Quels drames entourent la tour où se succèdent des héritiers de la famille de baronet de R... le majorat présente un conflit silencieux où l'intérêt agite les fils de R pour un héritage qu'on dirait presque maudit .... à cote de ça, il y a une histoire d'amour la plus envoutante entrainant une imprudence à la fois à l'adultère et à la jalousie...
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Non pas un conte mais un roman, et fort romantique, où trouver charme, musique, à l'étrange domestiqué par ce conteur qui m'est cher.
Lisant la première partie, de l'arrivée au château du narrateur et de son sage grand-oncle « justicier » (en gros notaire) du baron qui n'y vient qu'une fois par an et n'est pas arrivé, l'étrangeté des lieux, deux nuits de presque terreur avec la présence d'un revenant, à la maladie de la baronne, au départ, à travers les pas dans la nuit, la ravissante baronne, la société de chasse et les crincrins du bal, les romances italiennes au piano, le sang du loup tué au couteau, au péril de la vie du sensible jeune-homme, j'étais dans un effroi délicieusement romantique.
La seconde partie, l'histoire terrible du majorat racontée par le grand-oncle, avec le retour au château de l'ancêtre du baron, à la mort de son père, est plus directement horrifiante, mais avec, toujours, un regard rétrospectif et distancié, comme un récit avec un petit sourire vaguement honteux.
Ce me fut régal.
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Pareilles à de sombres géants, nos ombres avançaient à nos côtés, et les images fantasques, qui couvraient les murs contre lesquels nous passions, avaient l’air de s’agiter et de trembler, et je croyais les entendre chuchoter d’une voix sourde au retentissement de notre marche : « Ne nous réveillez pas, ne nous réveillez pas, nous, peuple de magie, nous qui dormons sous ces vieilles pierres !
Hier, à minuit, comme j’étais assis là-haut dans le cabinet du vieux baron, à côté de la grand’salle, tu es entré dans cette salle tout pâle, les membres raidis, et, t’étant approché de la porte murée, tu grattais contre elle avec tes mains, en gémissant comme sous Hier, à minuit, comme j’étais assis là-haut dans le cabinet du vieux baron, à côté de la grand’salle, tu es entré dans cette salle tout pâle, les membres raidis, et, t’étant approché de la porte murée, tu grattais contre elle avec tes mains, en gémissant comme sous le poids d'une profonde douleur.
N’est-il pas probable que mon père avait résolu de détruire ce lieu témoin de ses opérations de sorcellerie, et qu’il avait su prendre certaines mesures pour que le dôme pût s’écrouler quand il le voudrait, de manière à démolir l’intérieur de la tour ? Mais que m’importe quand même tout le château devrait s’écrouler ? je n’y tiens pas. »
Bref ! votre musique et votre chant ont exalté outre mesure l’imagination de ma femme, et lorsque sur cette mer sans fond des pressentiments et des visions chimériques elle flotte à l’aventure sans
gouvernail et sans soutien, vous lui portez le dernier coup, par la relation d’une histoire de revenants qui vous est arrivée, dites-vous, là-haut, dans la salle d’audience.
Sans doute ! le vent de la mer avec ses sifflements aigus à travers les pins, les sourds aboiements des dogues, et les fanfares sonores des âpres cors de chasse devraient triompher ici des molles et langoureuses mélodies du clavecin, dont aucun homme ne devrait savoir toucher ; mais vous avez tenu opiniâtrement à martyriser ma femme, jusqu’au risque de la tuer !…
VLEEL 215 Rencontre littéraire autour d'E.T.A Hoffmann, Éditions du Typhon, Lecture Laurent Stocker