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EAN : 9782825141649
173 pages
L'Age d'Homme (16/02/2012)
2.9/5   5 notes
Résumé :


Étrange personnage que cet Howard Phillips Lovecraft, qui longtemps après sa mort s'insinue toujours autant dans nos esprits d'humains de l'époque techno-marchande. Serait-ce parce que l'homme de Providence a pressenti ce qui nous arriverait : la société des masses, l'effacement des identités européennes sous les coups de boutoir de la mondialisation, la fin de la culture et la grande solitude de l'individualisme ?

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
H.P. Lovecraft, le Dieu Silencieux, Didier Hendrickx (l'Age d'Homme, 2012). Un petit ouvrage écrit par un passionné, qui, en introduction, regrette l'âge d'or du fantastique et déplore les formes prises aujourd'hui par ce type de littérature. Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère ! « … songeons à la pléthore de cycles interchangeables dans le domaine de l'Héroic Fantasy… », « … des écrivaillons à la mode trafiquent les mythologies d'antan… », « il semble même que nos abîmes intérieurs soient cotés en bourse » …
L'ouvrage est agréable car la démonstration colle de très près aux écrits de Lovecraft : le repli sur soi et sur un XVIIIème siècle idylique, gâché par la démocratie, le parlementarisme et l'immigration. Un racisme « de son temps », mais qui prend parfois des couleurs hallucinantes lorsqu'il est question de métissage et donc de décadence. Un régionalisme « cosmique », sur fond d'un éternel retour qui ramènera toujours l'anti-héros à son point de départ, Providence. Une cosmologie structurée qui n'a rien à faire de l'homme, mais qui a besoin de ce dernier pour « réveiller » les Grands Anciens.

Les êtres de cette autre race qui se livraient, des millions d'années dans le passé, les luttes titanesques pour la conquête du pouvoir sur notre planète, sont désignés sous l'appellation de Grands Anciens ou Anciens. Les principaux représentants en sont : Azatoth, présenté comme le dieu aveugle et idiot, Yog-Sothoth qui n'est pas soumis aux lois du temps et de l'espace, Nyarlathotep, le messager des Grands Anciens, Hastur, l'Indicible, Shub-Niggurath, divinité de la fertilité. A un rang inférieur, on trouve Hypnos, Dagon ou encore Yig, le dieu serpent. Mais la figure centrale est Cthulhu dont il est dit qu'il vit dans la cité engloutie de R'lyeh et qui donnera son nom au mythe. Lassés par les guerres interminables de ces puissances du mal, les Dieux très Anciens qui incarnent le bien et ne sont jamais nommés à l'exception de Nodens, bannissent les Anciens. Depuis lors, ces derniers tentent avec l'aide de races qu'ils ont engendré ou d'humains qui leur vouent un cultre fanatique de reconquérir leur emprise sur cet univers. On peut retrouver dans cette configuration la dichotomie traditionnelle entre forces du bien et entités démoniaques, qui est une constante principalement dans les monothéismes issus du Proche-Orient. En apparence, le mythe élaboré par Lovecraft est animé d'une tension entre les deux puissances. Mais on est en droit d'y débusquer également la texture complexe d'anciennes mythologies indo européennes où des divinités de troisième fonction affrontent celles des première et deuxième fonctions, combats qui aboutissent à une paix dans l'ordre cosmique. Cet ensemble de légendes s'appuie vraisemblablement sur des faits historiques que seule la langue du Mythe a conservés. Les Grands Anciens voient leur fureur maîtrisée au bout de millions d'années par les Autres Dieux qu'ils emprisonnent dans des cités englouties ou au-delà des étoiles. Lovecraft a fait voler en éclat les frontières terrestres et la scène est devenue cosmique, mais les Dieux très Anciens ou Autres Dieux apparaissent comme des entités sages qui veillent à la préservation d'un ordre cosmique si tant est que la notion de sagesse ait un sens dans l'univers de Cthulhu – tandis que les Grands Anciens relèvent plutôt du domaine de la guerre et de la Terre sauvage.

Cette (longue) citation est assez discutable, dans la mesure où elle sous-entend un conflit entre le bien et le mal qui ne me semble pas pertinent dans « la philosophie » de Lovecraft. Et c'est peut-être là où pèche l'analyse. le côté matérialiste est certes bien mis en lumière, malgré les faiblesses de l'auteur pour les grandes religions comme le catholicisme : tout est faux, mais cette doctrine a été un exceptionnel vecteur de développement « civilisationnel » et un solide outil de cohésion sociale. En revanche n'est pas pointée l'extraordinaire contradiction de l'auteur qui va plonger dès son plus jeune âge dans le décorum de l'occultisme alors qu'il pourfend par ailleurs « le cancer de la superstition ».

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Il y a longtemps, j'ai lu une nouvelle de Lovecraft dont j'ai oublié le titre: l'histoire d'un être ignoble, ignorant de son apparence atroce et vivant dans un château affreux, en ruine et perdu dans les profondeurs de la terre. Et, un jour, cette "chose" parvient à s'extraire de ces profondeurs putrides, rejoint la surface et le monde des hommes où elle fait irruption au beau milieu d'un bal aristocratique, semant, sans en comprendre le motif, chaos et panique dans l'assemblée qui découvre, horrifiée, son aspect abominable… J'en avais pensé que, à l'instar du résumé succinct que je viens de faire, l'écriture de Lovecraft consistait uniquement à aligner le plus possible de superlatifs de l'horrible, du morbide et du mortifère. Je ne suis pas un lecteur de ce genre de fantastique, pas du tout, et j'en étais resté là. Mais, récemment, je suis tombé chez un bouquiniste sur le livre de Didier Hendrickx, je l'ai feuilleté et il m'a intéressé ! Ce qui a retenu mon attention, c'était de découvrir que les textes de Lovecraft, loin d'être de simples artéfacts de langage comme je le croyais (et un peu vite, je le reconnais), expriment en fait un univers qui est né d'un rapport au monde torturé, pétri d'obsessions lugubres : rien à voir, donc, avec un « truc » littéraire facile. Or les obsessions sont les sources mêmes de l'inspiration et de la création, des Muses, et c'est ce qui me donne maintenant envie de retourner vers Lovecraft : qu'a-t-il fait de ses propres abîmes, comment les a-t-il déposés dans ses livres et est-il parvenu à les transcender par l'écriture pour sortir de son cas particulier et "faire littérature" (pour moi, il n'existe pas de "paralittérature") ?

La lecture ultérieure de l'essai de Didier Hendrickx qui se penche sur la personnalité étrange de Lovecraft n'a fait qu'accroître mon intérêt pour l'écrivain américain : passionné, documenté, bien construit, bien écrit, clair, intelligent, etc. Pour son auteur et en ce qui me concerne : mission accomplie !
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critiques presse (1)
LeSpectacleduMonde
16 avril 2012
L’essai de Didier Hendrickx, fin connaisseur de cet univers parallèle, analyse avec une étrange empathie cette oeuvre qui a pour particularité d’avoir été continuée après la mort de son fondateur.
Lire la critique sur le site : LeSpectacleduMonde

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