Je n'ai rien entendu des paroles des quelques passants qui s'intéressaient à mon cas ou qui s'inquiétaient de savoir si j'avais tous mes esprits. je n'ai retenu que le "pauvre gosse" d'une brave femme [...]
- le pauvre gosse, il vous emmerde.
[...]
Qui savait que le pauvre gosse en avait assez d'être un pauvre gosse ? qu'il vous crachait tous à la gueule du plus lointain de sa détresse ? Pauvre gosse, vous n'aviez que ces mots là à la bouche. Mais c'est vous qui en aviez fait ce pauvre gosse. Vous, les adultes et votre guerre de merde, votre saloperie de guerre, votre connerie de guerre. Le pauvre gosse n'avait rien demandé. Ce n'était pas lui, qui à onze ans, allait bouffer du boche, décidé de porter l'étoile jaune de la honte et voir ses parents arrêtés. Pauvre gosse réfugié dans un pensionnat [...] C'est "pauvres adultes" qu'il veut vous dire, "minables adultes". Le pauvre gosse qui ne le sera plus jamais
Sur son grand cahier noir, madame Katz barrerait proprement le nom de mes parents.