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Rahsan Ekedal (Illustrateur)Phillip Sevy (Illustrateur)
EAN : 9781632156624
144 pages
Image Comics (26/04/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
ISLAMAPHOBIA. Former vigilante hacker Samantha Copeland joins the FBI team of Dwayne Campbell and Jimmy Miller to track down the people responsible for destroying and robbing multiple mega-churches throughout the United States. Fear and anger flares throughout the country, and the race is on for Dwayne, Jimmy, and Sam to find the terrorists responsible for ripping the nation apart.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à The Tithe Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant (mais qui était déjà très bien). Il comprend les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2015/2016, écrits par Matt Hawkins, dessinés par Rahsan Ekedal et Phillip Sevy (ce dernier assurant également l'encrage), avec une mise en couleurs de Jeremy Colwell. le tome comprend également 17 pages de bonus écrites par Matt Hawkins, avec quelques illustrations extraites des épisodes, explicitant ses sources pour chaque épisode.

Adnan Markins (16 ans) accompagne ses parents d'adoption pour effectuer la visite de la cathédrale Saint Patrick à New York. Il a été adopté, son nom original était Adnan Nassir et il est né à Hamin en Syrie. Il a vécu dans n camp de réfugiés après la mort de ses parents, avant d'être pris en charge il y a 3 ans par un médecin des Nations Unies. À l'occasion de cette visite touristique, il déclenche sa ceinture d'explosifs, ce qui déclenche d'autres charges explosives également présentes sur place.

Les agents Dwayne Campbell et James Miller sont chargés de l'enquête. La présidente Wilhelm annonce une guerre contre le terrorisme, mais pas contre l'Islam et encore moins contre les pratiquants de cette foi, présents sur le sol des États-Unis. le sénateur Owen McKitrick tient un discours beaucoup moins modéré, espérant bien récupérer une partie de l'opinion publique et progresser ainsi dans les sondages. le groupuscule de la Fraternité du Croissant Islamique revendique l'attentat et réclame le retrait des troupes américaines de l'Arabie Saoudite. Sam (pour Samantha) Copeland travaille maintenant pour le FBI et s'attaque à l'ordinateur d'Adnan Markins. Un deuxième attentat se produit au Temple de l'Église de Jésus Christ des Saints des derniers Jours, à San Diego en Californie.

Depuis quelques années, Matt Hawkins (président de Top Cow depuis 1998, la branche d'Image de Marc Silvestri) crée des séries originales, soit avec des personnages Top Cow (par exemple la série Aphrodite IX), soit avec ses propres personnages (par exemple Wildfire). Avec le premier tome de la présente série, il donnait son avis sur les églises en tant qu'entreprise capitaliste. Avec ce deuxième tome, il n'y va a pas par 4 chemins, le titre indique clairement qu'il va être question de l'Islam. Il précise dans les pages en fin de tome que son responsable éditorial l'avait mis en garde contre l'utilisation explicite de la religion musulmane, mais il avait estimé que son histoire perdait du sens s'il la transposait sur une autre faisant moins débat sur le sol américain.

Le lecteur connaissant les oeuvres précédentes de ce scénariste se dit qu'il peut être capable de s'en sortir avec un sujet aussi sensible, et une sensibilité américaine. La première scène ne prend pas de gant, avec un attentat terroriste perpétré par un adolescent bien intégré dans une bonne famille américaine, élevé dans la foi chrétienne, lors d'une messe retransmise à la télévision. L'artiste dessine dans une veine réaliste, avec un certain niveau de simplification. le lecteur reconnait aisément la cathédrale, ainsi que les habits de cérémonie du prêtre. L'adolescent est représenté avec une morphologie et un visage normal, sans aucune exagération. Les images montrent les explosions, mais pas les cadavres. Les décombres de la cathédrale ne sont pas très crédibles, mais les auteurs se tiennent à l'écart de tout voyeurisme, de toute récupération sur la base des émotions.

Les personnages principaux entrent en scène et commentent la catastrophe avec des propos directs sur la barbarie d'un tel acte, le fait qu'aucun Dieu ne peut vouloir qu'un tel acte soit commis en son nom, la possibilité que l'adolescent ait été victime d'attouchements perpétrés par un homme d'église. La vidéo du groupuscule est très concise (3 cases), le discours de la présidente des États-Unis est plutôt raisonnable, le discours du sénateur est puant, baignant dans une islamophobie primaire et bas du front. La suite évoque le silence relatif des imams quant à cet acte terroriste (pas de condamnation médiatique virulente), les attaques qui ciblent des arabes intégrés, la propre conversion à l'Islam de la fille de Dwayne Campbell, et son changement de nom de Sheila Campbell en Aaliyah Khalil. Matt Hawkins montre que son père et sa mère ne réagissent pas de la même manière à ce choix.

Tout du long de ces 4 épisodes, le scénariste réussit son numéro de funambule malgré tous les risques d'un tel sujet. Certes parfois le lecteur a l'impression de lire des phrases issues de la presse, après le 11 septembre, sans filtre, simplement recopiées. Mais il ne se contente pas d'un seul point de vue, ou d'une seule approche. Il montre aussi une attitude réactionnaire condamnant la religion musulmane, tous les musulmans sans exception, et toutes les individus basanés, qu'une attitude un peu plus modérée exprimée par la présidente qui souhaite faire la part des choses. le lecteur sent que l'auteur fait également un effort de pédagogie. Il fait expliquer par un personnage la distinction entre chiite et sunnite, et le lecteur trouve un paragraphe supplémentaire sur le sujet dans les pages en fin de volume. Dans ces pages, Matt Hawkins commente ses choix, et intègre des liens vers des sites donnant plus d'informations, de nature encyclopédique (et pas des sites d'opinion). On sent qu'il s'intègre dans une démarche de vulgarisation à destination d'un public manquant de connaissance basique. En 4 épisodes, il réussit à établir que la question du terrorisme est plus compliquée que ça, mais il ne se lance pas les modalités de son financement, dans la politique internationale, ou encore dans le fait qu'il n'y a pas que des arabes qui pratiquent la religion de l'Islam.

