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« On se demande qui sont les sauvages et qui sont les hommes ! »

Avec son sens de l'à-propos, mon moussaillon de douze ans résume parfaitement les choses. La véritable sauvagerie, c'est l'exhibition d'humains présentés comme des primitifs afin d'assouvir la soif de sensationnalisme, d'engranger des sommes folles et par la même occasion de légitimer la politique colonialiste.

Annelise Heurtier contribue à raviver la mémoire d'un phénomène historique terrible, mais longtemps refoulé. Sa plume vive et acérée nous transporte en 1931. À Paris germe l'idée redoutable d'exposer une troupe de « Kanaks » en marge de l'exposition coloniale. Attiré par la perspective de voir du pays et la promesse de pouvoir présenter sa culture, Edou quitte la Nouvelle-Calédonie et embarque à bord du navire pour la France. le groupe déchante rapidement lorsqu'il se retrouve installé dans un enclos affublé d'une pancarte : « CANNIBALES ».

Edou est un beau personnage dont on partage les rêves et la curiosité, l'amour de sa mère, la désorientation, la peur, la révolte – bref, l'humanité. Une humanité qui nous renvoie à la sauvagerie des faits dont le roman reste très proche, soulignée par de saisissants documents d'époque insérés au fil des page. L'alternance de points de vue révèle aussi le cynisme méprisant des tenanciers de zoos humains et la curiosité malsaine des visiteurs (plus d'un milliard et demi entre 1810 et 1940 tout de même, nous dit l'historien Pascal Blanchard en post-face). N'ayant pas du tout pris la mesure de l'ampleur du phénomène avant de lire ce roman, j'en suis restée sonnée.

Avec ces émotions fortes, je ne vous ai même pas parlé de Victor ! Et bien, je n'en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de le rencontrer par vous-même.

Si les romans d'Annelise Heurtier sont si inspirants, c'est qu'ils évoquent toujours le courage infini de ceux qui osent ouvrir les yeux et s'exposer en première ligne pour repousser les obscurantismes et conquérir de nouveaux droits.

Un roman qui se dévore : dans la droite lignée de Sweet Sixteen, à la fois solidement documenté, éclairant et émouvant.
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1931, Nouvelle-Calédonie. Edou, jeune kanak, ne rêve que d'une chose : quitter la réserve, quitter son île, pour aller découvrir la France, ce pays dont il entend si souvent parler et qui le fait tant rêver. Alors lorsqu'un homme leur annonce qu'une partie d'entre eux partira en métropole pour présenter leur culture à l'Exposition coloniale et qu'ils pourront ainsi découvrir Paris, Edou n'hésite pas. Il prend la place d'un ami plus timoré et embarque à bord du paquebot qui le mènera en France.
Mais une fois arrivé sur place, la désillusion est vive.

Annelise Heurtier revient ici sur un fait historique qui fit scandale à son époque. L'exhibition de 111 Kanaks au Jardin d'Acclimatation, à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale. Bref au zoo, en face des crocodiles. Pourquoi là-bas et pas au Bois de Vincennes où se tenait la célèbre exposition ? Tout simplement parce que le gouvernement français ne veut plus être associé aux « zoos humains ». Ces exhibitions sensationnelles « d'indigènes » ne sont effectivement pas en adéquation avec la mission d éducation menée dans les colonies.
Alors lorsque s'ouvre l'exposition coloniale internationale au Bois de Vincennes, la FFAC, Fédération française des Anciens coloniaux qui a besoin de renflouer ses caisses, n'a pas d'autre choix que d'installer au jardin d'Acclimatation ces hommes et ces femmes qui vont être présentés comme d'horribles cannibales et devoir se plier à une mise en scène odieuse. Une partie d'entre eux ira même en Allemagne poursuivre la « tournée ». Cette exploitation honteuse des kanaks provoquera la fureur des membres de la Ligue pour la Défense des droits de l'Homme, des communistes ou encore des membres des organisations chrétiennes.
Ce qui est assez drôle est de découvrir que les kanaks sont totalement assimilés: ils parlent et lisent la langue française, ils sont de fervents chrétiens, ... La mission d'éducation de la politique coloniale a en quelque sorte réussi puisque certains ne connaissent plus de chants coutumiers. Et là, à Paris, on veut les faire passer pour de réels sauvages qu'ils n'ont jamais été...

