pays qui est un vaste chantier bordélique où les immeubles poussent comme des champignons.
Igor assiste à l'effondrement du mur de Berlin entraînant dans sa chute le bloc communiste.

C'est donc l'Histoire avec un H majuscule que va vivre le lecteur au travers de ces personnages. Un voyage effréné, où chacun recherche un monde meilleur, quelque chose d'impossible, que les rêves deviennent réalité. Ce roman est une quête sans fin pour retrouver des proches dont on est sans nouvelles depuis des dizaines d'années. Ce livre est aussi le récit d'un voyage intérieur, celui de Franck, sans aucun doute, le personnage principal.

Un livre difficile à résumer tant il est riche, une fresque portée par une écriture vivante, rythmée, vibrante et fluide de la première à la dernière page.

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Tout de suite on retrouve l'écriture de Guenassia, classique, claire et dynamique. On va retrouver les héros du club qui a disparu, le Balto est fermé.
Michel ne sait pas si son frère Franck est vivant: il a fui après sa désertion; Cécile a coupé les ponts comme si Michel était responsable du silence de son frère, elle qui a aussi perdu Pierre son frère.
Franck est reparti en Algérie: il cherche l'algérienne dont il a un fils, il a pris brutalement cette décision après avoir assisté au suicide d'une jeune femme enceinte dans le métro; du coup ,il est parti sans Cécile (dont il ne savait pas qu'elle était, elle aussi, enceinte de lui.
Igor est accusé de la mort de Sacha (qui s'est suicidé au Balto), il est en prison.
Au début Michel vit chez son père Paul et sa nouvelle femme Marie; sa mère les a quittés pour incompatibilités de pensée. Il se cherche et forme un curieux trio avec Louise (serveuse) et Jimmy (future vedette de télé). Michel rêvait d'aller retrouver Camille en Israël mais elle ne donne pas de nouvelles.
Quand il en reçoit enfin, il annonce qu'il part la rejoindre (il n'apprendra qu'au bout de six mois que Louise s'est suicidée)
Franck cherche partout Djamila et quand enfin il la retrouve, elle est mariée et ne lui permet pas de connaître son fils. En Algérie tout est à construire, Franck veut participer, au nom de son idéal communiste. Il va s'occuper d'un gamin voleur, il l'élèvera avec l'aide de l'italienne Rosetta; la fin de cette histoire est inattendue. L'Algérie d'après l'indépendance, relativement peu connue est développée ici; la situation politique et économique est difficile; la cohabitation des quelques français qui sont restés, celle des harkis et des différents partis algériens est difficile.
Camille va retrouver Michel et ils vont élever la petite Anna que Cécile a abandonné, ne parvenant pas à l'aimer. L'auteur me signale qu'elle subit un baby blues.
Igor (libéré) et Léonid partent pour Israël, une amitié naîtra avec Yvan, directeur du centre où ils apprennent l'hébreu...

Je m'aperçois que ce livre est impossible à résumer: trop de personnages à suivre avec chacun la perte d'un peu de leur terre promise; les personnages ont tous une densité psychologique et on les suit avec intérêt. Pavel ne fait qu'une petite apparition mais Igor, au contraire vit de longues aventures qui lui feront de nouveau connaître la prison puis une fin de vie paisible.
Le destin de Viktor, fils de Sacha est étonnant: il va sauver son oncle Igor des mauvais traitements mais le plus surprenant, c'est que peu à peu, il va renouer avec sa religion au risque d'ennuis politiques.
Le plus surprenant est ce que devient Franck!
J'ai beaucoup aimé ce roman malgré une légère difficulté de lecture qui vient de l'éparpillement des textes: il faut chaque fois deviner qui parle et où on l'avait laissé mais on est entraîné sans résistance .
Un livre avec autant d'entrées a sûrement été difficile à écrire mais il l'est aussi pour le lecteur qui a intérêt à être vigilant (je suggère même papier/crayon pour bien repérer les dates et les interactions entre les personnages!)
Si j'ai encore à écrire, j'insisterai davantage sur tous ces personnages qui perdent leurs enfants et passent leur vie à les regretter; sauf Cécile! dont le comportement est assez difficile à admettre(ce n'est pas l'avis de l'auteur) mais au moins cela sauve Anna dont on suit avec plaisir l'évolution.
@guenassia
Tous vos personnages sont attachants et leurs caractères sont fouillés; je ne saurais dire qui est mon préféré.
J'avoue avoir été fascinée par la découverte de la vie de l'Algérie décolonisée; je n'en connaissais pas grand chose. le sort des "pieds-noirs" et des harkis m'a toujours préoccupée, sans penser au pays qui a tout à construire à partir de presque rien puisque les forces vives ont été contraintes à partir ou ont choisi de fuir. La colonisation aurait du oeuvrer à sa disparition en formant les autochtones mais les colons sont attachés à une terre où souvent ils sont nés.; de plus il y a les oppositions et la corruption des nouveaux venus au pouvoir.
Igor m'a beaucoup impressionnée aussi...notamment quand il atteint le seuil de la douleur extrême sous les tortures et devient indifférent. Il paraît que c'est un fait connu parmi les torturés.
J'espère trouver le temps de relire les deux livres très attentivement d'ici quelques mois (que le Club paraisse en poche donne une nouvelle chance aux lecteurs!)
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