Une rose
Je sais ce que c’est, une rose qui meurt. Elle incline la
tête, elle perd ses couleurs.
Elle salue la lumière et s’évanouit lorsque tombe le soir.
Elle s’épanouit
à la lumière du mourir, puis s’ abandonne toute douceur.
Un premier pétale se détache
d’elle ; Il prend en toute saison la couleur de l’automne,
brève, brève dilection
au point de n’être plus qu’un effeuillement sur une tige
verte dont les épines
griffent en vain l’éphémère : c’est alors que l’on se doit
d’en aspirer le parfum
si fort
Une dame
Elle ouvre un tiroir : Il en sort
des souvenirs et des morts. Il en sort des soupirs
à peine exhumés, quelques regrets, et de forts éclairs
qui illuminent le ciel et ses pensées.
Chez les morts Il est des maisons encore en fondation,
des rêves qui font comme un nuage bleu dans le tiroir,
des sourires et des yeux bien en vie,
au point qu’elle se demande si son présent tout entier
ne converge pas vers cette image au parfum d’été,
où se conjugue au futur le passé.
Sans même qu’elle le sache, Il y a cette larme
qui coule sur sa joue un peu usée, qui creuse aussi
le sillon de ses divines rides et tombe sur son menton,
on pourrait croire, comme un baiser.
Cendres et miel
Il m'est venu le goût
des fleurs et des hommes
comme des cendres et du miel
Il m'est venu le goût
de ce qui s'achève
et chante encore.
Shabbat
Shabbat en nappe blanche, blanches les bougies
et l’enfant sage et ignorant. Une histoire d’amour
et de pardon sur l’étendue d’un ciel, où Dieu ne
répond pas ; tout grand amour est silencieux.
Dialogue de mémoires et rupture ; l’homme
raconte sa joie son infortune, Dieu l’écoute
Dieu l’aime et n’ a pas de solution ; Il éclaire.