La quatrième de couverture promet "une brève histoire de la transidentité". Ce n'est pas ça du tout. Au lieu de cela, cet essai est une chimère quelque part entre le mémoire et la philosophie universitaire.
On a donc droit à des anecdotes personnelles sur la vie de l'auteur, comment il a vécu sa propre identité et comment l'ont pris les gens autour de lui, sa famille, etc. J'ai lu plusieurs critiques qui ont aimé ces passages. Ce n'est pas mon truc, mais je peux comprendre l'intérêt.
Puis on enchaîne avec de la grosse philo tirée directement de la French Theory californienne des années 70. On y mêle Foucault, de la psychanalyse et tout plein d'éléments du genre. Comme chez tous les fans de Foucault, on y explique des concepts simples de la façon la plus compliquée possible.
(J'ai fait une maîtrise en philo, j'ai étudié Foucault. Si j'aime bien ses théories, j'ai une haine profonde pour sa plume, et pire encore pour celle de ses imitateurs, que je considère comme responsable du déclin de la pensée française. Mais je m'emporte.)
Le livre tente de parler beaucoup des laissés pour compte de la normalisation de la communauté LGBTQ. Les gens racisés, les travailleuses du sexe, les itinérants, etc. Je ne suis pas convaincu qu'il y parvienne. Au sens où à de nombreuses reprises, au lieu de nous dire des choses à leur sujet, le livre parle de la communauté au plus large, puis passe deux pages à nous rappeler que cela inclut aussi ces personnes marginalisées. (À un moment, l'auteur nous parle de l'actrice trans noire de Orange is The New Black. Puis immédiatement après, il nous dit que malgré ces célébrités trans blanches, il ne faut pas oublier les personnes trans noires... M'enfin.)
Certains chapitres sont plus personnels, on sent que l'auteur, un homme trans dans la soixantaine, peine à suivre les plus jeunes générations. Il se plaint qu'elles considèrent transphobes des choses qui ne l'étaient pas jadis. Qu'elles ignorent les classiques de la culture trans du 20e siècle. Qu'elles préfèrent s'éduquer sur les identités de genre sur internet plutôt que de demander conseils à des trans plus âgés rencontrés dans des bars gays.
Les premiers chapitres demeurent intéressants, si vous êtes capables de décoder le jargon foucaldien. On y explore réellement les fondements de l'identité trans, Queer, non-binaire. Bref, les fondements du rejet d'une binaire de genre imposée, aussi que comment cela peut être vécu.
Mais au final, ce bouquin est une petite déception pour moi. J'aurais aimé l'aimer.
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