J'ai trouvé cette intégrale brillante par moments, frustrante à d'autres et fascinante de bout en bout. Peu de cycles de fantasy m'auront autant marqué que celui-ci, tant par ses qualités que ses défauts.
"La Cité pastel" est un chef-d'oeuvre mélancolique, un roman qui s'ennuie de lui-même, dont les personnages n'ont pas très envie d'être impliqué dans une quête héroïque à laquelle ils ne croient pas et dont se dégage une atmosphère chargée de cendres et de renoncement. Alors que le livre propose une histoire à la trame classique, l'auteur s'y intéresse en définitive si peu que le personnage principal est absent du dénouement, qui est expédié en quelques pages, parce qu'à ce stade plus personne n'y croit. Superbe.
"Le Signe des Locustes" m'a plu encore davantage, je crois, bien qu'il ne s'agisse pas réellement d'un livre agréable à lire. Se présentant comme une suite directe à "La Cité pastel", il en profite pour emmener le lecteur dans une série de fausse piste: la trame héroïque que l'on attend n'arrive jamais, quant à l'histoire d'invasion et de guerre que l'on imagine dès les premières pages, elle se matérialise de la manière la plus déconcertante qui soit, puisque c'est la structure même du roman qui est victime d'une invasion, qui affecte jusqu'au langage utilisé, et que l'intrigue se dénoue sans confrontation et sans que les héros jouent un rôle déterminant.
"Les Dieux incertains" est un roman très frustrant à lire, où l'on suit les mésaventures dérisoires d'un quarteron d'artistes ratés et d'autres figures décadentes qui ont toutes les peines du monde à mener à bien un projet en apparence simple. le roman fonctionne en écho aux deux autres mais il tarde à décoller et à se terminer, comme si l'auteur avait délibérément tenté de chercher jusqu'à quel point il pouvait enchaîner les scènes où il ne se passe rien de significatif. Au final tout se règle sans trop que les protagonistes comprennent pourquoi ou comment. le livre est intéressant mais ça reste un exercice de style assez stérile selon moi. A rapprocher du film "Calamari Union" de Kaurismaki.
Pour les mêmes raisons, je n'ai apprécié aucune des nouvelles du cycle, sauf peut-être "Les Seigneurs de l'anarchie", parce qu'on a davantage affaire à des exercices de virtuosité stylistique qu'à des écrits qui prennent réellement en compte le lecteur.
Commenter  J’apprécie         10
Viricononium, c’est une destination à part, mais d’autant plus précieuse.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net