Impossible de ressortir indemne de ce livre : il fait partie de ceux dont on se rappelle bien longtemps après l'avoir lu. Dont on se rappelle toute sa vie, en fait, même si on ne l'a lu qu'une fois.
J'ai été profondément touchée par cette histoire, mais surtout par le talent de l'auteur qui arrive à ne pas tomber dans le pathos, et qui nous livre un récit plein de pudeur et de bleus à l'âme (et pas que) en même temps...
C'est un livre à la portée universelle, mais aussi et surtout à la résonance intime et personnelle (sans avoir forcément vécu la même histoire que les personnages). Un livre humain, en somme.
Humain, et indispensable.
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✒ Quel roman! A la fois touchant, bouleversant et saisissant, le jeune lecteur se sent personnellement affecté par les événements tragique de l'histoire. L'écriture de l'auteur permet cette sensation. Un telle maniement des mots, n'en est que plus talentueux!! Violences, blessures définitives et amitiés, voila ce que lecteur retrouvera dans cet ouvrage rempli d'humanité. A lire.
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Petit-Pierre supportait tout. Les mauvaises notes. Les cinq-cents lignes qu'il ne faisait jamais, les séjours chez M. le Sous-Directeur, les engueulades, les tirages de cheveux et même la claque de Mme L'Hiver, professeur de musique, qui croyait qu'il se fichait d'elle. [...]
Par chance, Petit-Pierre avait la tignasse solide. La claque, elle, n'est partie qu'un peu plus tard, quand Mme L'Hiver s'est rendue compte qu'en secouant très fort, les poux ne se détachaient même pas.
Petit-Pierre, malgré la claque, ne pleurait pas. Il résistait. Il résistait.
A table, j'ai raconté l'histoire de Petit-Pierre, comme j'ai pu, en arrangeant pour ne pas dire le secret. Maman a encore dit "pauvre gosse" et avec papa, ils se sont lancés dans une grande discussion sur tous les pauvres gosses du monde.Ceux qui mouraient de faim, ceux qu'un battait, ceux qu'on abandonnait, ceux qui s'enfuyaient. A la fin, ils ont conclu qu'ils étaient bien malheureux, qu'il faudrait faire quelque chose et ils ont allumé la télé pour les informations. J'ai trouvé ça dégueulasse. Moi, à leur place, avec tout leur argent, j'aurais fait quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose.
Les filles aussi, doucement, ont tourné les talons. Elles avaient vu le pauvre. ça leur suffisait. Petit-Pierre, c'était comme un pays sous-développé quand les touristes descendent de l'autocar. Un coup d'oeil. Une photo-souvenir et une pièce de monnaie. Plus la peur d'attraper des maladie si on touche. Et on repart. Pourtant Petit-Pierre faisait des sourires à tout le monde.