Comme à son habitude, Annelise Heurtier s'est beaucoup documentée et relate en majeure partie des faits véridiques dans cette fiction destinée aux adolescents. le style est très fluide, l'histoire se lit très bien et est très intéressante. Je regrette un peu que les personnages ne soient pas assez creusés et qu'ils ne soient là que pour servir L Histoire justement.

Un bon roman historique de littérature ado qui lève le voile sur un épisode peu reluisant de l'histoire coloniale française. Encore une fois.
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Annelise Heurtier est une prolifique autrice de romans pour la jeunesse. Certains s'inspirent d'événements historiques et parviennent avec efficacité à familiariser les jeunes lecteurs avec une période ou des faits dont ils ignorent tout, qu'il s'agisse de l'ouverture des établissements scolaires aux enfants noirs aux États-Unis dans « Sweet sixteen », ou du carcan qui pesait sur les jeunes filles désireuses de pratiquer un sport dans les années 1960 dans « La fille d'avril ». Avec « Des sauvages et des hommes », l'autrice s'inspire à nouveau d'un fait réel : celui de l'exposition en 1931 d'un groupe de Kanak présentés comme des cannibales et exhibés dans la capitale française comme de véritables animaux exotiques. C'est dans ces circonstances que l'on fait la rencontre entre les deux protagonistes de ce récit : Edou, un jeune Kanak qui rêvait de quitter la Nouvelle-Calédonie et l'oppressante main mise française et qui découvre avec effarement la manière dont on les traite et les présente au public ; et Victor, jeune parisien originaire d'une famille bourgeoise qui, bien que non politisé et très peu informé de la politique menée par la France en Nouvelle-Calédonie, va se questionner et s'émouvoir du sort d'Edou auquel il s'identifie rapidement malgré leurs différences.

L'histoire accorde évidemment une large part à la fiction, mais le contexte historique est malgré tout reconstitué avec soin. L'occasion d'en apprendre plus sur la politique coloniale française au début du XXe, de rappeler les dégâts qu'elle a provoqué, les souffrances qu'elle a pu engendré, et surtout les clichés racistes qu'elle a fait naître, dont certains continuent aujourd'hui encore de perdurer. le sujet pourrait certes paraître un peu plombant, voir trop complexe pour un jeune lectorat, heureusement la plume particulièrement fluide d'Annelise Heurtier permet de se plonger dans l'histoire et de suivre son déroulement sans trop de difficulté. On s'attache rapidement aux deux personnages qui, par leurs origines et leurs parcours très différents, nous permettent de mieux cerner le cadre dans lequel se déroule le récit. La société française telle que dépeinte ici est ainsi fortement empreinte de racisme, ces « zoos humains » servant le discours en vogue à l'époque concernant l'existence de races, dont certaines seraient inférieures à d'autres. le roman est d'ailleurs agrémenté de plusieurs articles de presse ou affiches de l'époque qui attestent de la violence du racisme engendré par la politique coloniale française, ce qu'explique d'ailleurs très bien l'historien Pascal Blanchard dans une postface instructive.

« Des sauvages et des hommes » est un bon roman jeunesse qui permettra de sensibiliser de jeunes lecteurs à la « mode » des zoos humains et aux ravages de la colonisation. Fluide et bien rythmé, le récit ne pose pas de problèmes de compréhension particuliers et devrait pouvoir être lu dès la 4e.
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1931 Edou part pour la France pour représenter, avec une centaine d'autres hommes et femmes de son peuple, le peuple des Kanacs.

Le voyage est déjà une aventure pour ces insulaires attachés à leur terre. Mais dès leur arrivée à Paris, ils vont se retrouver enfermé dans une cage à assurer de multiples spectacles de sauvages.

En effet, si le gouvernement a pris ses distances avec ce genre de spectacle, des sociétés privées souhaitent à tout prix poursuivre ces événements très lucratifs.

Pourtant, l'image d'un peuple anthropophage et cruel est très éloigné de la réalité d'alors. Évangélisés et colonisés, ils portent des prénoms occidentaux et portent des vêtements. C'est néanmoins bien leur asservissement qui permet ce recrutement et ces mises en scène.

Lasse de tenter de se révolter, sans moyens pour sortir de leur enclos, ils vont recevoir le soutien d'anciens coloniaux et de Victor, un jeune bourgeois qui va découvrir qu'Edou sait lire et leur faire visiter Paris, le temps d'une nuit.

