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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En Pologne, des jumeaux Ariel et Alter, peu après leur naissance ont été recueillis et hébergés par Warshauer, un oncle forgeron qui leur assure le gîte et de quoi ne pas mourir de faim. Ils vivent avec leur jeune mère dans le misérable shetl de Mirlek. Fin 1939, des automitrailleuses traversent le shetl et Alter assiste au massacre de son frère et des autres membres de la famille. le cauchemar a débuté et notre jeune garçon va fuir et se retrouver au ghetto de Lodz.
Avec Un monstre et un chaos, c'est donc la vie de ce ghetto en 1941 que Hubert Haddad fait revivre, ghetto que Chaïm Rumkowski, pour sauver son peuple, transforme en un vaste atelier industriel au service du Reich, convaincu que la productivité des juifs assurera leur survie.
Tout au long de ce livre, nous suivons notre jeune héros et la résistance mise en place vainement pour survivre.
Si le héros est fictif, le contexte dans lequel il évolue a bien existé et Chaïm Rumkowski, ce personnage très controversé a bel et bien existé et cet ancrage dans la réalité, est, à mon avis, tout ce qui donne sa force à ce roman.
En épilogue, l'auteur s'exprime ainsi : "Comment la vieille Europe a-t-elle pu se trouver prise en otage et mise à mal abominablement au siècle dernier ? Oubliera-t-on jamais les mille et cent, les millions d'enfants du ghetto qui parlaient yiddish, cet esperanto d'exil où les langues allemande et hébraïque s'éprennent l'une de l'autre, mêlées d'apports slaves et d'intonations latines. Les mille et cent, les millions d'enfants furent on le sait exterminés et le yiddish s'est éteint dans leurs cendres comme une braise, avec les plus beaux chants. Comment est-il possible que le spectre de l'antisémitisme, marqué du sceau génocidaire, revienne nous hanter aujourd'hui un peu partout en Europe et dans le monde ?"
En conclusion et pour résumer ce livre noir mais ô combien salutaire pour espérer que l'on ne vive plus jamais ça, je citerai la dernière phrase du roman :
"Disons tout bonnement que l'homme, privé de simple humanité, n'est qu'un monstre et un chaos."

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Le marionnettiste de Lodz

Hubert Haddad revisite l'histoire du Ghetto de Lodz en suivant la destinée d'un gamin qui a trouvé refuge dans le théâtre de marionnettes… qui cache encore bien des secrets.

Si les livres d'Histoire parlent surtout du ghetto de Varsovie, le premier et le plus important fut celui de Lodz. Hubert Haddad nous retrace sa destinée dans ce somptueux roman, en choisissant de suivre un enfant qui y a trouvé refuge.
Tout commence avec les premières attaques allemandes en Pologne qui, rappelons-le, se déroulent sans déclaration de guerre formelle dès septembre 1939. Les bombes qui s'abattent sur le pays vont faire de nombreuses victimes civiles et arracher Alter à tous les membres de sa famille, y compris sa mère et son frère jumeau Ariel qui avaient réussi à échapper aux premiers massacres. À dix ans, il se retrouve seul, confronté à cette guerre, à la faim, au froid. Son errance va prendre fin à Łowicz où il est arrêté et consigné dans une forteresse. Ne disposant pas de papiers, il est enregistré sous l'identité de Jan-Matheusza, un patronyme électif qu'il conservera après son évasion et son arrivée à Lodz où il trouve refuge dans le ghetto dirigé par Chaïm Rumkowski.
Le «Seigneur du ghetto» voit dans le travail le salut de la communauté juive, reprenant à son compte l'inscription au fronton du camp de concentration d'Auschwitz «Arbeit macht frei» (le travail rend libre). Et de fait, le ghetto va se transformer en centre de production très performant fournissant l'armée allemande.
Hubert Haddad raconte et détaille sans juger, ce qui rend son récit à la fois très fort et très dérangeant. Peut-on comprendre ces milliers de personnes qui travaillent jusqu'à l'épuisement pour leurs bourreaux? le matériel produit n'aide-t-il pas l'armée allemande dans la réalisation de la solution finale? Et surtout comment aurions-nous réagi? Comment conserver un peu d'espoir face aux exactions, exécutions sommaires et épidémies qui accompagnent la population du ghetto?
Pour Maître Azoï, le marionnettiste qui a conservé un minuscule théâtre «coincé entre un atelier de chapellerie et une manufacture de textiles non tissés» la réponse s'appelle la culture. Il résiste en montant des spectacles, en imprimant un journal clandestin, en agitant ses marionnettes, aidé en cela par Jan-Matheusza qui en quelques jours apprend à maitriser parfaitement la manipulation de son personnage. Une poupée qui lui permet de faire revivre son frère jumeau, à qui il peut se permettre de faire dire des choses, de faire passer des messages, voire de provoquer l'occupant.
Un occupant qui, au fur et à mesure de l'avancée du conflit, va se monter plus exigeant, plus nerveux, plus imprévisible… L'innommable, l'insoutenable est ici transcendé par la langue, comme c'était le cas avec «La plus précieuse des marchandises», le conte de Jean-Claude Grumberg. Hubert Haddad, dont le sens de la narration n'est plus à prouver, nous bouleverse avec cette écriture pleine de poésie et une force d'évocation peu commune. À la fois hommage au frère perdu, tableau saisissant de cette histoire du ghetto de Lodz et manifeste pour la création artistique, ce roman nous rappelle aussi à notre devoir de mémoire. Et espérer donner tort à l'exergue glaçant de Primo Lévi «c'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau».


