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EAN : 9782741380207
288 pages
Editions Traditionnelles (01/03/2011)
4.5/5   6 notes
Résumé :


René Guénon considérait la tradition hindoue ( parmi celles subsistant encore à son époque ) comme la plus proche de la tradition primordiale. Cela donne tout son prix au recueil constitué en 1966 par les éditions traditionnelles et présenté sous le titre « Etudes sur l'hindouisme » car il contient toutes les études supplémentaires que le grand métaphysicien a consacré à l'Inde après ses deux ouvrages exclusifs et déjà considérables pour le sujet tra... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Mâyâ est le « pouvoir » maternel (Shakti) par lequel agit l’Entendement divin » ; plus précisément encore, elle est Kriyâ-Shakti, c’est-à-dire l’« Activité divine » (en tant que celle-ci est distinguée de la « Volonté divine », qui est Ichchhâ-Shakti). Comme telle, elle est inhérente à Brahma même ou au Principe suprême ; elle se situe donc à un niveau incomparablement supérieur à celui de Prakriti, et, si celle-ci est aussi appelée Mâyâ, notamment dans le Sânkhya, c’est qu’elle n’est en réalité que le reflet de cette Shakti dans l’ordre « cosmologique » ; on peut d’ailleurs remarquer ici l’application du sens inverse de l’analogie, la suprême Activité se reflétant dans la pure passivité, et la « toute-puissance » principielle dans la potentialité de la materia prima. De plus, Mâyâ, par là même qu’elle est l’« art » divin qui réside dans le Principe, s’identifie aussi à la « Sagesse », Sophia, entendue exactement dans le même sens que dans la tradition judéo-chrétienne ; et, comme telle, elle est la mère de l’Avatâra : elle l’est tout d’abord, quant à sa génération éternelle, en tant que Shakti du Principe, qui ne fait d’ailleurs qu’un avec le Principe lui-même dont elle n’est que l’aspect « maternel » ; et elle l’est aussi, quant à sa naissance dans le monde manifesté, en tant que Prakriti, ce qui montre encore plus nettement la connexion existant entre ces deux aspects supérieur et inférieur de Mâyâ.

Nous pouvons faire une autre remarque, se rattachant directement à ce qui vient d’être dit de l’« art » divin, en ce qui concerne la signification du « voile de Mâyâ » : celui-ci est avant tout le « tissu » dont est faite la manifestation universelle ; nous retrouvons donc là le symbolisme traditionnel du tissage dont nous avons parlé ailleurs, et, bien qu’on semble généralement ne pas s’en rendre compte, cette signification est indiquée très clairement dans certaines représentations, ou sur ce voile sont figurés des êtres divers appartenant au monde manifesté. Ce n’est donc que secondairement que ce voile apparaît en même temps comme cachant ou enveloppant en quelque sorte le Principe, et cela parce que le déploiement de la manifestation dissimule en effet celui-ci à nos regards ; ce point de vue, qui est celui des êtres manifestés, est d’ailleurs encore inverse du point de vue principiel, car il fait apparaître la manifestation comme « extérieure » par rapport au Principe, tandis qu’elle ne peut en réalité lui être qu’« intérieure », puisque rien ne saurait exister d’une façon quelconque en dehors du Principe qui, par là même qu’il est infini, contient nécessairement toutes choses en soi.

Ceci nous ramène à la question de l’illusion : ce qui est proprement illusoire, c’est le point de vue qui fait considérer la manifestation comme extérieure au Principe ; et c’est en ce sens que l’illusion est aussi « ignorance » (pp. 102-103)
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L’Inde véritable, pour nous, ce n’est donc pas cette Inde plus ou moins modernisée, c’est-à-dire occidentalisée, que rêvent quelques jeunes gens élevés dans les universités d’Europe ou d’Amérique, et qui, si fiers qu’ils soient du savoir tout extérieur qu’ils y ont acquis, ne sont pourtant, au point de vue oriental, que de parfaits ignorants, constituant, en dépit de leurs prétentions, tout le contraire d’une élite intellectuelle au sens où nous l’entendons. L’Inde véritable, c’est celle qui demeure toujours fidèle à l’enseignement que son élite transmet à travers les siècles, c’est celle qui conserve intégralement le dépôt d’une tradition dont la source remonte plus haut et plus loin que l’humanité ; c’est l’Inde de Manu et des Rishis, l’Inde de Shrî Râma et de Shrî Krishna. Nous savons que ce ne fut pas toujours la contrée qu’on désigne aujourd’hui par ce nom ; sans doute même, depuis le séjour arctique primitif dont parle le Vêda, occupa-t-elle successivement bien des situations géographiques différentes ; peut-être en occupera-t-elle d’autres encore, mais peu importe, car elle est toujours là où est le siège de cette grande tradition dont le maintien parmi les hommes est sa mission et sa raison d’être. Par la chaîne ininterrompue de ses Sages, de ses Gurus et de ses Yogîs, elle subsiste à travers toutes les vicissitudes du monde extérieur, inébranlable comme le Mêru ; elle durera autant que Sanâtana Dharma (qu’on pourrait traduire par Lex perennis, aussi exactement que le permet une langue occidentale), et jamais elle ne cessera de contempler toutes choses, par l’œil frontal de Shiva, dans la sereine immutabilité de l’éternel présent.

Tous les efforts hostiles se briseront finalement contre la seule force de la vérité, comme les nuages se dissipent devant le soleil, même s’ils sont parvenus à l’obscurcir momentanément à nos regards. L’action destructrice du temps ne laisse subsister que ce qui est supérieur au temps : elle dévorera tous ceux qui ont borné leur horizon au monde du changement et placé toute réalité dans le devenir, ceux qui se sont fait une religion du contingent et du transitoire, car « celui qui sacrifie à un dieu deviendra la nourriture de ce dieu » ; mais que pourrait-elle contre ceux qui portent en eux-mêmes la conscience de l’éternité ? (pp. 25-26)
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L’action destructrice du temps ne laisse subsister que ce qui est supérieur au temps : elle dévorera tous ceux qui ont borné leur horizon au monde du changement et placé toute réalité dans le devenir, ceux qui se sont fait une religion du contingent et du transitoire, car « celui qui sacrifie à un dieu deviendra la nourriture de ce dieu » ; mais que pourrait-elle contre ceux qui portent en eux-mêmes la conscience de l’éternité ?
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Tous les efforts hostiles se briseront finalement contre la seule force de la vérité, comme les nuages se dissipent devant le soleil, même s’ils sont parvenus à l’obscurcir momentanément à nos regards. L’action destructrice du temps ne laisse subsister que ce qui est supérieur au temps : elle dévorera tous ceux qui ont borné leur horizon au monde du changement et placé toute réalité dans le devenir, ceux qui se sont fait une religion du contingent et du transitoire, car « celui qui sacrifie à un dieu deviendra la nourriture de ce dieu » ; mais que pourrait-elle contre ceux qui portent en eux-mêmes la conscience de l’éternité ?
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Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "La Crise du Monde Moderne" de René Guénon aux Editions Héritage.
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