Ce récit fait donc le point sur la société française et ses relations avec ses colonies à cette époque. En fin d'ouvrage, Pascal Blanchard nous apporte des informations historiques. Un roman captivant et instructif.
Lien : https://www.nouveautes-jeune..
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre d'Annelise Heurtier. Pourtant j'adore son écriture, elle parvient toujours à m'entraîner dans l'espace ou le temps selon le sujet qu'elle a choisi.

Ici, tout commence en Nouvelle Calédonie, en 1931. Niveau dépaysement on est pas mal ! L'auteure se saisit de la thématique des fameux "zoo humains" très populaire dans les pays colonisateurs. On retrouve l'alternance du points de vue de deux jeunes hommes : Edou, venu d'Océanie pour découvrir le Paris de son livre d'histoire (qui présente probablement la capitale sur le mode de "nos ancêtres les Gaulois") et Victor, parisien destiné par sa père à la reprise de l'affaire familiale. Je me suis interrogée sur la faible présence de personnages féminins, mais étant donné le contexte historique et la condition de la femme à l'époque cela n'aurait pas été crédible.

Le procédé de l'alternance des points de vue montre bien l'envers du décor de ces expositions et la mise en scène de "sauvages" alors que les peuples colonisés étaient instruits. Ce roman est d'ailleurs très bien documenté, sans que les informations soient écrasantes. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Edou. Vif et curieux, on s'y attache très facilement. On comprend aussi grâce à Victor la curiosité des habitants de métropole pour ces hommes et ces femmes venus d'ailleurs, aux coutumes si étranges (et pour cause, puisque des spectacles étaient mis en scène !).
Ce roman m'a beaucoup plu. Encore une très belle réussite d'Annelise Heurtier !
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En 1930, Georges Bartholomoy et Maurice Séguin de la Fédération française des anciens coloniaux, ont l'idée de présenter des Kanaks lors de l'exposition coloniale de 1931 à Paris. Ils dépêchent en Nouvelle-Calédonie, Jean Pourrot, chargé de sélectionner les participants en lien avec le service des indigènes afin de sélectionner des femmes et des hommes en bonne santé et surtout dociles. Henri est choisi par le chef de son village mais il ne veut pas partir en France et son ami Edou invente un stratagème pour le remplacer au moment de l'embarquement sur le paquebot, Ville de Verdun. Edou retrouve sur le paquebot les compagnons de son village, Germain, Elisée et Germain. Après un débarquement à Marseille, ils arrivent à Paris où ils sont parqués dans un enclos du jardin d'acclimatation à côté des crocodiles et ils sont présentés au public parisien comme les derniers cannibales, ils doivent jouer des scènes afin que le public parisien frémisse ! Non loin de là, Victor Noblecourt est le fils d'une famille de drapiers qui s'est énormément enrichie pendant la première guerre mondiale. Il est étudiant en droit et en économie et ses soeurs veulent visiter l'exposition coloniale puis voir les cannibales au jardin d'acclimatation : lors de la visite, Victor rencontre Edou…


Annelise Heurtier a commencé à publier des romans pour la jeunesse en 2007 au Rouergue avec Sidonie Quenouille et publié depuis lors une quarantaine de romans, Ma grand-mère a un amoureux ! en 2008, Tu seras pirate, mon fils ! puis Les étranges disparitions en 2009, le grand concours des sorcières en 2010. Nous commençons à la connaître en 2011 avec le carnet rouge sur les secrets de famille et la découverte des origines d'une jeune héroïne, en 2012, La fille aux cheveux d'encre, Bertille au chocolat, Mon livre pour épater les grands, Olaf : le géant mélomane nous laissent moins de souvenirs avant la publication en 2013 de Sweet sixteen sur la ségrégation aux Etats-Unis d'Amérique qui reçoit un succès critique élogieux et permet à Annelise Heurtier d'être mieux connue et reconnue. Elle enchaîne alors les succès avec la série Charly Tempête et des romans pour adolescents comme Là où naissent les nuages en 2014 - sur le thème de l'obésité, Refuges en 2015 - sur le thème de l'accueil des migrants, le complexe du papillon en 2016 - sur le thème de l'anorexie, Envole-moi en 2018 - sur le thème du handicap, La fille d'avril en 2018 - sur mai 1968, Chère Fubuki Katana en 2019 - sur le thème du harcèlement.