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Un monstre et un chaos
Hubert Haddad

C'est avec les mots de Nietzsche paraphrasant Pascal que Hubert Haddad titre ce roman à l'écriture généreuse, ample et lettrée. Il y a aussi une sombre poésie dans ces pages retraçant avec une verve romanesque l'organisation du ghetto juif de Litzmannstadt dans la ville de Lodz après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie. Au sein de cette ville close dans la ville, un homme s'érige en sauveur et despote, Chaïm Rumkowski, président du Judenrat, le conseil juif instauré par les autorités allemandes. Porté par son égo et dévoré par son ambition, celui que l'on nomme bientôt le roi Chaïm transforme le ghetto en un vaste ensemble de manufactures prolifiques au service du Reich, sous prétexte de préserver les siens grâce aux valeurs du travail. « Arbeit macht frei » devient même sa doctrine. Mais le Judenrat n'est que le dernier chaînon de l'administration du Reich vers la « solution finale de la question juive », et Rumkowski une marionnette au service de l'occupant.

Derrière l'histoire du ghetto, nous suivons le parcours du jeune Alter, gamin de douze ans ayant perdu jusqu'à son jumeau, le délicat Ariel, lors de la destruction sauvage de leur bourgade. Rebaptisé Jan-Matheusza au sein de l'institution qui l'a recueilli après son errance, le garçon finira par échouer dans les entrailles du ghetto de Litzmannstadt. Refusant de porter l'étoile, se faufilant comme un chat dans les venelles et souterrains, il apprendra à sculpter et à coudre sous l'égide de Maître Azoï, montreur de marionnettes, avant de rejoindre le théâtre Fantazyor dans les caves duquel couve la résistance, sous la rumeur des presses à bras et radios clandestines.