Matt Hawkins n'écrit pas un pamphlet sous forme de bande dessinée. Il raconte avant tout une histoire mettant en scène des personnages. le lecteur a donc un aperçu de la relation entre Dwayne Campbell et sa fille (ainsi qu'un repas avec son gendre, en présence de son épouse). Cette relation s'avère complexe et adulte, présentée avec sensibilité. Comme dans le premier tome, Campbell continue de faire entendre la voix de la raison à James Miller son partenaire, signalant que les choses sont plus compliquées qu'elles n'apparaissent, tentant de le raisonner quant à sa relation avec Samantha Copeland (la hackeuse sur la couverture). Cette dernière n'a rien d'une écervelée, ou d'une romantique et elle dispose de ses propres neurones, pour prendre ses décisions par elle-même. le lecteur peut donc s'attacher à ces personnages qui ne se limitent pas à de simples artifices narratifs pour que l'auteur puisse présenter ses idées.

Cette histoire repose donc sur une intrigue de type policière dans laquelle les agents du FBI doivent coincer les criminels pour faire cesser ces actes terroristes. le scénariste a donc changé de registre par rapport au tome précédent : il ne s'agit plus de casse préparé au millimètre près, mais d'une enquête de type réaliste pour trouver des indices et remonter la piste jusqu'aux responsables, à la fois les hommes de main et les commanditaires. Ne dérogeant pas à son habitude, Matt Hawkins a bien fait ses recherches sur la technologie de l'armement et ancre les scènes d'action avec des outils existants. le lecteur appréciera par exemple l'usage des drones par l'équipe du FBI. Comme dans le tome précédent, il s'agit d'une histoire complète dans laquelle les enquêteurs découvrent les responsables et mettent fin à leurs agissements. le scénariste lâche une partie du pot-aux-roses à la fin du premier épisode, et les motivations du coupable relèvent de la grosse ficelle.

Le lecteur peut supposer que ce genre de série ne tire pas à des dizaines de milliers d'exemplaires, ce qui explique que la partie graphique ne soit pas réalisée par des artistes de renom. Il retrouve Rahsan Ekedal qui avait dessiné le premier tome, et qui s'occupe ici des esquisses et de la mise en page, les finitions et l'encrage étant réalisés par Philip Sevy. La qualité de l'ensemble ne pâtit pas trop de cette répartition des tâches. Les 2 artistes oeuvrent dans un registre réaliste, en phase avec le ton du récit. Ils s'investissent pour représenter les arrière-plans avec une bonne régularité, et des détails conformes à la réalité (en particulier pour la cathédrale et le temple). Ils ne s'attachent pas à conférer une texture aux matières représentées, et Jerry Colwell (le metteur en couleurs) non plus. Cela donne une apparence parfois un peu artificielle aux surfaces trop propres, trop lisses.

Les artistes ont donné une apparence spécifique à chaque personnage, ainsi qu'aux tenues vestimentaires de tous les jours, ou des uniformes conformes à la réalité. Les visages sont expressifs, mais les traits peuvent sembler un peu exagérés, ou un peu figés dans certaines cases, aboutissant à des expressions stéréotypées manquant de nuances. Comme le scénariste, Ekedal et Sevy ont effectué les recherches nécessaires pour assurer l'authenticité des armes à feu, du drone, des monuments. Il apparaît également qu'ils ont réfléchi à la manière de représenter la violence, les échanges de coup de feu et les blessures. Ils restent à un niveau crédible, évitant de dramatiser les séquences d'action, se tenant à l'écart d'un voyeurisme qui transformerait les victimes en spectacle.

Arrivé à la fin du quatrième épisode, les auteurs annoncent que la prochaine histoire intitulée "Eden's fall" fera le lien avec 2 autres séries de Matt Hawkins : Think Tank (dont le personnage principal David Loren apparaît dans ce tome) et Postal (puisque la ville d'Eden dans le Wyoming est mentionnée).

Dans les 17 pages de fin, Matt Hawkins évoque des sujets en prise directe avec son récit, tels que sa relation avec les religions, la façon dont les chrétiens considèrent l'Islam, le degré d'indépendance entre la religion et l'état aux États-Unis, la ville de Dearborn (dans la banlieue de Detroit) dans le Michigan, l'islamophobie, la Charia, l'extrême droite, la vulnérabilité des téléphones portables aux hackeurs, les déclarations de condamnations des actes terroristes par les imams, etc.

Matt Hawkins continue à faire preuve d'une vraie ambition d'auteur. Avec cette série, il aborde sa relation avec les églises, et il n'hésite pas à évoquer l'Islam. Il ne le fait pas en tant qu'analyste politique, ou en tant qu'exégète, mais en restant scénariste racontant une histoire. Par contre, il ne se contente pas de ressasser les clichés propres aux récits d'aventure ou aux thrillers, prédigérés et préformatés pour assurer le spectacle. Il pioche dans l'actualité récente et il raconte son histoire au niveau de l'individu. Les dessins sont compétents, même si parfois raides aux entournures. En 4 épisodes et inféodés à une intrigue, les réflexions relatives au terrorisme et à la religion restent à un niveau basique, mais dépassent le stade des généralités. Certes la situation est plus compliquée que ça, mais Matt Hawkins et Rahsan Ekedal participent à le dire de manière claire, luttant contre des amalgames honteux.
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