Annelise Heurtier poursuit son travail de documentation pour aborder des sujets historiques qu'elle vulgarise dans des romans pour la jeunesse. Dans Des sauvages et des hommes, elle décrit l'organisation d'un zoo humain lors de l'exposition coloniale en 1931. Elle choisit comme dans Sweet Sixteen d'alterner les deux points de vue, ici, celui d'un jeune Kanak, Edou, parqué dans un enclos au jardin d'acclimatation et celui d'un jeune étudiant bourgeois parisien, Victor. Ces points de vue lui permettent de retranscrire à la fois l'expérience terrible du jeune Kanak et de montrer les attentes et les réactions de la société française à Paris. Annelise Heurtier partage dans ce roman de nombreux documents historiques retranscrits au fil de l'intrigue. Une postface de l'historien Pascal Blanchard permet de connaître l'histoire de ces zoos humains de 1810 à 1940 après des dizaines d'années d'occultation de cette pratique dans la mémoire collective jusqu'à l'organisation d'expositions et la publication d'ouvrages historiques sur le sujet tout récemment.
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Début 1931. Pour renflouer les caisses de la fédération française des anciens coloniaux, il est décidé qu'une centaine de « Canaques » issus de différentes tribus de Nouvelle-Calédonie, seraient recrutés (plus ou moins de force…) et envoyés à Paris, en parallèle de l'Exposition coloniale mais dans un lieu éloigné, au Jardin d'acclimatation, à côté du parc aux crocodiles. Des spectacles de danse mettraient ainsi en scène, les Kanaks tels que les Français sont censés désirer les voir, c'est-à-dire les cannibales que certains avaient pu être avant la colonisation 80 ans avant. Parmi cette centaine de Kanaks,, le jeune Edou (diminutif d'Édouard) a pris la place de son ami Henri, effrayé par l'idée de quitter la Nouvelle-Calédonie. Après une traversée en bateau assez épouvantable, les 100 Kanaks, découvrent la France, puis Paris. Mais, sur place, ils sont quasiment en prison, interdits de sortie du jardin d'acclimatation. Avec quelque aide d'anciens coloniaux, effrayés par le rôle qu'on cherche à leur faire porter, ils parviennent à améliorer leurs conditions de vie, même s'ils doivent tout de même singer le cannibalisme pendant leurs spectacles. En parallèle, un jeune fils d'industriel aisé, Victor, un peu transparent dans la vie sociale, et qui a visité par hasard le jardin d'acclimatation, va être à l'origine d'un évènement considérable…
Évidemment, des romans ont déjà été écrits pour parler d'exposition coloniale et du traitement particulièrement intolérable fait au Kanaks en 1931 : on pense évidemment à « cannibales » de Didier Daeninckx. Mais ce roman s'adresse à des adolescents de collège, de 6e:/5e même, et il donne beaucoup d'informations, que même un adulte trouvera intérêt à apprendre. Il est inspiré de faits réels, et les personnages principaux sont très bien dessinés. Un très bon roman donc.
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Paris, 1931. On prépare la nouvelle exposition coloniale, avec le projet d'y présenter une troupe de Kanaks. Lorsque des membres de sa tribu sont choisis par les recruteurs, Edou décide de profiter de l'occasion pour découvrir la France et présenter sa culture. Il déchante vite lorsqu'il découvre les conditions dans lesquelles son groupe va être présenté, avec un panneau indiquant « cannibales », l'obligation de jouer les sauvages devant un public mi-ravi mi-effrayé, et l'interdiction de sortir du Jardin d'acclimatation pour visiter Paris. En parallèle, Victor, un jeune Parisien d'origine bourgeoise, s'émeut du traitement infligé à ceux qui sont parqués dans un véritable zoo humain.