En contrepoint de la plume généreuse de Hubert Haddad, émergent ici et là des comptines, expressions et interjections en yiddish, hébreu, polonais ou allemand. L'auteur conçoit ces langues comme des « partitions imagées qui se laissent entendre à demi-mots ». Combinées à l'agilité narrative, elles confèrent au roman une matière vaporeuse, presque incantatoire, qui emmitoufle l'horreur de la réalité historique sous les artifices du conte. Un roman saisissant et tragique.
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C'est le ghetto de Lodz que fait resurgir ici Hubert Haddad, le dernier ghetto polonais à être liquidé grâce ou à cause du très controversé Chaim Rumkowski qui transforma le ghetto en un complexe industriel, convaincu que la productivité des juifs assurerait leur survie.
Au début de la guerre arrive un gamin juif, Alter, qui a perdu son frère jumeau Ariel lors du pogrom de son shtetl. Alter va apprendre à survivre dans ce ghetto où subsiste malgré tout une riche vie culturelle en résistance au processus de déshumanisation.
J'ai retrouvé dans ce roman toute la verve poétique d'Hubert Haddad, comme dans Opium Poppy, pour décrire le chaos et l'horreur quotidienne.
Un beau livre, puissant, très documenté et bouleversant.
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Alter et Ariel sont jumeaux, et juifs. Pour une raison inconnue, ils vivent, tant bien que mal, chez un « oncle » forgeron, accompagnés d'une femme, Shaena, dont on ignore les liens de parenté avec eux. Nous sommes en 1939, en Pologne. le bruit de l‘enfer approche. Un soir, Alter va perdre tout son semblant de famille dans le déferlement des violences de l'Histoire, et son errance va débuter.
Nous le suivons jusqu'au ghetto de Lodz, où se déroule l'essentiel du roman. Dans ces quartiers « réservés » aux juifs s'organise, sous la direction fantoche du « roi » Chaïm Rumkowski, un monde parallèle, avec ses fabriques aux services d'un occupant qui feint d'accepter un semblant de vie contre une contribution matérielle à l'effort de guerre. C'est ainsi que les hommes et les femmes de Lodz participent de la machine qui les broie. le ghetto, théâtre d'ombres, possède sa justice, ses écoles, ses lois non écrites, toutes structures qui vont se déliter une à une alors que progresse son inéluctable anéantissement.
Dans cet hors le monde aux frontières barbelées, Alter survit, en équilibre sur le fil de la folie dans un univers qui a perdu la raison. Il finit dans un ultime théâtre, un refuge de faux-semblants où il va jouer de ses talents et de sa gémellité perdue pour poursuivre la comédie de la survie, l'esprit en vadrouille, l'identité brouillée, marionnettiste se produisant devant d'autres marionnettes humaines qui se refusent à voir les fils qui les relient aux maîtres de leurs destins.

Si la vie dans le ghetto est extrêmement bien décrite, c'est par son héros peu commun et surtout l'extrême qualité de son écriture que ce roman s'impose. Hubert Haddad sait utiliser, convoquer un vocabulaire complet au service de son intrigue ; ses phrases ont une musicalité parfois volontiers complexe, qui signent, pour le meilleur, la maitrise de notre langue et celle du récit.
Un monstre et un chaos, dont le titre fait référence au interrogations Pascaliennes, est ainsi non seulement un excellent récit mené de main de maître, mais également un texte d'une qualité remarquable, d'une grande virtuosité, aux accents parfois sublimes. Une fleur née d'un chaos.
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Après le décès de leur mère lors de l'entrée des allemands en territoire tchèque en fin d'été 1939, les jumeaux Ariel et Alter ont été séparés.

Alter fuit le schetl de Mirlek, est recueilli temporairement dans un orphelinat, où il est renommé Jan-Matheusza.

Obligé de s'enfuir, il se retrouve au coeur du ghetto de Lodz, où il survit, abrité dans des caveaux du cimetière.

Il rencontre Maître Azoï, un drôle de marionnettiste qui a conservé un minuscule théâtre, où il joue des représentations classiques ou nouvelles inspirées de la vie quotidienne qu'il magnifie.

Car Lodz, n'est pas un ghetto comme les autres. sous la houlette de Chaïm Rumkowski et de son utopique royaume du judenrat, Lodz veut devenir le premier centre industriel du troisième Reich en mettant la population au travail avec pour salaire, l'espoir d'une vie sauve.

Sans pathos excessif, Hubert Haddad raconte cette vie quotidienne du ghetto, les rapines, le froid et l'espoir qui étreint les habitants du ghetto.

Un roman de la rentrée littéraire 2019 qui a mis du temps à passer entre mes mains. 

