Celui qu'on a appelé le Juste de Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes était consul du Portugal. En 1940, en écoutant sa conscience et en désobéissant aux ordres de Salazar, il a sauvé à lui seul trente mille vies, dont dix mille juifs, auxquelles il a accordé un visa, sans distinction de nationalite, race ou religion, les soustrayant ainsi aux nazis qui les auraient condamnées.
Je ne connaissais pas du tout cette histoire !
Béatrice Hammer, qui ne laisse pas de m'étonner par l'éventail de son talent, a écrit cette pièce de théâtre pour faire connaître cet homme qui ne fut réhabilité que des années après sa mort en 1954 dans la misère. Nommé Juste parmi les nations en 1966, il fallut attendre 1988 pour qu'il soit réhabilité à titre posthume dans son pays et 2021 pour que la ville de Bordeaux lui rende hommage.
C'est un personnage complexe, ultra conservateur dont on n'aurait sans doute pas attendu qu'il fasse de la désobéissance civile, père de treize enfants mais aussi charmeur impénitent. La pièce de Béatrice met en scène de nos jours deux colocataires, Arnaud, comédien et Blanche romancière, tous deux en galère. Arnaud découvre dans un journal l'histoire d'Aristides et demande à Blanche de lui écrire une pièce où il interpréterait le rôle du Consul. le troisième personnage est le Consul lui-même qui apparaît aux deux protagonistes et les accompagne au cours de leur évolution...comme Béatrice elle-même s'est sentie accompagnée tout au long de l'écriture de cette pièce !
Aristides est très agréable à lire, c'est moderne et vivant, la plume de Beatrice est fine, aiguisee et empathique. C'est une formidable leçon d'humanité, toujours d'actualité dans notre société de plus en plus ostracisante et raciste.
Cette excellente pièce écrite en 2010, est republiée aujourd'hui dans une version revue et corrigée par les Éditions d'Avallon. Elle mérite d'être à nouveau portée sur scène comme ces pièces tirées de courts romans, Matin brun ou Inconnu à cette adresse, dont la portée universelle n'en finit pas de résonner encore et encore.
Connaissiez-vous cet homme qui a eu le courage de désobéir ?
Vous ai-je convaincus de lire ce texte ?