Basé sur des faits réels, et amplement documenté, ce roman montre les dégâts provoqués par la politique coloniale française et le racisme en vogue à l'époque. Les malheureux, qui croyaient découvrir la Métropole, se voient contraints de se grimer et de se comporter comme des barbares, en totale contradiction avec leur mode de vie. A noter que le gouvernement avait laissé carte blanche aux organisateurs puisqu'il s'agissait d'une entreprise privée donc le but était, on s'en doute, bien loin de toute préoccupation humaniste et surfait sur la condescendance accordée à l'homme noir et la curiosité malsaine des visiteurs de l'Exposition. Ce qui est ensuite devenu un scandale a inspiré d'autres auteurs, dont Didier Daeninckx avec "cannibales". Annelise Heurtier a fait le choix de faire découvrir cet événement peu glorieux par le prisme de deux personnages attachants, Edou le jeune homme avide d'aventures, à l'esprit vif et curieux, et Victor le jeune homme de bonne famille qui n'a aucune envie de reprendre les rênes de l'entreprise paternelle et se découvre une toute autre vocation. Son roman bien rythmé, écrit d'une plume élégante, rend très agréablement et efficacement accessible cette portion de l'histoire à de jeunes lecteurs.
Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Je remercie les éditions Casterman de m'avoir fait parvenir ce titre.
Le récit se situe dans les années 30, au moment de l'Exposition Universelle. Une association défendant le mouvement colonial "recrute" des sauvages de Nouvelle-Calédonie afin de créer l'événement autour des cannibales, ce que les indigènes ne sont pas, bien sûr!
Ce récit est très intéressant d'un point de vue culturel et historique. Il fait bien passer le message selon lequel il est important de rencontrer et découvrir plutôt que de se laisser prendre au jeu de la mise en scène et des a priori...
En revanche, j'ai trouvé tout une partie trop longue, trop lente. Cela me semble être le reflet de la lenteur d'évolution des esprits face aux Kanaks, la lenteur de réaction des français mais je ne trouve pas cela assez bien adapté pour le public visé. J'ai demandé et lu ce service presse en vue d'une étude en classe mais je vais finalement garder ce titre pour le proposer en lecture cursive et non en étude d'oeuvre en classe.
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Exposition Coloniale 1931 à Paris.
Tout juste recruté dans son pays natal, en Nouvelle-Calédonie, Edou est fière de partir pour la France afin de promouvoir sa culture auprès des parisiens.
Mais une fois sur place, les choses ne se passent pas comme prévu. Présentés comme des cannibales, traités comme des animaux et affublés de jupes en pailles et autres talismans et amulettes à l'allure ridicule, Edou et ses paires sont forcés de jouer le rôle de sauvages qu'ils ne sont pas.
Une histoire inspiré de faits réels, aussi bouleversantes qu'enrichissante.

Ayant déjà lu plusieurs livres d'Annelise Heurtier, j'avais hâte de retrouver sa plume. Et dès les premières pages, j'ai retrouvé tous ce que j'aimais dans ses romans, à commencer par les recherches. Traitant de faits/époques historiques, ses livres sont toujours précédés de longues recherches sur le sujet qu'elle va abordé, et ça se ressent !
En plus de passer un bon moment de lecture, on en apprend plus sur un sujet qui a marqué l'histoire. Ici, on plonge tête la première dans l'exposition coloniale et le racisme dans toute sa splendeur avec l'exhibition d'homme dans un enclos, à côté des crocodiles.

Faisant intervenir plusieurs voix, le livre reproduit de manière crédible les différents discours qui pouvaient être tenu à l'époque. Par ignorance ou par racisme, on passe du recruteur de « Canaques » à Edou, en faisant un détour par l'étudiant français ignorant et le couple scandalisé. de cette manière, l'autrice montre que tout le monde n'avait pas la même réaction face à cet enfermement. Si certains n'ose pas approcher les « sauvages », d'autres voient clair dans le jeu des organisateurs et n'hésitent pas à venir en aide aux émigrés.

Complet, le roman nous entraine dès le début de l'idée de l'exposition puis se poursuis avec le recrutement, le voyage allé et l'enfermement. de cette façon, le lecteur peut parfaitement comprendre les mécanisme mit en place pour monter une telle exposition. Des détails du contrat aux réelles intentions des organisateurs, le lecteur à accès aux « coulisses » pour mieux se rendre compte du processus complet.

Enrichis d'articles de presse (réels pour certains), de contrats, de lettres et autres, le roman est entrecoupé et ne se présente pas comme un long texte continu.

A la fin du roman, on retrouve d'ailleurs une postface de Pascal Blanchard, historien, qui revient en quelques pages sur les faits et conditions réelles de cette exhibition. Une manière d'approfondir encore plus le sujet et de piocher dans les nombreuses références de cet historien/chercheur pour aller encore plus loin.

En conclusion, des Sauvages et des Hommes est le roman parfait pour introduire le sujet des zoos humains et d'une partie des innombrables horreurs réalisées par la colonisation.
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