Une belle écriture pour un sujet rebattu, mais qui apparaît sous un nouveau jour grâce à la plume d'Hubert Haddad
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Zulma est un éditeur qui ne me déçoit pas, une fois de plus, c'est confirmé avec ce roman de Hubert Haddad, roman qui est bien plus qu'un roman, mais plutôt une page de notre Terrible Histoire, terrifiante même devrais-je dire.
Lodz, en 1941 a été le théâtre d'un étrange "spectacle" où " l'homme, privé de simple humanité, n'est qu'un monstre et un chaos"
L'auteur, pourtant avec sagesse et délicatesse a choisi de mettre en scène un jeune juif récalcitrant puisqu'il refuse de porter l'infamante étoile jaune, qui survit dans le ghetto en faisant le marionnettiste facétieux , regardant à la loupe ses congénères, ce qui donne lieu à des portraits savoureux.
S'il n'y avait en filigrane cette volonté d'extermination que l'on perçoit à chaque page, on pourrait croire à une fable et j'aurais envie de dire que j'ai beaucoup apprécié ce roman.
A chaque fois que je lis ce genre de récit, j'aimerais me persuader que c'est juste du roman ; ici, le talent de l'auteur y arrive presque, mais je sens malgré tout mon sang se glacer dans mes veines ( j'ai visité les camps d' Auschwitz et Birkenau et je sais que ça n'est pas du roman!!) et que le titre choisi par Hubert Haddad est on ne peut plus juste, hélas !!
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Lorsque le racisme revient hanter nos sociétés, rappelons-nous comment l'homme peut devenir un monstre pour ses semblables.
Hubert Haddad nous entraîne avec un jeune enfant, jumeau séparé de son double dans l'enfer du ghetto de Lodz.
Au plus jeune âge, il est séparé de tous ceux qui l'aiment par l'attaque d'une cavalerie dans le sthetl de Mirlek.

A l'orphelinat de Saint-Ulric, on lui donne une nouvelle identité et on l'exfiltre à Lodz avec le professeur Glusk. L'orphelin du chaos se retrouve au coeur d'une ville assiégée où les Allemands construisent un ghetto dans les quartiers les plus pauvres.
« le peuple des dessaisis, des rançonnés, des dépouillés » se retrouve à bout de force sous les privations, les violences et le travail obligatoire.

Chaïm Rumkowski, sous prétexte de sauver quelques juifs, règne en despote sur le ghetto qu'il transforme en industrie qui alimente la chaîne de guerre allemande.

