《 Quoi qu'il arrive, ce serait trop tard. 》
Loin de moi l'idée de me vanter, ou même de prétendre avoir le "nez creux" à propos d'auteurs auto-édités, pourtant ces derniers temps je suis tombée sur pas mal de petites perles et pépites (grâce notamment à quelques groupes de lecture sur Facebook), et
Régis de
James Osmont ne fait bien entendu pas exception.
Au contraire, c'est un véritable coup de coeur pour un récit noir et profondément humain.
Une sale histoire...
« Vingt ans qu'il vivait au bord de ce gouffre. »
Un livre qui sonne terriblement vrai, et qui ne peut laisser indifférent, ce quoi qu'on en pense au final.
Le style de l'auteur est indéniablement original et m'a personnellement beaucoup plu. L'écriture est captivante.
L'ambiance anxiogène et glauque nous étreint dès les toutes premières pages sous une plume dure et poétique à la fois, fluide et dynamique, simplement magnétisante.
Savamment distillés tout au long de l'ouvrage, des extraits de chansons issues de la scène underground, viendront vous offrir une meilleure compréhension de la folie de notre héros.
La bande son du bouquin est juste fabuleuse, je vous la recommande vivement en accompagnement à cette lecture. L'atmosphère ainsi créée saura vous transporter au-delà de l'extraordinaire et de l'impensable, si vous osez franchir le pas car vous n'en sortirez pas totalement indemne.
La possibilité des faits a cela de plus sur une simple fiction, qu'elle nous marque de manière indélébile.
Nombre de citations émaillent également les lignes du texte avec une extrême justesse.
De quoi ça parle en fait...
D'un pauvre hére à l'âme cabossée, stigmatisée par une vie dure et violente - des parents qui n'ont de "parents" que le nom, un viol alors qu'il est encore un adolescent fragile et perturbé... - et un pétage de plombs funeste, mais bien compréhensible, qui changera à jamais la vie de
Régis. Vie qu'il passera presqu'entièrement en établissement psychiatrique, jusqu'au jour où...
《 Si c'était ça l'autre côté du miroir, autant le faire voler en éclats... 》
Mon ressenti...
J'ai adoré suivre
Régis au fil de ses pérégrinations psychiques, et musicales.
J'ai aimé cet être hors norme, j'ai parfois souri, j'ai souvent eu la larme à l'oeil. J'ai souffert avec lui, haï sa Némésis et je suis sortie de cette lecture irrémédiablement bouleversée.
Je remarque sur d'autres critiques que les interludes sillonnant le récit n'ont pas toujours été appréciés à leur juste valeur. D'après moi, ils sont indispensables, car intrinsèquement lié à la psyché de
Régis, et si on y prend suffisamment garde, on s'aperçoit très rapidement de leur absolue nécessité et de l'intimité supplémentaire qu'ils font naître entre
Régis et nous.
"Il conservait dans son petit objet en plastique des dizaines d'albums, des centaines de chansons, toujours et uniquement savourées en mode aléatoire. (...) Mine de rien, les textes et les assauts hurlants reflètaient bien souvent son état d'esprit du moment."
Régis est un personnage véritablement hors du commun, un schizophrène psychotique coupable d'un crime atroce certes, mais tellement sensible et humain avant tout, que l'on a d'autres choix que de s'attacher viscéralement à cette créature en souffrance. Ce sera d'ailleurs le principal soucis de
Sandrine, son infirmière dévouée - et pas si blasée que ça...
N.B. :《
Sandrine》est également le titre du prochain roman de l'écrivain, et la suite logique des sombres mésaventures de ce patient décidemment pas comme les autres.
"Les gens tristes sont toxiques. Leur coeur saigne, leur morve coule ; ils geignent, se répandent en larmes de regret... Et on a naturellement tendance à fuir ce qui est contagieux."
James Osmont nous invite donc à sonder l'âme humaine jusqu'à ses tréfonds abyssaux, au travers de protagonistes haut en couleur tel
Régis (et
Sandrine évidement), mais pas uniquement... Amine son ami de toujours ; Prédateur, personnage mystérieux ; l'Étudiante obsédante et l'insensible Dr D'Arc font aussi partie de cette ronde angoissante.
"... La culpabilité est parfois la pire des vanités. C'est la prétention de croire qu'on aurait pu faire mieux, du moins autrement...
Régis avait simplement fait comme il avait pu, avec ses moyens et sa lucidité tronqués. Comme tout réflexe, celui de survie était irréfléchi."
Mais encore...
La couverture, particulière et réellement suffocante, voire dérangeante et malgré cela, irrésistiblement prégnante, terriblement belle... à l'image de ce thriller psychologique, et l'osmose entre cette dernière, l'histoire et les paroles des chansons est parfaite.
« Et si ça revenait ?...»
Pour finir :
Qui dit coup de coeur dit 5 étoiles bien sûr !
Plus d'infos :
https://www.facebook.com/jamesosmont?fref=ts&__nodl
« Désormais, ils se tairont. »