C'est la rentrée en troisième pour
Mathilde Fournier, adolescente périgourdine qui vit avec ses parents (taiseux) dans la ferme familiale (ses parents font dans le confit et le foie gras). Elle vient de perdre sa grand-mère Ama, personnage fantasque, de qui elle était très proche, d'un cancer du sein à 56 ans. Mathilde a deux grandes passions dans la vie : passer du temps avec sa copine Louison et courir (elle fait partie d'un club d'athlétisme). Elle a l'air plutôt à l'aise dans ses baskets, Mathilde. Et elle aimerait beaucoup ne pas avoir l'air d'un boudin dans cette magnifique robe qui lui évoque sa grand-mère au mariage de la soeur de Louison dans quelques mois. D'autant plus que Jim, du club d'athlétisme, sera là… Alors Mathilde décide d'entamer un petit régime. Se retrouver sur des blogs de filles anorexiques. S'intéresser au thigh gap (l'écart que vous avez entre les cuisses, pieds serrés). Plus il est important, plus vous êtes censés avoir une silhouette élégante … Popularisé par des mannequins comme
Cara Delevingne, j'ignorais jusqu'à l'existence de cette “mode”. Insidieusement, au fur et à mesure, elle va se mettre à compter toute les calories ingurgitées, s'interdisant tout ou presque, se renfermant, devenant maussade, voire carrément odieuse. Tout son corps souffre, elle tombe malade, ses performances en course deviennent calamiteuses, mais elle s'obstine, elle s'entête, se raconte des histoires. Elle voit que les autres s'inquiètent pour elle (sa mère, Louison), elle voudrait dire certaines choses mais ce sont d'autres mots qui sortent de sa bouche.
Ce petit livre m'a énormément touché. J'avais déjà beaucoup aimé
Sweet Sixteen. le personnage de Mathilde sonne juste. L'écriture est simple, mais terriblement efficace, poétique à certains moments. Rien que dans le titre pour commencer… Mathilde se voit comme une vilaine chenille qui voudrait éclore et se transformer en un magnifique papillon (jolie couverture aussi, au passage, pleine de poésie également).
Si le sujet n'est pas nouveau (j'ai en tête le dernier en date que j'ai lu sur l'anorexie, Jour de faim de Delphine de Vigan), ce roman est terriblement émouvant. Une belle réussite. Je retrouverai
Annelise Heurtier avec grand plaisir.