Les romans sur l'enfer des ghettos, sur le génocide juif ne manquent pas. Pour continuer à en parler, il faut trouver un biais qui permette encore de capter l'attention et l'émotion du lecteur. Hubert Haddad se démarque par son érudition, sa profonde connaissance de la culture juive. Volontairement, il conserve les traces de yiddish, cette langue oubliée aux mélanges cosmopolites. Cette force est à double tranchant car la richesse de la langue et des références peuvent perdre le lecteur et l'éloigner de l'émotion.
Par son sujet et son style, Un monstre et un chaos n'est pas une lecture facile mais elle est nécessaire.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Un monstre et un chaos, les ruines désespérées du ghetto de Lodz.
C'est peut-être en ce moment, quand la barbarie s'étend au proche orient, qu'il faut lire ou relire ce livre. L'histoire ne serait-elle qu'une roue qui tourne devant nos yeux ? Ici vous verrez la tragédie des pogroms, les ghettos, la population juive entassée par l'occupant, ici aussi où va se développer, il le faut bien, une sorte de vie, une organisation, avec ses ateliers, ses usines presque, avec ses profiteurs et quelque fois ses bienfaiteurs et ses résistants.
C'est que quand même l'herbe apparait entre les pavés ensanglantés de l'horreur. de fines pousses sur le sol stérile. Ici, dans ce livre, l'herbe c'est la poésie du texte qui fait de ce lieu un monde encore vivable. C'est la poésie du regard de l'enfant, ses illusions, ses rêves. La poésie, c'est un théâtre qui survit dans les décombres, presque la dernière petite lumière à luire. Dans ce chaos, avec ses monstres casqués et bottés qui tirent à vue et entrainent les plus faibles dans les trains de la mort, la religion n'a presque plus sa place. Elle aussi ne vivote que dans les ruines, sous les gravats, petite flamme entretenue par le concierge de la synagogue
L'enfant a vu massacrer son frère, sa famille, et de mains secourables en mains secourables, a échoué dans ce ghetto cerné de palissades qui voit passer la vie sous les passerelles qui enjambent le monde des autres, des goyim. Là, il recrée, ou laisse survivre son monde à lui. le monde de l'enfance encore dans l'illusion des représentations de son spectacle de marionnettes. Un monde qu'il ne laisse pas pénétrer par les horreurs qui l'entourent. Elles sont là, il le sait, il les voit, mais comme nous dirions maintenant, ces horreurs n'impriment pas. Son monde, ce n'est pas celui des sauvages qui gardent les miradors, pas celui du président du conseil juif qui surnage en concédant des gages aux nazis, pourquoi pas même s'il le faut tous les enfants que l'on arrache à leurs parents pour sauver les autres. Les sauver pour un temps. Chaque minute gagnée... Dans un de ses livres, Imre Kertèsz nous explique que le temps, en tant que durée, n'existe pas dans ce qu'il a vécu, lui c'était dans les camps. Ce n'était qu'une succession de minutes. Une parcellisation qui seule pouvait permettre de survivre et d'avancer encore un peu sans lâcher prise.
C'est dans ce ghetto que survivent aussi les actes de courage et la solidarité. le chaos n'est peut-être pas le néant. Dans ce monde vu au travers des yeux de l'enfant, il n'y a pas de visions intolérables. Il n'y a que des faits, horribles d'inhumanité mais constatés par lui avec une sorte d'objectivité froide, presque de la naïveté même si on imagine bien que l'enfant a perdu tout ce qu'il pouvait lui en rester. La douleur l'a recouvert d'une cuirasse. Elle protège ses yeux qui ne s'attardent pas sur l'impensable. le mal est là, tout autour de lui. Il fait avec. A-t-il le choix ? Il s'en défend avec ses songes, avec aussi les identités qu'il se fabrique et qu'il endosse au point que l'on les confonde lui et sa marionnette. le pantin se substitue à son image. Il est son frère, serré contre son épaule au point que finalement c'est sur le pantin que tirera le nazi, sur ce frère factice, issu du monde des songes, qui endossera la balle qui visait l'enfant, son alter, et le sauvera, quand lui l'enfant n'avait pu sauver son vrai frère.
C'est un joli livre, un témoignage qu'il faut lire maintenant. le texte, poétique, n'est pas forcément toujours transparent et nécessite parfois un effort du lecteur, mais il dégage une ambiance onirique à coup sûr émouvante.

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Nous sommes en Pologne, dans le ghetto juif de Lodz en 1941. A travers l'histoire de plusieurs personnages nous découvrons l'horreur de la vie dans cette prison dans la ville. Il y a Adler, jeune garçon coincé là suite au massacre de sa famille. Nous découvrons aussi un personnage controversé ayant réellement existé, Chaïm Rumkovski, le doyen du Conseil juif de Lodz. Persuadé que la meilleure solution de survie de la communauté juive de Lotz est de faire du ghetto un centre industriel au service du Reich, le roi Chaïm va vendre son âme en collaborant avec les bourreaux allemands. Opportunisme personnel ou réelles convictions, L'Histoire semble l'avoir condamné.

Le hasard (ou une mauvaise planification de mes lectures) m'ont fait lire ce roman juste après avoir fini "Si c'est un homme" de Primo Levi. La forme est radicalement différente. Si Primo Levi privilégie le fond, avec des descriptions littérale de l'horreur, Hubert Haddad, lui, a pris un parti radicalement différent. Avec un style poétique et très (trop?) travaillé, il fait de son récit une sorte de fable, donnant l'impression de vouloir mettre du beau là où il n'y a que haine et misère. Plus sensible dans mes lectures au fond qu'à la forme, je dois dire que cela m'a un peu rebuté. J'aurais aimé que les contradictions du personnage de Chaïm Rumkovski soit plus approfondies, mais je suis conscient du jeu d'équilibriste que cela aurait été. Des étoiles (oranges, pas jaunes) pour l'originalité du récit, et non pour le plaisir que j'ai éprouvé.
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