Un aphorisme de l'époque prononce : « Est artiste qui a son centre en soi-même. Celui à qui cela fait défaut doit se choisir hors de lui un certain guide et médiateur, naturellement pas pour toujours, mais pour commencer. Car sans un centre vivant, l'homme ne peut pas être, et s'il ne l'a pas encore en lui, il ne doit le chercher que dans un homme, et seul un homme pourvu d'un centre peut attirer et éveiller le sien ».
La vie donne à la conscience romantique sa profondeur existentielle ; elle ouvre à l'identité romantique sa perspective d'insertion dans l'espace et le temps du monde. Son indivision originaire propose le fondement de toute prise d'être, référence des références et justification des justifications, au mépris des systèmes et axiomatiques proposés par l'autorité de la raison.
Le romantisme, monisme psychobiologique, rompt avec la tradition qui confère à l'homme une position centrale, exorbitante du droit commun de la nature. L'idéalisme propose une vérité désincarnée, celle du sourd-muet-aveugle. La conscience présuppose l'incarnation. Principe de raison insuffisante. L'amour. L'homme est nature de part en part ; il ne domine pas le sens qui le traverse.
La conscience romantique en son incarnation, responsable du poids le plus lourd, doit animer, à partir de son centre, un domaine sans limite, matériel et moral, historique et social. Frédéric Schlegel, dans un texte de Lucinde que nous avons cité, disait que « nous trouvons en nous le germe de tout et que cependant nous restons éternellement seulement une partie de nous-même »